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L'opposition géorgienne accuse le pouvoir après une émission TV

Manifestation à Tbilissi contre la chaîne de télévision Imedi. L'opposition géorgienne a accusé dimanche le pouvoir d'être directement responsable d'un reportage-fiction au cours duquel Imedi a annoncé l'entrée de chars russes dans Tbilissi et la mort du

Manifestation à Tbilissi contre la chaîne de télévision Imedi. L'opposition géorgienne a accusé dimanche le pouvoir d'être directement responsable d'un reportage-fiction au cours duquel Imedi a annoncé l'entrée de chars russes dans Tbilissi et la mort du - -

TBILISSI - L'opposition géorgienne a accusé dimanche le pouvoir d'être directement responsable d'un reportage-fiction au cours duquel la chaîne de...

TBILISSI (Reuters) - L'opposition géorgienne a accusé dimanche le pouvoir d'être directement responsable d'un reportage-fiction au cours duquel la chaîne de télévision Imedi a annoncé l'entrée de chars russes dans Tbilissi et la mort du président Mikheil Saakachvili.

Pour de nombreux téléspectateurs, l'émission, diffusée samedi soir par cette chaîne pro-gouvernementale, a rappelé à la population les pires moments de la brève guerre qui a opposé la Géorgie à la Russie en août 2008.

Imedi, qui est dirigée par un proche du président Saakachvili, avait introduit son sujet, long de 20 minutes, en disant qu'il s'agissait d'une "imitation d'événements possibles", mais cet avertissement a échappé à de nombreux téléspectateurs.

Le réseau de téléphones portables a rapidement été saturé tandis que des habitants de Tbilissi, paniqués, rentraient précipitamment chez eux.

Imedi n'a pas caché que ce sujet de fiction était une riposte aux rencontres séparées qu'ont eues deux responsables de l'opposition avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine, l'un à la fin de l'année dernière et l'autre ce mois-ci.

L'objectif, a indiqué la chaîne, était de montrer comment les choses pourraient se dérouler en cas de reprise des hostilités. Prié de dire si le président Saakachvili avait été mis au courant au préalable de la diffusion de ce docu-fiction, le gouvernement n'a pas fait de commentaire. Il n'a pas non plus voulu dire si le chef de l'Etat avait ou non joué quelque rôle que ce soit dans l'élaboration de ce reportage fictionnel.

L'opposition s'est déclarée furieuse et a parlé de manipulation.

PAS DE BANDEAU INDIQUANT UNE "FICTION"

"L'entière responsabilité de la préparation et des conséquences de ce reportage incombe aux autorités géorgiennes, qui monopolisent pratiquement tout l'espace télévisuel pour pratiquer sur leur propre peuple de l'information-terreur", a estimé l'Alliance pour la Géorgie (opposition), dans un communiqué.

Saakachvili a lui aussi critiqué la panique provoquée par cette diffusion, tout en jugeant son scénario vraisemblable.

"C'était vraiment un film pénible, mais plus pénible est le fait que ce reportage était au plus près de ce qui pourrait se passer, ou de ce que les ennemis de la Géorgie ont en tête", a-t-il dit dimanche, cité par des agences de presse.

Le reportage-fiction ne comportait pas, au bas de l'écran, de bandeau qui aurait indiqué qu'il s'agissait pas de la réalité, aussi a-t-il déclenché la panique. Un cinéma de la capitale s'est vidé, les parents ayant rappelé leurs enfants à la maison, a rapporté un spectateur.

L'agence russe Interfax a consacré une dépêche urgente à l'entrée "présumée" mais non confirmée de chars russes à Tbilissi et à la mort de Saakachvili et la radio Echo de Moscou a interrompu ses programmes pour annoncer la "nouvelle".

Imedi a montré la progression de chars russes en utilisant des images d'archive de la guerre de 2008. Pendant les cinq jours de la guerre, les chars russes avaient avancé jusqu'à 45 km de Tbilissi.

Reprenant la parole pour introduire un débat en direct, le présentateur a présenté des excuses pour la panique que le programme avait pu causer en disant: "Nous avons seulement voulu montrer à quoi pourrait ressembler le pire jour de l'histoire géorgienne".

Des dizaines de Géorgiens mécontents ont convergé vers Imedi où Nino Bourdjanadzé, personnalité d'opposition, a déclaré à des journalistes qu'elle jugeait cette émission "écoeurante". C'est précisément Nino Bourdjanadzé, et un autre opposant, Zourab Nogaïdeli, qui ont rencontré Poutine pour réclamer un rétablissement des relations entre leur pays et la Russie.

Margarita Antidzé et Matt Robinson, version française Nicole Dupont et Eric Faye