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L'armée prend l'initiative, la démission de Moubarak "probable"

Manifestation anti-gouvernementale sur la place Tahrir, au Caire. L'armée égyptienne a pris jeudi l'initiative politique alors que l'incertitude demeurait sur une éventuelle démission imminente du président Hosni Moubarak, réclamée depuis dix-sept jours p

Manifestation anti-gouvernementale sur la place Tahrir, au Caire. L'armée égyptienne a pris jeudi l'initiative politique alors que l'incertitude demeurait sur une éventuelle démission imminente du président Hosni Moubarak, réclamée depuis dix-sept jours p - -

par Edmund Blair et Samia Nakhoul LE CAIRE (Reuters) - L'armée égyptienne a pris jeudi l'initiative politique au Caire alors que l'incertitude...

par Edmund Blair et Samia Nakhoul

LE CAIRE (Reuters) - L'armée égyptienne a pris jeudi l'initiative politique au Caire alors que l'incertitude demeurait sur une éventuelle démission imminente du président Hosni Moubarak, réclamée depuis dix-sept jours par l'opposition.

Le ministre de l'Information, Anas el Fekky, a déclaré à Reuters, peu avant la diffusion d'une allocution télévisée du raïs, que ce dernier n'allait "certainement pas démissionner" tandis qu'un autre responsable estimait cette démission "probable".

Les forces armées ont publié un "Communiqué No 1" annonçant qu'elles interviennent pour préserver la nation et les aspirations du peuple. Le Conseil supérieur de l'armée s'est réuni pour tenter de calmer le mouvement populaire de protestations.

Moubarak, ancien chef des forces aériennes, n'assistait pas à la réunion. Il devait s'agresser aux Egyptiens dans la soirée. Un responsable gouvernemental a déclaré que ce discours serait probablement prononcé à 22h00 (20h00 GMT).

Il s'agira de sa troisième allocution depuis le début des manifestations, le 25 janvier. Il a promis la semaine dernière de céder le pouvoir en septembre, à l'expiration de son mandat, mais cela n'a pas satisfait les manifestants.

"Le fait que l'armée s'est réunie sans Moubarak qui est le chef des forces armées signifie que les militaires ont pris le pouvoir et je m'attends à ce que cela soit annoncé sous peu dans le discours télévisé de Moubarak", dit Nabil Abdel Fattah, du Centre Al Ahram pour les Etudes politiques et stratégiques.

"NOUS NE VOULONS PAS DES MILITAIRES"

La télévision publique a montré Moubarak, assis derrière son bureau lors d'une rencontre avec le vice-président Omar Souleimane. La station a indiqué qu'ils s'étaient rencontrés jeudi. Souleimane, ancien chef des services de renseignement, n'assistait pas à la réunion du Conseil supérieur de l'armée.

Selon la chaîne de télévision Al Arabiya, les généraux ont l'intention de soutenir un transfert des pouvoirs à Souleimane, qui entretient de bonnes relations avec Washington et Israël.

Les militaires interviendrait si les manifestants rejetaient ce plan, a poursuivi la chaîne en citant des sources non identifiées.

Toujours selon Al Arabiya, Moubarak annoncera des procédures constitutionnelles avant de transmettre le pouvoir.

Le Conseil supérieur des forces armées a décidé de siéger en permanence pour "répondre aux demandes" des manifestants rassemblés depuis le 25 janvier place Tahrir, épicentre de la contestation dans le centre du Caire.

Le général Hassan al Roweny s'est rendu sur cette place devenue symbolique et a solennellement déclaré aux manifestants que tout ce qu'ils souhaitaient allait "se réaliser."

Il a été acclamé aux cris de "Le régime est tombé!", a rapporté un journaliste de Reuters sur place. D'autres manifestants ont souligné qu'ils voulaient un pouvoir civil. "Nous ne voulons pas des militaires", scandaient-ils.

Prié de dire si le raïs allait démissionner, un responsable proche du gouvernement égyptien a répondu: "très probablement".

"Le Conseil supérieur des forces armées a tenu aujourd'hui une réunion sous la direction de Hussein Tantaoui, chef des forces armées et ministre de la Défense, pour examiner les mesures nécessaires à prendre pour protéger la nation, les acquis qu'elle a obtenus et les aspirations du peuple", rapporte l'agence de presse Mena.

"Le Conseil a décidé de siéger en permanence afin de voir les mesures à prendre dans ce but", ajoute-t-elle.

Jean-Stéphane Brosse, Guy Kerivel et Nicole Dupont pour le service français