BFMTV
International

L'armée syrienne ratisse les environs de Djisr al Choghour

L'ARMÉE SYRIENNE RATISSE LES ENVIRONS DE DJISR AL CHOGHOUR

L'ARMÉE SYRIENNE RATISSE LES ENVIRONS DE DJISR AL CHOGHOUR - -

par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - L'armée syrienne a arrêté des centaines de personnes lundi dans les villages proches de Djisr al Choghour,...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - L'armée syrienne a arrêté des centaines de personnes lundi dans les villages proches de Djisr al Choghour, ville proche de la frontière turque désormais aux mains des forces du président Bachar al Assad, rapportent des habitants en fuite.

Près de 7.000 Syriens ont déjà quitté la région pour chercher refuge en Turquie voisine, et des milliers d'autres sont massés dans la campagne à proximité de la frontière.

La vague d'interpellations de lundi intervient au lendemain de l'assaut mené par les troupes gouvernementales, épaulées par des blindés et des hélicoptères, pour reprendre en main Djisr al Choghour une semaine après de violents affrontements qui auraient fait, selon les autorités, 120 morts parmi les membres de forces de sécurité.

Des habitants déclarent que ces combats ont opposé les forces loyalistes à des soldats qui s'étaient mutinés après avoir refusé de tirer sur les manifestants qui réclament la chute de Bachar al Assad, au pouvoir depuis 11 ans.

Arrivés près de la frontière turque, des réfugiés en provenance de Djisr al Choghour racontent que l'armée ratisse les villages à l'est de la ville et arrête par centaines les hommes âgés de 18 à 40 ans, selon une mécanique déjà à l'oeuvre dans d'autres localités au cours des dernières semaines.

POURCHASSES DANS LES BOIS

Selon l'un de ces réfugiés, prénommé Khaled, deux mosquées ont été endommagées par des tirs de blindés et les corps de trois habitants qui tentaient de fuir, un couple et un enfant, gisent sur une route à deux kilomètres au nord de la ville.

Moustafa, un maçon de 39 ans qui a pris la fuite dimanche, a vu neuf cadavres dans la ville-même et sept autres dans les faubourgs.

Ce bilan paraît relativement faible aux yeux d'un militant des droits de l'homme à Damas, qui redoute un nombre de victimes plus élevé étant donné les bombardements et les tirs à l'aveugle rapportés par des témoins.

Le principal groupe d'opposants syriens a estimé dimanche que la répression menée par le gouvernement syrien depuis le début de la contestation, à la mi-mars, a entraîné la mort de 1.300 civils. ()

Le gouvernement de Damas affirme que les manifestations participent d'une conspiration violente soutenue par des puissances étrangères.

Les unités de l'armée "ont pris le contrôle total de Djisr al Choghour et pourchassent dans les bois et les montagnes les derniers éléments des groupes terroristes armés", a rapporté dimanche soir l'agence de presse officielle syrienne.

Elle a ajouté qu'un soldat et deux "hommes armés" avaient péri dans des accrochages autour de la ville.

L'armée a dit avoir désamorcé des charges explosives sur les ponts et les routes qui mènent à Djisr al Choghour. Elle a également annoncé la découverte d'une fosse commune renfermant les corps mutilés de dix membres des forces de sécurité.

Damas ayant interdit le territoire syrien à la plupart des médias internationaux, il est difficile de vérifier les récits des uns et des autres.

MANIFESTATION DEVANT L'AMBASSADE TURQUE

Un homme se présentant comme un militaire ayant fait défection, dont les propos ont été diffusés sur internet et traduits par la chaîne britannique Sky News, a déclaré que les forces anti-gouvernementales avaient placé des pièges pour retarder la progression de l'armée et permettre aux habitants de prendre la fuite.

"Nous voulions faire sortir environ un dixième de la population. Les 90% restants avaient déjà réussi à s'enfuir", a déclaré cet homme, s'identifiant comme le lieutenant-colonel Hussein Harmouch, sur le site d'informations Ugarit News.

Des milliers d'habitants ont quitté Djisr al Choghour, une ville de 50.000 habitants située sur la route stratégique reliant Alep, la deuxième ville du pays, à Lattaquié, le plus grand port de Syrie, avant l'offensive lancée par l'armée dimanche aux premières heures.

La Turquie, qui a installé quatre camps de réfugiés à la frontière, s'est montrée de plus en plus critique à l'égard de Bachar

al Assad ces dernières semaines.

Signe de tensions croissantes entre les deux pays voisins, des partisans du président syrien ont manifesté dimanche devant l'ambassade de Turquie à Damas après avoir défilé devant les ambassades de France et de Grande-Bretagne.

L'agence de presse Anatolie a déclaré que plusieurs protestataires avaient escaladé les murs d'enceinte et brandi le drapeau syrien. Les forces de l'ordre les ont empêchées d'amener le drapeau turc.

Une commission d'enquête officielle sur les événements a interdit de déplacement l'ancien gouverneur de Deraa, ville du sud du pays où les manifestations ont commencé le 18 mars dernier, rapporte lundi le journal à capitaux privés Al Watan.

Elle a assuré qu'il n'y aurait "aucune immunité pour les auteurs de crimes".

Jean-Stéphane Brosse pour le service français