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L'armée égyptienne tente d'imposer un retour à la normale

Des milliers de manifestants ont à nouveau convergé dimanche vers la place Tahrir, dans le centre du Caire, à la suite de tentatives de dispersion de protestataires par l'armée. Les militaires, qui assument le pouvoir en Egypte, avaient ordonné en début d

Des milliers de manifestants ont à nouveau convergé dimanche vers la place Tahrir, dans le centre du Caire, à la suite de tentatives de dispersion de protestataires par l'armée. Les militaires, qui assument le pouvoir en Egypte, avaient ordonné en début d - -

par Marwa Awad et Dina Zayed LE CAIRE (Reuters) - Des milliers de manifestants ont à nouveau convergé dimanche vers la place Tahrir, dans le centre...

par Marwa Awad et Dina Zayed

LE CAIRE (Reuters) - Des milliers de manifestants ont à nouveau convergé dimanche vers la place Tahrir, dans le centre du Caire, à la suite de tentatives de dispersion de protestataires par l'armée.

Peu auparavant, des coups de feu avaient été entendus à proximité du ministère de l'Intérieur où des policiers manifestaient à l'appui de revendications salariales.

"L'armée et le peuple sont unis" et "Révolution, révolution jusqu'à la victoire", scandaient les manifestants après avoir reçu l'ordre de la police militaire de démonter leurs tentes et de laisser la vie reprendre son cours ordinaire ce dimanche, premier jour de la semaine de travail en Egypte.

Des policiers, enhardis par la révolte qui a entraîné la chute du président Hosni Moubarak, se sont rassemblés pour réclamer des augmentations salariales et un membre des forces de sécurité a rapporté que des coups de semonce avaient été tirés en l'air.

Les militaires, qui assument le pouvoir en Egypte avaient ordonné en début de journée aux manifestants d'évacuer la place Tahrir, symbole de la révolte contre le régime de Moubarak, et de laisser la circulation reprendre autour du rond-point afin de permettre la reprise des activités économiques, en grande partie paralysées depuis le début des manifestations, le 25 janvier.

"L'armée est la colonne vertébrale de l'Egypte. La solution n'est pas de nous chasser de la place. Ils doivent répondre à nos revendications", a lancé un manifestant équipé d'un mégaphone tandis que les militaires avançaient, repoussant les protestataires en maniant au besoin la matraque.

SÉCURITÉ ET ÉCONOMIE

Après quelques accrochages sans gravité, les manifestants ont regagné du terrain et ont été rejoints par d'autres protestataires.

Les organisateurs des manifestations ont mis en place un Conseil de surveillance chargé de défendre la révolution et de négocier avec l'armée, qui veut de son côté un retour à une vie normale.

"A partir d'aujourd'hui, nous ne voulons plus voir aucun manifestant sur la place", a déclaré aux protestataires Mohamed Ibrahim Moustafa Ali, chef de la police militaire, tandis que des soldats démontaient des tentes.

Un capitaine a confié sous le sceau de l'anonymat que l'armée voulait mettre un terme aux manifestations pour que la vie puisse reprendre son cours normal. "La consigne générale est de ne pas recourir à la force physique envers les manifestants", a-t-il dit sans exclure "ce qui pourrait se passer si les esprits s'échauffent". "Les tirs sont absolument proscrits", a-t-il cependant ajouté.

Le gouvernement égyptien, nommé alors que Moubarak était encore à la présidence, ne subira aucun remaniement important et restera en place pour superviser la transition politique vers un régime civil, dans les prochains mois, a déclaré à Reuters un porte-parole du gouvernement.

"Un nouveau gouvernement sera alors nommé sur la base des principes démocratiques en place", a ajouté le porte-parole sans exclure que certains portefeuilles puissent changer de titulaire.

Un conseil des ministres prévu dimanche pourrait apporter certaines réponses à un mouvement de protestation avide de changement.

"La tâche principale du gouvernement est de rétablir la sécurité et l'ordre et aussi de lancer le processus économique et de s'occuper de la vie de tous les jours", a encore dit le porte-parole du gouvernement.

INTERPELLATIONS

A l'appui de ce message, soldats et membres de la police militaire ont dispersé de bon matin les manifestants de la place Tahrir en petits groupes pour permettre le passage de la circulation automobile, pour la première fois depuis deux semaines.

Des manifestants ont rapporté que les militaires avaient interpellé une cinquantaine de personnes depuis samedi soir et les avaient emmenées à proximité de la place Tahrir, dans une zone entourant le Musée du Caire qui abrite une collection unique d'antiquités égyptiennes. L'armée n'a fait aucun commentaire.

Des chars et des véhicules blindés se sont positionnés autour de la place où flottent toujours des banderoles réclamant un changement de régime. Tandis que la foule se presse autour d'un mémorial de fortune en honneur des quelque 300 personnes tuées pendant la "Révolution du Nil", des volontaires se chargent des tâches de nettoyage.

Le Conseil suprême des forces armées n'a donné aucun échéancier de la transition mais il a réaffirmé samedi son attachement à la démocratie et son engagement à respecter les traités internationaux, y compris le traité de paix avec Israël.

Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, a rencontré samedi des ministres et a souligné la nécessité d'un retour immédiat à la normale.

"La priorité absolue est sans conteste la sécurité", a déclaré le Premier ministre Ahmed Chafic. "Une priorité tout aussi importante est de fournir les éléments nécessaires à la vie quotidienne des citoyens."

Le ministre de l'Intérieur, Mahmoud Wagdy, avec lequel Tantaoui s'est entretenu d'une "reprise de service rapide par la police", a dit samedi que 13.000 prisonniers évadés dans les premiers jours de la contestation étaient toujours en fuite.

Avec Edmund Blair, Alexander Dziadosz, Shaimaa Fayed, Andrew Hammond, Alistair Lyon, Sherine El Madany, Tom Perry, Yasmine Saleh, Patrick Werr et Jonathan Wright; Nicole Dupont pour le service français