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L'Angleterre s’embrase : d’où vient la révolte ?

De nouvelles violences ont éclaté dans plusieurs villes britanniques (ici à Manchester) où des bandes de jeunes gens ont pillé des magasins et mis le feu à des bâtiments. Londres, en revanche, est resté calme après le déploiement d'un important dispositif

De nouvelles violences ont éclaté dans plusieurs villes britanniques (ici à Manchester) où des bandes de jeunes gens ont pillé des magasins et mis le feu à des bâtiments. Londres, en revanche, est resté calme après le déploiement d'un important dispositif - -

Les habitants du nord-ouest de l'Angleterre ont connu une nuit de pillages très violente, tandis que Londres est resté calme après le déploiement d'un important dispositif policier. La rigueur économique imposée par le gouvernement semble être à l'origine de ces émeutes.

Des bandes de jeunes encapuchonnés ont semé le trouble dans le nord-ouest de l’Angleterre dans la nuit de mardi à mercredi, de Manchester à Birmingham en passant par Liverpool cassant des vitrines et pillant des magasins et provoquant des échauffourées avec les policiers. De son coté, Londres est restée une ville relativement calme dans la nuit de mardi à mercredi.

Voitures de police et commissariats incendiés

Dans la grande banlieue de Manchester, des émeutiers ont lancé des briques sur des policiers et ont mis le feu à des bâtiments. Un cameraman de la BBC a même été pris à partie. Les mêmes échauffourées ont également eu lieu à Liverpool ou 200 jeunes ont lancé des projectiles et saccagé des magasins avant de mettre feux à un véhicule de police et deux camions de pompiers. Constatation similaire près de Birmingham ainsi qu’à Gloucester. A Nottingham, dans le centre du pays, c’est un commissariat qui a été attaqué et incendié.

« Pourquoi des gens stupides ont-ils fait ça ? »

Coline habite à Peckham dans le sud-est de Londres, elle a peur de sortir de chez elle : « J’ai peur d’emmener mon fils au parc. Pourquoi détruisent-ils le quartier ? Si vous voulez détruire quelques choses détruisez-vous vous-même. Pourquoi des gens stupides ont-ils fait ça ? »

Londres, où 16.000 policiers ont été déployés mardi soir contre 6.000 lundi soir, est restée calme. Depuis le début des violences, la police métropolitaine (MET) a procédé à 768 arrestations à Londres. Elle a aussi fait état de 111 blessés dans ses rangs.

« Il y avait des blancs, des noirs, tous en ont marre »

Jean habite à Peckham, il a vu des gens mécontents plus qu’une seule catégorie de personne dans ces émeutes : « Il y avait des blancs là dedans, il n’y avait pas que les noirs. Ils en ont tous marre. Aujourd’hui même quand on travaille on ne peut pas joindre les deux bouts. S’il faut le refaire, je recommencerai » !

A l’origine de ce conflit entre policiers et jeunes, la mort de Marc Duggan, tué par des policiers à l’occasion d’une opération contre la criminalité au sein de la communauté noire. Un décès qui a déclenché les émeutes. Mardi soir, la commission indépendante chargée de l’enquête a assuré ne pas avoir de preuve que l’homme tué jeudi par les policiers ait tiré sur les forces de l’ordre.

C'est juste la haine profonde du système

La classe politique et la police voient dans ces violences, les plus graves depuis des décennies, de la « violence gratuite et du vol opportuniste, ni plus ni moins », selon les termes du vice-Premier ministre, Nick Clegg.

« C'est nous contre eux, les policiers, le système. Ils appellent tout ça du pillage et de la criminalité. Mais ça n'a rien à voir. C'est juste la haine profonde du système », confie un jeune d'Hackney, théâtre de violences lundi.

« Le système est mort »

Jay est en colère lui aussi : « les jeunes sont mal gérés ici. Le système est mort. Chaque été les jeunes ils ont un petit boulot. Mais si tu n’arrives pas à l’avoir c’est que c’est chaud. Tu vas te mettre dans la rue et en plus les factures arrivent de jour en jour. On arrive plus à digérer, financièrement, moralement physiquement et tout » !

Le gouvernement britannique ne parvient pas à rétablir une croissance forte et a fait des coupes sombres dans les dépenses sociales et augmenté les impôts, tout cela dans l'espoir de réduire le déficit budgétaire. Jusqu'à présent, David Cameron a résisté aux appels à freiner cette cure d'austérité. Après ces évènements, il sera probablement poussé à faire davantage d'efforts pour les quartiers défavorisés.

La Rédaction Avec Jamila Zeghoudi, envoyée spéciale de RMC à Londres