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L'opposant chinois Liu Xiaobo prix Nobel de la paix

Portaits de Liu Xiaobo, présenté par son épouse Liu Xia. Le prix Nobel de la paix 2010 a été décerné vendredi à l'opposant chinois qui avait participé à une grève de la faim lors des manifestations d'étudiants de la place Tiananmen en 1989, et a été conda

Portaits de Liu Xiaobo, présenté par son épouse Liu Xia. Le prix Nobel de la paix 2010 a été décerné vendredi à l'opposant chinois qui avait participé à une grève de la faim lors des manifestations d'étudiants de la place Tiananmen en 1989, et a été conda - -

par Wojciech Moskwa OSLO (Reuters) - Le prix Nobel de la paix 2010 a été décerné vendredi à l'opposant chinois Liu Xiaobo, suscitant la colère de...

par Wojciech Moskwa

OSLO (Reuters) - Le prix Nobel de la paix 2010 a été décerné vendredi à l'opposant chinois Liu Xiaobo, suscitant la colère de Pékin qui a qualifié ce choix d'"obscénité".

Le comité Nobel a tenu à saluer "le long combat non violent" de Liu "en faveur des droits fondamentaux en Chine" et souligne "le lien étroit entre les droits de l'homme et la paix".

Le ministère chinois des Affaires étrangères a estimé dans un communiqué que la remise de la prestigieuse récompense à cet opposant allait à l'encontre des objectifs du Nobel et qu'elle nuirait aux relations sino-norvégiennes.

Le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, a déclaré que la Chine, qui est la deuxième économie mondiale, devait s'attendre à voir ses faits et gestes suivis de près au fur et à mesure qu'elle devient plus puissante, comme cela avait été le cas pour les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale.

"Nous devons parler quand d'autres ne peuvent pas le faire", a-t-il dit à la presse. "Alors que la Chine gagne en puissance, nous devons avoir le droit de critiquer (...) Nous devons mettre en avant les forces qui veulent une Chine plus démocratique."

En visite en Turquie, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, n'a pas répondu aux journalistes qui voulaient l'interroger sur l'attribution de ce prix Nobel.

ACTIVITÉS SUBVERSIVES

Liu a joué un rôle central dans la rédaction de la Charte 08, un manifeste dans lequel des intellectuels et des militants chinois réclament la liberté d'expression et des élections pluralistes.

Cet ancien professeur de littérature, qui avait participé à une grève de la faim lors des manifestations d'étudiants de la place Tiananmen en 1989, a été condamné en décembre dernier à onze ans de prison pour activités subversives.

Fin septembre, le secrétaire permanent du comité Nobel, Geir Lundestad, a révélé que la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères Fu Ying l'avait mis en garde cet été contre une détérioration des relations entre Pékin et Oslo si le dissident obtenait cette distinction.

Honorer Liu Xiaobo "influencerait dans le mauvais sens les relations entre la Norvège et la Chine et serait perçu comme un acte inamical", avait alors déclaré Fu.

"Ce n'était pas le premier avertissement de la part de la Chine mais ils n'ont jamais eu d'effet sur les travaux du comité", avait tenu à préciser le responsable norvégien.

La Chine et la Norvège mènent des pourparlers sur un accord commercial bilatéral qui pourrait servir par la suite de modèle à un accord plus large entre Pékin et l'Union européenne.

Pékin avait vivement critiqué la Norvège en 1989, lorsque le prix Nobel de la paix avait été attribué au dalaï-lama, le chef spirituel des Tibétains qui vit en exil en Inde.

Ce dernier a réagi dans un communiqué sur son site internet.

"Lui décerner le prix de la paix est la reconnaissance par la communauté internationale de voix toujours plus nombreuses parmi le peuple chinois appelant à des réformes politiques, légales et constitutionnelles", déclare le dalaï-lama.

Liu Xia, l'épouse du dissident, a dit pour sa part espérer que la communauté internationale "va profiter de cette occasion pour demander au gouvernement chinois de favoriser la libération de mon mari".

L'INDÉPENDANCE DU COMITÉ NOBEL

Parmi les premières réactions, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a salué dans un communiqué le choix du comité Nobel, "qui incarne la défense des droits de l'homme partout dans le monde".

"Le comité Nobel, qui fait ses choix de manière indépendante, a voulu adresser un message fort à tous ceux qui militent pacifiquement pour la promotion et la protection des droits de l'homme", poursuit le chef de la diplomatie française qui demande de nouveau la libération de Liu.

Pour José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, ce prix "est un fort message de soutien à tous ceux qui à travers le monde, en faisant de grands sacrifices personnels, luttent pour la liberté et les droits de l'homme".

Daniel Cohn-Bendit, co-président du groupe des Verts/ALE au Parlement européen, "trouve très bien que le comité Nobel ait résisté à la pression de la Chine". "Je rêve que, en ce qui concerne les droits de l'homme, les gouvernements européens et la Commission européenne résistent aussi bien que le comité Nobel a résisté à la pression et au chantage", a-t-il ajouté.

Le prix Nobel de la paix récompense "la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et aux efforts en faveur de la paix", selon les termes utilisés dans son testament par Alfred Nobel.

Au fil des années, le champ d'attribution s'est élargi aux droits de l'homme et, depuis dix ans, à l'environnement.

Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français, avec Julien Toyer à Bruxelles, édité par Gilles Trequesser