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L'UE clôt une longue année de crise, 2011 sera chargée

Le Premier ministre belge, Yves Leterme (à gauche), dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, aux côtés du président du Conseil européen Herman Van Rompuy (au centre) et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en conféren

Le Premier ministre belge, Yves Leterme (à gauche), dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, aux côtés du président du Conseil européen Herman Van Rompuy (au centre) et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en conféren - -

par Julien Toyer et Emmanuel Jarry BRUXELLES (Reuters) - Aide à la Grèce et à l'Irlande, création d'un fonds de stabilisation de la zone euro,...

par Julien Toyer et Emmanuel Jarry

BRUXELLES (Reuters) - Aide à la Grèce et à l'Irlande, création d'un fonds de stabilisation de la zone euro, achats de dette souveraine par la BCE, l'Union européenne a clos vendredi une année 2010 riche en décisions historiques face à la crise mais 2011 s'annonce déjà très chargée.

Lors du septième sommet européen de l'année - un record - les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se sont entendus pour pérenniser à partir de 2013 le Fonds européen de stabilité financière (FESF) créé en mai et doté de garanties des pays de la zone euro à hauteur de 440 milliards d'euros.

Ce nouveau mécanisme ne pourra être activé que "s'il était indispensable de sauvegarder la stabilité de l'euro dans son ensemble" et sous "de strictes conditionnalités". Mais une telle expression de solidarité était impensable il y a quelques mois.

Les dirigeants européens se sont également dit prêts à fournir un soutien financier "approprié" afin d'assurer la stabilité financière de la zone euro, une claire référence à une augmentation des capacités du FESF en cas de besoin.

Avec ces deux décisions, ils espèrent rassurer les marchés qui restent inquiets de la situation budgétaire de la Grèce, de l'Irlande, du Portugal et de l'Espagne.

L'agence de notation Moody's a dégradé vendredi la note souveraine de l'Irlande de Aa2 à Baa1 et a prévenu qu'une nouvelle baisse était possible si Dublin ne parvenait pas à stabiliser la situation de sa dette.

Mercredi, Moody's avait placé la note de l'Espagne sous surveillance avant un éventuel abaissement, citant des besoins élevés de financement et des doutes concernant le secteur bancaire et les finances publiques régionales.

LES E-BONDS ÉCARTÉS

En dépit des appels répétés du Fonds monétaire international, de la Commission européenne ou de certains Etats membres à une réponse plus systémique à la crise, les Vingt-Sept ont peu avancé jeudi et vendredi sur ce sujet.

De l'avis de plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, la question d'un relèvement des capacités du FESF ou de l'élargissement de ses missions n'a pas été discutée.

Quant à la possibilité de créer des obligations européennes, ou E-bonds, elle a été écartée jeudi soir au terme d'un dîner qualifié d'"animé" par plusieurs sources diplomatiques.

Le président de la Banque centrale Jean-Claude Trichet s'est prononcé en faveur de cette idée, soutenu par l'Italie et la Belgique, mais Angela Merkel n'a pas bougé d'un pouce. Selon les mêmes sources, la chancelière allemande a même reproché au Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker son offensive médiatique d'avant-sommet sur cette question.

A l'issue du sommet, la France et l'Espagne ont abondé dans le sens de Berlin et ont préféré insister sur la nécessité d'avancer à marche forcée vers une plus grande intégration économique et fiscale.

"Il y a une convergence budgétaire, il y a un pacte de stabilité, il y a des possibilités de sanctions pour les Etats qui ne respectent pas les engagements. Il faut sans doute maintenant aller plus loin", a déclaré le président Nicolas Sarkozy.

"Ça sera le travail des premières semaines du début d'année pour la mise en place du gouvernement économique de la zone euro et de la convergence des politiques économiques", a-t-il ajouté, insistant également sur la nécessité de réduire les écarts de compétitivité au sein de la zone euro.

ÉCHÉANCES

Les analystes ont cependant jugé que ces résultats étaient maigres face aux attentes suscitées par le sommet et plusieurs ont regretté une "occasion manquée" d'apporter des solutions de plus grande ampleur à la crise.

Dès janvier, la calendrier pourrait s'accélérer quand plusieurs pays de la zone euro, dont le Portugal et l'Espagne, devront retourner sur les marchés pour se refinancer.

Les réunions mensuelles de l'Eurogroupe et de l'Ecofin, prévues les 17 et 18 janvier, sont par ailleurs identifiées par de nombreux diplomates comment le moment auquel des décisions pourraient intervenir si la pression des investisseurs se fait sentir. Une source de haut rang au sein de la zone euro a indiqué qu'il s'agirait notamment de s'assurer que la crise ne se propage pas à l'Espagne.

Madrid a fixé au 28 janvier la date limite pour que le Parlement espagnol approuve la réforme des retraites et le président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a dit vendredi que d'ici là, les caisses d'épargne régionales auraient engagé un exercice de transparence sur leur exposition au risque immobilier.

Le mois de février sera quant à lui dominé par un sommet européen le 4 puis par le lancement de la seconde série de stress tests bancaires, sur lesquels les Vingt-Sept ne se sont toujours pas mis d'accord.

Dans le même temps, l'ensemble des détails du mécanisme permanent de gestion des crises devra être décidé afin d'être approuvé au sommet européen de mars, un processus qui pourrait être parasité par les élections régionales organisées en Allemagne et en Espagne au premier semestre.

Edité par Dominique Rodriguez