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L'armée lance un appel au dialogue en Egypte

Bureau saccagé des Frères musulmans au Caire. L'armée égyptienne a fait entendre sa voix samedi après plusieurs jours de crise politique et de manifestations en Egypte, lançant un appel au dialogue et affirmant que la violence ne pouvait être tolérée. /Ph

Bureau saccagé des Frères musulmans au Caire. L'armée égyptienne a fait entendre sa voix samedi après plusieurs jours de crise politique et de manifestations en Egypte, lançant un appel au dialogue et affirmant que la violence ne pouvait être tolérée. /Ph - -

par Alistair Lyon et Tamim Elyan LE CAIRE (Reuters) - L'armée égyptienne a fait entendre sa voix samedi après plusieurs jours de crise politique et...

par Alistair Lyon et Tamim Elyan

LE CAIRE (Reuters) - L'armée égyptienne a fait entendre sa voix samedi après plusieurs jours de crise politique et de manifestations en Egypte, lançant un appel au dialogue et affirmant que la violence ne pouvait être tolérée.

La radio et la télévision publiques ont interrompu leurs programmes pour diffuser le communiqué de l'armée, qui a fourni tous ses présidents à l'Egypte entre la chute de la monarchie en 1952 et le renversement d'Hosni Moubarak en février 2011.

Le communiqué des militaires ne mentionne pas le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.

Il souligne cependant que la solution à la crise ne doit pas aller à l'encontre de la "légitimité et (des) règles de la démocratie", ce qui sonne comme un avertissement lancé aux opposants qui font le siège du palais présidentiel et demandent le départ du chef de l'Etat.

Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu en Egypte, a été proclamé le 24 juin dernier.

L'Egypte a plongé dans une nouvelle crise politique depuis le décret du 22 novembre élargissant les pouvoirs du président et fixant au 15 décembre un référendum sur le projet de constitution, rédigé par une assemblée dominée par les islamistes.

Face à la contestation, Mohamed Morsi a invité l'opposition à une réunion de "dialogue national" samedi au palais présidentiel mais une grande partie de l'opposition veut d'abord une annulation du décret du 22 novembre et un report du référendum prévu le 15 décembre.

Vendredi, le vice-président Mahmoud Mekky a déclaré que le chef de l'Etat pourrait, sous certaines conditions, repousser la date de ce scrutin.

Mais les Frères musulmans et d'autres groupes islamistes ont insisté samedi pour que le référendum ait bien lieu comme prévu samedi prochain, "sans amendements ni délai".

Le devoir de l'armée, indique le communiqué publié samedi, est de protéger l'intérêt national et les institutions vitales de l'Etat. Les Egyptiens doivent pouvoir exprimer leur opinion "loin de toute manifestation de violence".

"UN TUNNEL"

Ce texte ne semble pas pour autant sous-entendre que les militaires, qui ont géré les affaires publiques entre le renversement d'Hosni Moubarak et l'élection de Mohamed Morsi, aient l'intention de reprendre le contrôle du pays.

"Les forces armées affirment que le dialogue est la meilleure et la seule voie pour parvenir à un consensus", a dit un porte-parole militaire qui a lu la déclaration.

"L'inverse nous précipitera dans un tunnel sombre qui débouchera sur une catastrophe, ce que nous ne tolérerons pas", ajoute le communiqué.

Un responsable des Frères musulmans, Abdel Khalek al Chérif, a jugé les déclarations de l'armée "équilibrées". "Ce communiqué souligne le dévouement de l'armée envers le peuple et c'est bien", a-t-il dit à Reuters.

L'opposant Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-secrétaire général de la Ligue arabe, a pour sa part estimé que l'armée ne faisait que répondre à une situation "très dangereuse".

Selon le quotidien Al Ahram de samedi, le président Morsi va prochainement autoriser l'armée à assister la police dans les opérations de maintien de l'ordre.

D'après le journal, le gouvernement a approuvé une mesure par laquelle les forces armées contribueront à "maintenir la sécurité et à protéger les institutions vitales de l'Etat" et pourront procéder à des arrestations. Il ne précise pas la date d'entrée en vigueur de cette mesure.

Les manifestants qui avaient forcé vendredi les cordons de sécurité pour atteindre les portes du palais présidentiel s'étaient pour la plupart dispersés samedi. Seul restait sur place un petit groupe déterminé.

Les chars de la Garde républicaine portaient encore des inscriptions "A bas Morsi" inscrites à la peinture.

"Nous n'appelons plus seulement à l'annulation du décret et au report du référendum", expliquait Samir Fayez un manifestant chrétien. "Nous avons une exigence en cinq lettres à l'adresse de Morsi: 'dégage' !"

Malgré le boycott de l'appel au dialogue national, certains magistrats et hommes politiques pourraient répondre présents, notamment Ayman Nour, candidat malheureux à la présidentielle de 2005, seul scrutin à candidatures multiples de l'ère Moubarak.

Omar Fahmy, Bertrand Boucey et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Guy Kerivel