BFMTV
International

L'opposition slovaque de droite remporte les législatives

BFMTV

par Martin Santa et Michael Winfrey

BRATISLAVA (Reuters) - L'opposition slovaque de droite a remporté la majorité des sièges au parlement lors des législatives de samedi, et pourra si elle forme une coalition évincer le gouvernement du Premier ministre Robert Fico.

Ce dernier conserve toutefois son statut de dirigeant le plus populaire du pays, le plus pauvre de la zone euro. Son parti de gauche, le SMER, a remporté 34,8% des votes et arrive en tête des formations politiques.

Mais les partis d'opposition, emmenés par le SDKU conservateur et ses 15,4% des suffrages, pourraient selon des sondages réunir jusqu'à 91 sièges sur les 150 que compte l'assemblée.

Une coalition entre eux serait composée de libéraux, de conservateurs et de représentants de la minorité hongroise de Slovaquie.

Le SDKU, au pouvoir de 1998 à 2006, avait alors mené un programme de privatisations, de réforme des retraites et des assurances sociales. Il avait en outre présidé à l'entrée de Bratislava dans l'Union européenne.

Il espère désormais pouvoir s'unir aux chrétiens-démocrates du KDH, aux libéraux de Liberté et Solidarité (SaS) ainsi qu'au parti Most-Hid qui défend la minorité hongroise de Slovaquie.

Les analystes jugent une telle coalition la plus à même de juguler le déficit budgétaire, qui a atteint l'an dernier 6,8% du produit intérieur brut (PIB), pour le ramener d'ici 2012 sous la barre des 3%.

"N'importe quelle alliance vaudrait mieux que Fico", a estimé le chef du SaS, Richard Sulik, qui s'est dit prêt à s'allier à autant de partis qu'il le faudrait pour former une majorité parlementaire.

"PRATIQUEMENT AUCUNE CHANCE" POUR FICO

Fico, apprécié par les Slovaques pour son style de gouvernement privilégiant les classes moyennes aux intérêts des grandes entreprises, va néanmoins tenter de former un gouvernement, la priorité dans les négociations étant traditionnellement accordée au parti arrivé en tête du vote.

Le Premier ministre a déclaré que sa formation, avec près de 35% des voix, avait remporté le scrutin et qu'il tenterait de former une coalition à deux partis.

"Ce résultat nous permet d'accepter du président la mission de former un gouvernement. Nous y sommes prêts. Il est difficile de prédire ce qui va désormais se passer", a annoncé Robert Fico.

Les partis d'opposition ont cependant tous écarté une alliance avec le SMER, et selon les analystes, il est très peu probable qu'ils changent d'avis.

Le Premier ministre a également fait savoir qu'il était prêt à passer dans l'opposition en cas d'échec.

L'opposition accuse Fico d'avoir dilapidé les fonds publics dans son programme d'aides sociales et d'avoir divisé le pays par son style de gouvernement.

Les médias généralistes slovaques, que le Premier ministre sortant accuse d'être biaisés, ont soutenu la droite et appelé au retour des réformes qui ont permis à la Slovaquie d'être en 2007 le pays disposant de la meilleure croissance de l'Union européenne.

"Fico va essayer (d'attirer les autres partis à lui) mais le fossé est désormais si profond depuis ces dernières semaines qu'il n'a pratiquement aucune chance d'y parvenir", a commenté le politologue Samuel Abraham.

Il y a deux semaines, lors des législatives en République tchèque, le parti du Premier ministre social-démocrate Jiri Paroubek, proche allié de Fico, est arrivé en tête mais la majorité a été remportée par trois partis de centre-droit.

Les prochains dirigeants slovaques devront en outre tenter de resserrer les liens avec la Hongrie, mis à mal depuis l'arrivée au gouvernement du Parti national slovaque, d'extrême-droite.

La Slovaquie compte une minorité hongroise de 500.000 personnes sur près de 5,5 millions d'habitants.

En avril, le conservateur Viktor Orban a été élu Premier ministre en Hongrie en promettant entre autres de lutter pour les droits des minorités hongroises à l'étranger.

L'économie slovaque s'st contractée de 4,7% en 2009. Elle a toutefois amorcé sa reprise, et les statistiques de l'UE prévoient pour 2010 une croissance de 2,7%, le meilleur taux de l'Union à égalité avec la Pologne.

Les Slovaques ont adopté l'euro en 2009. Leur niveau de vie n'atteignant que 72% de la moyenne européenne, la question de l'aide aux pays plus riches mais endettés de la zone euro fait débat.

Le SDKU et le SaS ont annoncé qu'en cas de victoire, il refuseraient de payer la part slovaque du plan d'aide à la Grèce, d'un montant total de 800 millions d'euros.

Gregory Schwartz pour le service français