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L'impression de "revenir à la période soviétique": une Russe vivant en Sibérie témoigne de la censure

Sur BFMTV, Liubov, une Russe francophone vivant en Sibérie, raconte son quotidien deux semaines après le début de la guerre en Ukraine.

Deux semaines après le début de la guerre en Ukraine, toute la population russe n'est pas derrière Vladimir Poutine. "On a honte de ce qui se passe", témoigne sur BFMTV ce vendredi Liubov, une Russe francophone vivant en Sibérie.

"On essaie d'être prudents"

Comme pour tous ceux qui vivent en Russie, il lui est interdit de parler de "guerre" ou "d'invasion."

"Je suis née en URSS et nous avons l'habitude de nous comprendre par les gestes, de parler dans les cuisines et de lire entre les lignes", explique Liubov, qui a l'impression "de revenir à la période soviétique."

"On essaie d'être prudents lorsqu'on en parle. Et on essaye d'éviter des phrases concrètes", poursuit-elle au micro de BFMTV.

Et pourtant, les Russes craignent les conséquences concrètes de la guerre et des sanctions économiques contre la Russie, raconte Liubov. "On a peur de ne pas avoir assez de médicaments", alerte-t-elle.

Si de nombreux Russes ne soutiennent pas la guerre en Ukraine, Liubov ne constate pas la démonstration d'une forte opposition à Vladimir Poutine.

"J'ai signé une pétition contre la guerre, que j'ai envoyée à une trentaine de mes connaissances. Mais seulement deux personnes l'ont aussi signée. Les autres ont préféré ne pas répondre", raconte Liubov, qui "comprend" cette absence de prise de position.

"Tu dois penser à ta sécurité!" explique-t-elle. Car la répression contre les opposants à la guerre s'est renforcée en Russie ces derniers jours. Plusieurs centaines de manifestants ont déjà été arrêtés depuis le début du conflit.

"Nous sommes des gens obéissants et qui respectent l'autorité. C'est peut-être l'héritage de l'Union soviétique et de l'époque tsariste", avance-t-elle.

Toutefois, en privé, les connaissances de Liubov "partagent [son] point de vue", raconte Liubov.

Cette mère de famille, dont les deux filles vivent à l'étranger, a "peur qu'un sentiment anti-russe" se développe à cause du conflit. Mais, raconte Liubov, l'entourage de ses enfants "comprend que les Russes et le gouvernement russe, ce n'est pas la même chose."

Ariel Guez