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L'opposition syrienne rejette la transition si Assad reste

L'opposition syrienne prévient qu'elle rejettera le plan de transition politique proposé par Kofi Annan s'il n'appelle pas explicitement au départ du pouvoir de Bachar al Assad. /Photo prise le 26 juin 2012/REUTERS/SANA

L'opposition syrienne prévient qu'elle rejettera le plan de transition politique proposé par Kofi Annan s'il n'appelle pas explicitement au départ du pouvoir de Bachar al Assad. /Photo prise le 26 juin 2012/REUTERS/SANA - -

par Erika Solomon BEYROUTH (Reuters) - L'opposition syrienne rejettera le plan de transition politique proposé par Kofi Annan s'il n'appelle pas...

par Erika Solomon

BEYROUTH (Reuters) - L'opposition syrienne rejettera le plan de transition politique proposé par Kofi Annan s'il n'appelle pas explicitement au départ du pouvoir de Bachar al Assad, a-t-elle dit jeudi.

Selon des sources diplomatiques aux Nations unies, la proposition de l'émissaire de la Ligue arabe et de l'Onu pour la Syrie ne stipule pas la démission du président Bachar al Assad mais met en garde contre la participation à un gouvernement d'union nationale de figures politiques pouvant constituer une menace pour la stabilité du pays.

La proposition de Kofi Annan sera au coeur de la réunion, samedi à Genève, des chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie) et du Koweït, de la Turquie, de l'Irak, du Qatar et de l'Union européenne.

"La proposition est encore trop vague pour nous mais je peux vous dire que si elle ne stipule pas clairement qu'Assad doit démissionner, elle sera inacceptable à nos yeux", a déclaré Samir Nachar, membre exécutif du Conseil national syrien (CNS).

Pour obtenir le soutien des Nations unies, le plan Annan doit s'assurer l'appui de la Russie, puissante alliée de Damas, qui estime que la réunion de Genève ne doit pas déterminer à l'avance la composition d'un possible gouvernement d'union nationale.

Mais pour l'opposition, le départ d'Assad est un impératif.

"Si la proposition dit qu'Assad doit démissionner, alors l'idée d'autoriser d'autres membres de l'actuel gouvernement à participer pourrait être débattue", a ajouté Samir Nachar.

NOUVEAU LABYRINTHE

Mais les combattants rebelles engagés dans un conflit avec les forces syriennes ont perdu patience face aux efforts diplomatiques de Kofi Annan, nommé le 23 février dernier.

"C'est encore un nouveau labyrinthe. C'est une nouvelle bêtise pour nous égarer et marchander sur qui peut ou non participer", déclare Ahmed, membre de l'Armée syrienne libre (ASL) à Homs, épicentre de la révolte lancée il y a plus de quinze mois contre le clan Assad au pouvoir, et qui a fait plus de 10.000 morts selon l'Onu.

Un autre combattant de l'ASL dans un faubourg de Damas est tout aussi sceptique. "Je vais le dire franchement. L'ASL fait son travail et ne regarde pas ce qui se passe à l'extérieur. On ne veut pas de gouvernement de transition à moins qu'il soit formé par les conseils militaires rebelles. Le monde conspire contre la révolution syrienne", dit-il.

"Je suis contre le plan", renchérit Ahmed. "Et je suis contre Annan. Combien de plans a-t-il proposé ? Cela ne fait que prolonger la tuerie."

En avril, un cessez-le-feu négocié par l'émissaire international est entré en vigueur pour tenter de réduire le niveau de violence, mais la trêve n'a pas tenu.

Selon des diplomates à l'Onu, la réunion ministérielle de samedi visera à lancer un processus politique sans attendre une suspension des hostilités. La Russie a dit soutenir l'idée du médiateur d'un gouvernement d'union nationale à Damas.

Mais le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a remis jeudi les points sur les i : "La réunion de Genève vise à soutenir le plan de Kofi Annan et doit poser les conditions à un arrêt des violences et à l'ouverture d'un dialogue national et n'a pas pour objectif de déterminer à l'avance la teneur de ce dialogue."

Marine Pennetier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser