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L'UE adopte des sanctions supplémentaires contre l'Iran

Catherine Asthon, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. Les chefs de la diplomatie des Vingt-sept ont adopté de nouvelles mesures contre l'Iran,

Catherine Asthon, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. Les chefs de la diplomatie des Vingt-sept ont adopté de nouvelles mesures contre l'Iran, - -

par Luke Baker BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-sept ont approuvé lundi des mesures spécifiques contre l'Iran...

par Luke Baker

BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-sept ont approuvé lundi des mesures spécifiques contre l'Iran allant bien au-delà de la quatrième série de sanctions décidée en juin par l'Onu pour tenter de dissuader Téhéran de poursuivre ses activités nucléaires sensibles.

Ces mesures, visant notamment les investissements dans le secteur des hydrocarbures ainsi que les capacités de raffinage de l'Iran, complètent celles prises par Washington ce mois-ci pour durcir les sanctions du Conseil de sécurité de l'Onu, édulcorées à l'instigation de la Chine, important partenaire commercial du régime de Téhéran.

Les sanctions européennes, qui visent aussi des banques et compagnies d'assurances iraniennes, exercent "une pression accrue sur l'Iran afin qu'il engage des négociations sur l'ensemble de son programme nucléaire" - soupçonné d'avoir des finalités militaires -, a fait valoir le secrétaire au Foreign office, William Hague.

"J'espère que l'Iran retiendra de ce message que les pays européens sont ouverts à la négociation sur son programme nucléaire, mais, s'il ne répond pas, nous intensifierons la pression", a prévenu le chef de la diplomatie britannique, avant de s'asseoir avec ses homologues.

CARBURANT CHINOIS ET TURC POUR L'IRAN

L'Union a décidé de limiter les rapports avec la compagnie maritime d'Etat et les transporteurs aériens iraniens à partir de l'entrée en vigueur de ces nouvelles sanctions, à savoir mardi, lors de leur promulgation au Journal officiel de l'UE, qui contraindra les pays membres à les appliquer.

Le train de mesures européen est exposé dans un document "extrêmement détaillé qui énumère avec précision quelles entités iraniennes - banques, compagnies d'assurance, de navigation et de transport aérien - sont frappées", a confié un diplomate européen.

Le volet le plus handicapant des mesures est l'interdiction de nouveaux investissements et de toute assistance technique dans les secteurs du raffinage et de la liquéfaction du gaz naturel de l'Iran", les deux piliers de l'économie iranienne.

Cinquième producteur mondial de brut, l'Iran dépend à 40% des importations de carburant en raison de l'insuffisance de ses capacités de raffinage, et il est d'ores et déjà affecté par les nouvelles sanctions des Nations unies.

La compagnie d'assurance maritime Lloyd's, qui couvre de 15 à 20% du commerce mondial, a annoncé qu'elle n'assurerait ni ne réassurerait plus les livraisons de carburant pour l'Iran, qui compte donc sur certains de ses fournisseurs traditionnels.

Selon un document dont Reuters a pu prendre connaissance, les trois seules cargaisons reçues ce mois-ci provenaient de Turquie et de Chine. Une autre est attendue du Venezuela, autre allié, dont les produits pétroliers sont néanmoins plus coûteux en raison de l'éloignement géographique.

L'UE CIBLE LES SECTEURS FRAPPÉS

Les sanctions européennes sont suffisamment bien ciblées pour être efficaces si elles sont respectées, estime Mark Fitzpatrick, expert de l'Iran à l'Institut international d'études stratégiques. "Dans la plupart des secteurs ciblés, les Européens disposent de moyens de pression significatifs", note-t-il.

"Il n'y a pas tant de pays qui peuvent fournir la gamme de services financiers qui seront supprimés. Peu d'autres pays fournissent la technologie pour le gaz naturel liquéfié et personne d'autre ne fait de la réassurance. L'UE a sagement sélectionné des secteurs sur lesquels elle dispose de leviers véritables et où elle ne peut être supplantée."

En vertu de sa double approche du problème iranien, l'UE a dans le même temps exprimé l'espoir que les négociations avec la République islamique sur le dossier nucléaire, dans l'impasse depuis octobre 2009, pourraient reprendre dans les prochaines semaines.

Le chef des négociateurs iraniens, Saïd Jalili, et Catherine Ashton, représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, ont correspondu par écrit ces dernière semaines et, selon des sources diplomatiques, il est envisagé qu'ils se rencontrent après la fin du ramadan, début septembre.

Mais les experts des affaires iraniennes doutent que ce dialogue produise des résultats rapides et pensent que l'Iran, face à des interlocuteurs souhaitant toujours qu'il gèle ses activités d'enrichissement de l'uranium - ce qu'il refuse -, continue à se livrer à des manoeuvres dilatoires.

Marc Delteil pour le service français, édité par Gilles Trequesser