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L'Angleterre en partie reconfinée ce dimanche suite à l'apparition d'une nouvelle souche du virus

Londres et le sud-est de l'Angleterre ont été reconfinés.

Londres et le sud-est de l'Angleterre ont été reconfinés. - Daniel LEAL-OLIVAS / AFP

Le gouvernement britannique a décidé de reconfiner Londres et le sud-est de l'Angleterre dès dimanche pour tenter de juguler une envolée des contaminations attribuée à une nouvelle souche du coronavirus.

Plus de 16 millions de Londoniens et d'habitants du sud-est de l'Angleterre se sont réveillés dimanche sous un nouveau confinement qui s'annonce potentiellement long, contraints de faire une croix sur Noël pour juguler une version mutante "hors de contrôle" du nouveau coronavirus. Malgré le déploiement d'une campagne de vaccination, le gouvernement de Boris Johnson s'est résigné samedi à drastiquement serrer la vis après une envolée des contaminations et des hospitalisations attribuée à une nouvelle souche beaucoup plus contagieuse du virus.

"Malheureusement la nouvelle souche était hors de contrôle. Nous devions reprendre le contrôle", a justifié le ministre de la Santé, Matt Hancock, sur la chaîne Sky News. "Ce sera très difficile de la garder sous contrôle jusqu'à ce qu'un vaccin soit déployé", a-t-il ajouté, laissant entendre que les restrictions, qui seront évaluées fin décembre, pourraient s'inscrire dans la durée, au moins "deux mois".

"Jusqu'à 70% de plus"

Le Royaume-Uni, un des pays les plus durement touchés en Europe avec plus de 67.000 morts, a informé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la contagiosité accrue de cette souche, "jusqu'à 70% de plus" selon le Premier ministre Boris Johnson. Un taux de contamination corroboré par Pr Peter Openshaw, immunologiste à l'Imperial College de Londres, cité par Science Media Centre. Il évoque une souche qui semble de 40% à 70% plus transmissible.

Pour se prémunir, plusieurs pays européens ont décidé de suspendre leurs liaisons aériennes et ferroviaires avec le Royaume-Uni.

Ce samedi, le conseiller scientifique du gouvernement britannique, Patrick Vallance, avait indiqué que cette nouvelle variante du Sars-CoV-2, en plus de se propager rapidement, devenait aussi la forme "dominante", ayant entraîné "une très forte hausse" des hospitalisations en décembre. Cette nouvelle forme serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est), selon lui. L'augmentation des cas notée ces derniers jours dans ces régions serait liée à cette nouvelle souche.

Fermeture des commerces

Déjà soumis à de contraignantes restrictions, les habitants de Londres, du sud-est et d'une partie de l'est de l'Angleterre ont désormais pour consigne de rester chez eux. Ils ne pourront plus se retrouver pour Noël, tandis que dans le reste du pays, les familles pourront se voir le 25 décembre uniquement.

Les commerces non essentiels ont fermé, un coup dur en cette période habituellement faste pour leur activité. Les pubs et musées étaient déjà fermés depuis quelques jours.

Dimanche, Oxford Street, artère la plus commerçante du centre de Londres d'habitude bouillonnante activité, était à nouveau désertée, près de trois semaines après la sortie d'un deuxième confinement en Angleterre. "Si c'est nécessaire, qu'il en soit ainsi", confie, résignée, Liz Field, une retraitée de 73 ans, à l'AFP. "On peut fêter (Noël) en janvier, février, n'importe". David, 59 ans, qui travaille dans l'assurance, déplore lui que "de nouveau, nous sommes pris par un manque de préparation au niveau gouvernemental".

Les déplacements en dehors des zones placées sous le niveau d'alerte le plus élevé sont interdits. Des policiers supplémentaires ont été déployés dans les transports. Ces annonces ont immédiatement poussé de nombreux Londoniens à quitter la capitale dans l'urgence, des images relayées par les médias britanniques montrant des gares prises d'assaut et des embouteillages sur les routes.

Pays-Bas, Danemark, Australie

Qualifiant ce comportement de "totalement irresponsable", Matt Hancock a appelé les gens à agir "comme s'ils avaient le virus" pour tenter de freiner sa propagation. Tout en soutenant ces restrictions, le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer a accusé Boris Johnson de "négligence grave" pour avoir agi tardivement et ignoré les signaux d'alarme "pendant des semaines". Mercredi, le dirigeant conservateur clamait encore qu'il serait "inhumain" d'annuler Noël.

De précédentes mutations du SARS-CoV-2 ont déjà été observées et signalées dans le monde. Le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, avait indiqué samedi que cette nouvelle variante, en plus de se propager rapidement, devenait aussi la forme "dominante". Elle serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est). Selon Susan Hopkins, de l'agence de santé publique Public Health England, des cas liées à la nouvelle souche ont aussi été décelés "dans beaucoup d'autres régions" du Royaume-Uni, en faible quantité toutefois.

Cette variante a aussi été détectée "en petits nombres" aux Pays-Bas, au Danemark et en Australie, a indiqué dimanche l'OMS. L'organisation a précisé que des études complémentaires étaient en cours pour déterminer son degré de transmissibilité et sa résistance éventuelle aux vaccins. Rien n'indique pour le moment que la nouvelle souche engendre une forme plus sévère de la maladie, d'après elle, mais elle pourrait affecter certains outils de dépistage comme les tests rapides.

En attendant la vaccination

Très critiqué depuis le début de la pandémie pour sa gestion de la crise, le gouvernement mise gros sur la vaccination pour en sortir, avec l'objectif d'administrer une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech à 500.000 personnes d'ici la fin du week-end. Le Pays de Galles a également décidé de reconfiner dès dimanche, tandis que l'Ecosse et l'Irlande du Nord le feront juste après Noël, chaque nation du Royaume-Uni définissant sa propre stratégie sanitaire.

J. Br. avec AFP