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L'Otan fait échouer un assaut kadhafiste dans l'Est

Insurgés libyens à l'entrée occidentale de la ville d'd'Ajdabiah. Des avions de l'Otan ont détruit dimanche des chars de l'armée libyenne aux abords de cette ville de l'est du pays, contribuant à briser une importante offensive des forces de Mouammar Kadh

Insurgés libyens à l'entrée occidentale de la ville d'd'Ajdabiah. Des avions de l'Otan ont détruit dimanche des chars de l'armée libyenne aux abords de cette ville de l'est du pays, contribuant à briser une importante offensive des forces de Mouammar Kadh - -

par Michael Georgy AJDABIAH, Libye (Reuters) - Des avions de l'Otan ont détruit dimanche des chars de l'armée libyenne aux abords d'Ajdabiah, dans...

par Michael Georgy

AJDABIAH, Libye (Reuters) - Des avions de l'Otan ont détruit dimanche des chars de l'armée libyenne aux abords d'Ajdabiah, dans l'est du pays, contribuant à briser une importante offensive des forces de Mouammar Kadhafi contre cette ville stratégique contrôlée par les rebelles.

L'Otan a dit avoir neutralisé onze chars à la périphérie d'Ajdabiah, que les combattants du guide libyen menaçaient de reprendre, et quatorze autres à Misrata, bastion rebelle assiégé depuis six semaines dans l'ouest du pays.

Kadhafi est apparu à Tripoli aux côtés d'une délégation de dirigeants africains qui doit aussi rencontrer des représentants de l'opposition libyenne dans leur fief de Benghazi.

Le gouvernement libyen avait auparavant présenté une nouvelle constitution censée constituer la "version libyenne de la démocratie".

A la sortie ouest d'Ajdabiah, un journaliste de Reuters a vu six carcasses de chars en flammes entourées de quinze corps calcinés en deux points situés à 300 mètres l'un de l'autre.

"C'est ce que l'Otan doit faire chaque jour pour nous aider. C'est notre seule chance de gagner cette guerre", a déclaré un rebelle de 25 ans, Tarek Obeidy, devant les cadavres.

LE VENT TOURNE À AJDABIAH

Les insurgés, qui se plaignaient d'une réaction trop timide de l'Otan face aux attaques du gouvernement, ont salué un engagement plus résolu de l'Alliance durant le week-end.

Les rebelles avaient auparavant paru perdre le contrôle d'Adjabiah sous les coups les plus durs de l'armée kadhafiste depuis au moins une semaine.

Au cours de cet assaut, qui avait débuté samedi, les forces régulières avaient progressé vers le centre d'Ajdabiah en contraignant les insurgés à se réfugier dans des ruelles pour échapper aux tirs d'artillerie lourde et de roquettes.

Les corps de quatre rebelles ont été découverts sur le bord d'une route. "Ils avaient la gorge tranchée et avaient tous été touchés par balles à la poitrine et abandonnés", a rapporté un insurgé, Mohammed Saah.

L'après-midi, les insurgés semblaient avoir repris le contrôle d'Ajdabiah, dont ils tenaient les intersections. Les tirs d'armes lourdes et légères avaient cessé.

Un rebelle du nom de Hazim Ahmed a montré à un journaliste de Reuters une grande flaque de sang dans une salle de classe d'une école où s'était réfugié selon lui un tireur algérien. Encerclé par des rebelles, l'homme se serait suicidé.

Dans la capitale, Kadhafi est apparu dimanche devant des médias étrangers avec la délégation de l'Union africaine dans sa caserne fortifiée de Bab al Azizia.

Vêtu d'un burnous et coiffé d'un turban, il est sorti d'une tente dans ce complexe où il reçoit ses invités et s'est tenu debout quelques instants à côté du président sud-africain Jacob Zuma et d'autres dirigeants de l'UA qui tentent une médiation.

Il est ensuite monté dans un véhicule utilitaire à toit ouvrant qui l'a conduit à quelques dizaines de mètres devant une foule de partisans auxquels il a adressé le "V" de la victoire.

LONGUE CAMPAGNE

La délégation, qui comprend aussi les présidents de la Mauritanie, du Congo, du Mali et de l'Ouganda, devait rencontrer les dirigeants insurgés à Benghazi après ses entretiens avec Kadhafi. Ce dernier s'était rendu samedi dans une école de Tripoli où l'avaient ovationné des enfants et des adultes.

Ces apparitions du guide libyen ont confirmé chez les observateurs l'impression que son clan a émergé d'une période de paralysie et se prépare à une longue campagne.

Les dirigeants occidentaux reconnaissent que leur puissance aérienne ne suffira pas à permettre aux rebelles de renverser Kadhafi, aussi insistent-ils aussi sur une solution politique.

Un porte-parole des rebelles a cependant rejeté tout règlement négocié de ce conflit, le plus sanglant de la série de révoltes populaires qui secouent le monde arabe.

"Il n'y a pas d'autre solution que la solution militaire, car le langage de ce dictateur est l'anéantissement et que les gens qui pratiquent ce langage n'en comprennent pas d'autre", a déclaré le porte-parole Ahmad Bani à la chaîne Al Djazira.

Le gouvernement de Tripoli a cherché ce week-end à montrer un visage réformiste en présentant à la presse étrangère un projet de nouvelle constitution. Mais les dirigeants libyens n'ont pas précisé le rôle que Kadhafi pourrait jouer à l'avenir, ni la nature du système politique qu'ils envisagent de créer.

Le Livre vert, recueil de pensées de Kadhafi publié dans les années 1970, fait office de constitution dans la "Grande Jamahariah arabe libyenne socialiste et populaire" de Libye.

Les combats d'Ajdabiah ont fait suite à des batailles rangées samedi pour le contrôle de Misrata, dans l'Ouest, où les rebelles ont repoussé un autre assaut gouvernemental.

"La situation à Ajdabiah, et particulièrement à Misrata, est désespérée pour les Libyens qui sont bombardés par le régime", a souligné le général canadien Charles Bouchard, qui dirige les opérations de l'Otan en Libye.

Avec Maria Golovnina à Tripoli, Mariam Karouny à Beyrouth, Richard Lough à Rabat, Christian Lowe à Alger ; Henri-Pierre André, Marine Pennetier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français