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L'Allemagne décide de sortir du nucléaire d'ici 2022

Le ministre de l'Environnement allemand, Norbert Röttgen. L'Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. /Photo prise le 17 mai 2011/REUTERS/Tobias Schwarz

Le ministre de l'Environnement allemand, Norbert Röttgen. L'Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. /Photo prise le 17 mai 2011/REUTERS/Tobias Schwarz - -

par Annika Breidthardt BERLIN (Reuters) - L'Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022, a décidé la coalition gouvernementale...

par Annika Breidthardt

BERLIN (Reuters) - L'Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022, a décidé la coalition gouvernementale lors d'une réunion qui s'est achevée aux premières heures de la journée de lundi.

Cette décision, prise à la suite de l'accident de Fukushima en mars au Japon, marque un revirement complet de la part du gouvernement d'Angela Merkel, qui avait décidé à la fin de l'année dernière de prolonger la durée de vie des plus anciennes centrales du pays malgré l'hostilité d'une grande partie de la population à l'énergie nucléaire.

Lors d'une réunion dimanche soir entre l'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière, son alliée bavaroise de la CSU et les libéraux du FDP, la coalition gouvernementale a décidé la fermeture définitive des huit plus vieux réacteurs d'Allemagne, qui en compte 17 au total.

Sept de ces réacteurs avaient été provisoirement mis à l'arrêt après l'accident nucléaire au Japon dû à un séisme et à un tsunami survenus le 11 mars. Le huitième était arrêté depuis plus longtemps.

Six autres réacteurs vont cesser de fonctionner d'ici 2021, a annoncé le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, à l'issue de ces discussions à la chancellerie entre dirigeants conservateurs et libéraux.

Les trois derniers réacteurs, les plus récents, resteront en état de marche une année de plus au maximum, soit jusqu'en 2022, afin d'éviter toute pénurie d'électricité durant la période de transition, a-t-il ajouté.

"C'est définitif: la date limite pour les trois derniers réacteurs nucléaires a été fixée à 2022", a dit Norbert Röttgen. "Il n'y aura pas de clause de réexamen."

CONSENSUS

Certains responsables souhaitaient inclure une clause permettant de réexaminer la question à l'avenir. Le FDP était défavorable à la définition d'une date fixe.

La coalition gouvernementale a décidé de maintenir l'un des huit plus vieux réacteurs en état de veille jusqu'en 2013 au cas où les énergies renouvelables ne permettent pas d'ici là de répondre à la demande en hiver et que les combustibles fossiles ne permettent pas de combler cet éventuel déficit.

Des responsables de l'opposition, sociaux-démocrates et Verts, ont participé à cette réunion afin de dégager le consensus le plus large.

La décision prise dimanche soir doit être validée par le parlement. Elle risque d'être vivement contestée par les compagnies RWE, E.ON, Vattenfall et EnBW, qui exploitent les 17 centrales d'Allemagne, notamment en raison du maintien envisagé d'une taxe sur le combustible nucléaire.

Cette taxe, qui devait rapporter 2,3 milliards d'euros par an dès cette année, n'a pas encore été prélevée. Avec l'arrêt immédiat de huit centrales, elle devrait rapporter moins que prévu.

De source politique, on déclare que le gouvernement pourrait renoncer à cette taxe si les quatre exploitants acceptent cette sortie prématurée du nucléaire et renoncent à toute poursuite contre l'Etat en raison de ce revirement inattendu.

Avant la fermeture provisoire des centrales les plus anciennes en mars, le nucléaire fournissait à l'Allemagne 23% de son électricité.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le nucléaire ce week-end à travers le pays.

Avec Andreas Rinke et Hans-Edzard Busemann, Bertrand Boucey pour le service français