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L'armée syrienne poursuit la répression, blocage à l'Onu

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par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - Des blindés syriens ont pénétré jeudi dans des villes du nord-ouest et du centre du pays, tuant au moins...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - Des blindés syriens ont pénétré jeudi dans des villes du nord-ouest et du centre du pays, tuant au moins cinq civils, rapportent habitants et activistes, quelques heures après un nouveau désaccord au Conseil de sécurité de l'Onu sur de nouvelles sanctions contre Damas.

L'opération la plus meurtrière a visé au petit matin la petite ville de Kousair, près de la frontière nord du Liban, où cinq civils ont été tués et seize autres blessés après des manifestations nocturnes, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH).

Une autre organisation, l'Union de coordination de la révolution syrienne, a fait état d'un bilan de neuf morts, dont une femme et un bébé, précisant que l'électricité et les communications étaient coupées.

Kousair est située à quelques kilomètres de la grande ville de Homs, où une opération militaire dans un quartier résidentiel a fait au moins quinze morts mercredi, selon l'OSDH.

Des blindés ont également pénétré jeudi matin dans la ville de Sarakeb, près de la frontière turque, rapportent un habitant et des opposants.

"Une quinzaine de chars et de véhicules blindés sont entrés dans Sarakeb ce matin, avec une cinquantaine d'autobus, de pick-ups et de voitures des forces de sécurité", a dit un habitant qui a fui la ville, située au carrefour de deux autoroutes à une quarantaine de km au sud d'Alep.

Le nord-ouest de la Syrie est la cible depuis trois jours d'un assaut militaire visant à écraser les manifestations contre le régime du président Bachar al Assad.

L'opération militaire a débuté mardi dans le gouvernorat d'Idlib. Quatre villageois ont été tués ce jour-là à Binnich, près de Sarakeb. Le lendemain, deux autres personnes ont péri au cours d'une incursion de blindés à Taftanaz et Sermine.

L'OSDH estime qu'une centaine de personnes ont été arrêtées à Sakareb alors qu'elles manifestaient pour demander le départ de Bachar al Assad et en solidarité avec les habitants de la ville de Hama, assiégée depuis deux semaines par l'armée.

"RÉFORMER PREND DU TEMPS"

Malgré la poursuite de la répression, la Russie et la Chine, soutenues par l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, se sont opposées mercredi soir au Conseil de sécurité des Nations unies à l'idée de nouvelles sanctions contre la Syrie.

Lors d'une réunion à huis clos consacrée à l'examen de la réponse syrienne à sa déclaration du 3 août appelant à la "fin immédiate de toute violence", le secrétaire général adjoint de l'Onu aux affaires politiques, Oscar Fernandez-Taranco, a déclaré que près de 2.000 civils avaient péri depuis mars, 188 depuis le 31 juillet et 87 dans la seule journée du 8 août.

Les représentants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et du Portugal ont souligné devant la presse que Damas avait ignoré les exigences du Conseil de sécurité et jugé des sanctions "inévitables".

Mais l'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, a qualifié d'inutiles les nouvelles sanctions annoncées dans la journée contre Damas par Washington.

Le département du Trésor américain a annoncé des sanctions contre Syriatel, le premier opérateur de téléphonie mobile syrien, et contre la Commercial Bank of Syria, une institution financière contrôlée par l'Etat, ainsi qu'une de ses filiales, la Syrian Lebaneses Commercial Bank,

Moscou a, selon Vitali Tchourkine, clairement signifié aux autorités syriennes qu'il leur fallait mettre en place au plus vite les réformes politiques annoncées. "Nous sommes tout à fait conscients que cela prend du temps, en particulier dans une situation dramatique comme celle-là, mais on ne peut pas mettre en oeuvre des réformes du jour au lendemain", a-t-il dit.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a également dit mercredi espérer voir la Syrie s'engager sur la voie des réformes "d'ici dix à quinze jours".

Avec Louis Charbonneau aux Nations unies, Tangi Salaün pour le service français