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L'armée syrienne passe à l'action dans les 'points chauds'

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L'armée a renforcé mercredi sa mainmise sur les 'points chauds' de la contestation du régime du président Bachar al Assad en Syrie, où un groupe de défense des droits de l'homme recense plus de 450 morts depuis le début de l'agitation à la mi-mars.

Des chars ont été déployés dans les rues de Deraa, berceau de la contestation situé dans le Sud frontalier de la Jordanie. Des soldats ont fait irruption dans la nuit à Douma, banlieue de la périphérie nord de Damas. Les forces de sécurité cernent en outre Banias, sur le littoral méditerranéen.

Un témoin a raconté à Reuters qu'un convoi d'au moins 30 chars de l'armée venus du sud-ouest de Damas, non loin de la ligne de front du plateau du Golan, se dirigeaient mercredi matin soit vers Douma, soit vers Dera.

Dans la nuit, des autocars blancs ont acheminé à Douma des centaines de soldats en tenue de combat.

A Deraa, un habitant de cette ville privée d'électricité, d'eau et de téléphone depuis l'entrée en force de l'armée lundi à l'aube, a fait savoir que la nourriture fraîche commençait à manquer. Les épiceries distribuent gratuitement leurs produits - essentiellement de la nourriture en boîte.

Une personne a raconté qu'un de ses voisins avait aperçu un char rouler mardi sur le corps d'un jeune homme sur la place Tichrine, la plus grande de Deraa.

"Ils nous disent: 'Vous devez nous accepter et nous resterons à jamais vos maîtres, que cela vous plaise ou non !'. Et si vous résistez, c'est ce qui vous arrivera !'".

Ce témoin a ajouté que l'entrée de l'armée à Deraa constituait un avertissement aux autres localités de ce qui pourrait leur arriver en cas de poursuite de la contestation.

UNITÉ ULTRA-LOYALE

D'après des diplomates, le chef de l'Etat syrien a envoyé lundi à Deraa la quatrième division mécanisée, une unité ultra-loyale commandée par son frère, Maher.

Au plan diplomatique, la France a convoqué l'ambassadrice de Syrie à Paris pour protester contre la répression des manifestants hostiles au régime. Le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a rappelé à la diplomate la "ferme condamnation" par la France "d'une répression brutale qui a fait des centaines de morts" en Syrie.

Cette convocation s'inscrit dans le cadre d'une démarche coordonnée avec Londres, Berlin, Madrid et Rome.

Les gouvernements européens se réuniront vendredi pour discuter d'une éventuelle imposition de sanctions à l'encontre de Damas - une idée partagée par l'Allemagne, qui s'est déclarée favorable à des mesures de rétorsion.

En cas d'accord à Vingt-sept, les sanctions pourraient, dit-on, comporter dans un premier temps un gel des avoirs syriens et une restriction sur les déplacements des représentants et diplomates syriens.

Les Etats-Unis ont déjà fait savoir qu'ils envisageaient de prendre de nouvelles sanctions ciblées en réponse aux violences "révoltantes et regrettables" exercées par les forces de sécurité à l'encontre des manifestants syriens.

Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu (CDH) se réunira également d'urgence vendredi à Genève à la demande des Etats-Unis. Un quorum de 16 Etats membres a pu être réuni pour avaliser cette proposition.

Aucun pays arabe ne fait partie des Etats membres du CDH ayant demandé cette séance extraordinaire, qui sera consacrée à la détérioration de la situation en Syrie. Ces derniers mois, le CDH avait lancé des enquêtes sur des violations présumées des droits de l'homme en Libye et en Côte d'Ivoire.

Lundi, le Haut Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait appelé les dirigeants syriens à réfréner les forces de sécurité et à ouvrir une enquête sur les victimes de la répression. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a chiffré mercredi à 453 le nombre de victimes civiles.

Par Khaled Yacoub Oweis - Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser