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L'opposition manifeste à Rome avant le vote sur Berlusconi

Des milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome contre la politique du président du Conseil italien Silvio Berlusconi à trois jours d'un vote de confiance au parlement qui pourrait faire tomber le gouvernement. /Photo prise le 11 déce

Des milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome contre la politique du président du Conseil italien Silvio Berlusconi à trois jours d'un vote de confiance au parlement qui pourrait faire tomber le gouvernement. /Photo prise le 11 déce - -

par Catherine Hornby ROME (Reuters) - Des milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome contre la politique du président du...

par Catherine Hornby

ROME (Reuters) - Des milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome contre la politique du président du Conseil italien Silvio Berlusconi à trois jours d'un vote de confiance au parlement qui pourrait faire tomber le gouvernement.

Des familles, des retraités et des employés venus de toute l'Italie se sont rassemblés pour défiler dans la capitale à l'appel du Parti démocrate (PD), la principale formation de l'opposition de centre gauche.

"Berlusconi peut acheter tout ce qu'il veut, mais pas cette place, pas cette Italie", a lancé Enrico Letta, l'un des dirigeants du PD, entouré par ses partisans agitant des drapeaux. "Il s'agit d'un moment important pour la démocratie italienne. Rome résonne de votre présence large et déterminée pour demander une politique propre", a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement ne dispose plus d'une majorité assurée au parlement depuis que Gianfranco Fini, son ancien allié et co-fondateur de son parti Peuple de la liberté (PDL), a décidé de faire sécession en raison d'une série de scandales.

Fini et ses partisans ont demandé la démission du magnat, âgé de 74 ans, menaçant de joindre leurs voix à celles de l'opposition en cas de refus, mardi .

Mais 16 députés du PDL de Berlusconi et du courant de Fini, Futur et liberté pour l'Italie (FLI), ont demandé samedi à l'ex-allié du président du Conseil de ne pas mettre ses menaces à exécution et d'ouvrir à l'inverse des discussions avec le chef du gouvernement .

CONSCIENCE ET DIGNITÉ

Berlusconi a salué leur initiative, et dit à ses partisans, qui manifestaient eux aussi samedi en Italie, qu'il avait confiance dans l'issue du vote de mardi, même s'il s'attend à voir sa majorité parlementaire se réduire.

"Nous aurons la majorité, mais la marge sera plus réduite que dans le passé et il sera plus dur de gouverner", a-t-il dit.

Le président du Conseil, qui s'exprimait à Milan, a expliqué que ses adversaires tentaient de le discréditer et qu'ils provoquaient une instabilité politique nuisible pour le pays.

"Une situation inimaginable s'est faite jour provoquant une crise irrationnelle et irresponsable, bien loin des intérêts de l'Italie", a-t-il déclaré.

Si son gouvernement était mis en minorité, Silvio Berlusconi devrait démissionner, ce qui ouvrirait la voie à la possible convocation d'élections législatives anticipées par le président Giorgio Napolitano. Le scrutin est normalement prévu en 2013.

Dans les cortèges formés samedi, les slogans des manifestants visaient les fêtes que Silvio Berlusconi organise dans sa villa et auxquelles participent de jeunes filles, mais également d'autres affaires judiciaires dans lesquelles il est impliqué.

"L'Italie changera si Berlusconi est envoyé en prison", affirmait une banderole.

Deux procès pour corruption et évasion fiscale ont été mis entre parenthèses après l'approbation par son gouvernement d'une disposition l'autorisant à ne pas assister aux audiences et lui offrant une immunité liée à sa fonction.

La Cour constitutionnelle a reporté vendredi au 11 janvier l'examen de cette loi dite de l'"empêchement légitime" afin de ne pas avoir à se prononcer en même temps que le vote d'une série de motions de censure et de votes de confiance mardi au parlement.

"La chose la plus urgente en Italie et de renvoyer chez eux ce gouvernement et son chef", a déclaré Antonio Di Pietro, chef de file du petit parti de centre-gauche, l'Italie des Valeurs, cité par l'agence de presse Ansa.

L'ancien magistrat a déposé une plainte vendredi qui a débouché sur l'ouverture d'une enquête sur des allégations selon lesquelles Silvio Berlusconi se livrerait à des achats de voix au parlement pour obtenir la confiance.

"Le parlement, temple de la démocratie, a été réduit à un marché obscène dans lequel les parlementaires sont prêts à vendre leur conscience et leur dignité", a déclaré Antonio Di Pietro, qui fut à l'origine de l'opération "Mains propres" contre la corruption dans le monde politique lancée dans les années 1990.

Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français