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L'OMS s'inquiète des inégalités face au VIH en Europe

Affiche géante à Varsovie en faveur de la lutte contre le sida, en novembre dernier. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'épidémie de sida est loin d'être éradiquée en Europe compte tenu des fortes disparités dans la lutte contre le VIH entr

Affiche géante à Varsovie en faveur de la lutte contre le sida, en novembre dernier. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'épidémie de sida est loin d'être éradiquée en Europe compte tenu des fortes disparités dans la lutte contre le VIH entr - -

par Kate Kelland VIENNE (Reuters) - L'épidémie de sida est loin d'être éradiquée en Europe compte tenu des fortes disparités dans la lutte contre...

par Kate Kelland

VIENNE (Reuters) - L'épidémie de sida est loin d'être éradiquée en Europe compte tenu des fortes disparités dans la lutte contre le VIH entre l'ouest et l'est du continent, prévient l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'Europe dans son ensemble présente le taux de progression de l'épidémie le plus élevé au monde à cause d'une augmentation rapide du nombre de contaminations dans des pays comme l'Ukraine, la Moldavie, l'Estonie ou la Lettonie, ajoute-t-elle.

"L'épidémie de VIH en Europe occidentale est, à quelques exceptions près, généralement stabilisée, mais dans beaucoup de pays d'Europe orientale, elle fait rage de façon incontrôlable", a déclaré mercredi Andrew Ball, du département VIH-Sida de l'OMS, à la conférence de Vienne sur le sida.

"Le taux d'augmentation des nouvelles infections au VIH en Europe est maintenant le plus élevé au monde", a-t-il souligné.

Cette progression du virus d'immunodéficience humaine est pour l'essentiel due à sa propagation chez les toxicomanes en Russie et en Ukraine, où ils sont souvent stigmatisés et n'ont qu'un accès limité aux traitements et à l'information.

"ÉPIDÉMIE SOUTERRAINE"

Le VIH se transmet par le sang, le lait maternel et lors de rapports sexuels. Les toxicomanes peuvent le contracter en utilisant la même seringue qu'une personne séropositive.

Dans la région Europe telle que définie par l'OMS, soit une cinquantaine de pays allant de la côte Atlantique à l'Asie centrale, on comptait plus d'1,2 million de séropositifs fin 2008, dont 100.000 nouveaux cas pour cette seule année.

"La crise du sida n'est pas finie en Europe", a dit Martin Donoghoe, directeur du programme sur le VIH-Sida pour la région.

Si le nombre de nouveaux cas chaque année est relativement stable autour de 20.000 en Europe occidentale, a-t-il noté, il augmente et est davantage sujet à variations dans la partie orientale, où l'on a dénombré 80.000 nouveaux cas en 2008.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a relevé pour sa part lundi qu'une "épidémie souterraine de VIH" avait cours en Europe orientale et en Asie centrale, alimentée par la consommation de drogues, les pratiques sexuelles à risque et de graves stigmatisations qui freinent le recours aux soins.

Pour Martin Donoghoe, un effort tout particulier doit être fait en direction des toxicomanes, qui représentent dans certains endroits la moitié des porteurs du VIH.

Dans de nombreux pays de la région, les toxicomanes sont exclus des services sociaux et de santé et n'ont donc pas accès aux traitements, dit l'OMS.

De 2003 à 2008, le nombre de malades ayant accès aux traitements contre le sida a doublé pour atteindre 500.000.

Mais la grande majorité d'entre eux vivent dans l'Ouest, a rappelé Martin Donoghoe. En Europe orientale, seules 23% environ des personnes atteintes du VIH ou du sida peuvent se procurer un traitement.

Cet expert estime ainsi qu'une "action concertée" des gouvernements et organismes de santé est nécessaire pour briser puis faire cesser l'épidémie galopante en Europe.

"Le VIH en Europe dépend de l'accès aux services dans l'Est", a-t-il insisté.

Grégory Blachier pour le service français, édité par Gilles Trequesser