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L'armée syrienne a repris Alep

Après de durs combats, le régime de Bachar al-Assad a repris la grande ville du nord-ouest de la Syrie, longtemps foyer de la rébellion.

L'armée syrienne de Bachar al-Assad vient de reprendre officiellement ce jeudi la ville d'Alep aux troupes rebelles. Cette victoire du régime signe donc la fin de la longue résistance des différents groupes rebelles dans cette ville située au nord-ouest du pays, où ils s'étaient précocement et puissamment implantés. Alep était le principal front de la guerre en Syrie depuis qu'une offensive surprise conduite par les rebelles avait chassé le camp loyaliste de plus de la moitié de la ville dont le centre historique. 

L'armée a publié un communiqué

Cette annonce a succédé à l'évacuation du dernier convoi de réfugiés des quartiers-est de la cité (la deuxième ville du pays) vers la zone sud, contrôlée par le gouvernement. "Les quatre derniers bus transportant les terroristes et leurs familles sont arrivés dans Ramoussa", quartier méridional d'Alep contrôlé par les troupes gouvernementales, a indiqué télévision d'Etat. 

Le communiqué de l'armée syrienne, lu par un général également à la télévision, a suivi de près cette nouvelle. Le communiqué est ainsi libellé: "Grâce au sang de nos martyrs et aux sacrifices de nos valeureuses forces armées ainsi qu'aux forces supplétives et alliées (...) le commandement général des forces armées annonce le retour de la sécurité à Alep après sa libération du terrorisme et des terroristes et la sortie de ceux qui y restaient".

D'ultimes opérations sont cependant en cours. L'armée syrienne et le Hezbollah chiite libanais (allié du régime) "se sont déployés dans la dernière poche que contrôlait la rébellion, et où les démineurs vont intervenir" a ainsi indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

La plus grande victoire du clan al-Assad depuis 2011

Le texte poursuit: "Cette victoire représente un tournant stratégique (...) dans la guerre contre le terrorisme". Sur un ton très martial, les troupes loyales au dictateur de Damas disent voir dans la chute de la partie orientale d'Alep "les bases d'une nouvelle phase pour chasser le terrorisme de tout le territoire de la République arabe syrienne", 

Si ce sont les troupes syriennes qui ont repris possession de la ville, les combats ont tourné à l'avantage de ces dernières, au cours des dernières semaines, au moyen des bombardements de l'aviation russe. Ces raids ont rasé l'est de la ville et ont emporté la vie de centaines de civils. C'est à compter du 15 novembre que la situation a définitivement basculé sur place: ce jour-là, les forces de Damas lançaient leur ultime offensive, accompagnées de leurs alliés étrangers. 

La fin de la bataille d'Alep marque en tout cas la plus grande victoire de l'armée de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre civile en 2011 et, par conséquent, la plus grande défaite militaire pour l'opposition au régime. 

Inertie occidentale et drame humain

Alep reconquise, Bachar al-Assad est à présent le maître des cinq plus grandes villes de Syrie: Damas, Homs, Hama, Lattaquié, en plus de la précédente. La reconquête d'Alep permet en outre au régime de se lancer dans la conquête d'autres régions qui lui échappent encore, comme la province d'Idleb (nord-ouest) voisine d'Alep et qui est aux mains d'une coalition entre rebelles et djihadistes.

L'issue de l'affrontement sanctionne aussi l'inertie des Occidentaux. En raison de la division de la communauté internationale, notamment des diverges russes et américaines, les occidentaux et leurs partenaires du Golfe se sont en effet retrouvés paralysés devant ce théâtre de guerre devenu un drame humanitaire. A la dernière minute, seulement, et à minima, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité pour la supervision internationale des évacuations d'Alep alors que celles-ci touchaient déjà à leur fin.

Des chiffres avancés par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) illustrent cette catastrophe humaine. En quatre semaines, du 15 novembre au 15 décembre, l'opération militaire a coûté la vie à plus de 465 civils, dont 62 enfants, à Alep-Est, tandis que 142 civils, dont 42 enfants, ont été tués par des tirs rebelles dans l'ouest de la ville.

R.V. avec AFP