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L'accord de partage politique mis en oeuvre en Irak

Les députés irakiens ont réélu le Kurde Djalal Talabani (à gauche) à la présidence du pays en vertu d'un accord sur le partage des principaux postes politiques du pays. Le chiite Nouri al Maliki devrait être reconduit au poste de Premier ministre. /Photo

Les députés irakiens ont réélu le Kurde Djalal Talabani (à gauche) à la présidence du pays en vertu d'un accord sur le partage des principaux postes politiques du pays. Le chiite Nouri al Maliki devrait être reconduit au poste de Premier ministre. /Photo - -

par Khalid al Ansary BAGDAD (Reuters) - Au terme de huit mois de paralysie, les responsables irakiens se sont entendus sur l'attribution des trois...

par Khalid al Ansary

BAGDAD (Reuters) - Au terme de huit mois de paralysie, les responsables irakiens se sont entendus sur l'attribution des trois principaux postes politiques en Irak, avec notamment le maintien du chiite Nouri al Maliki comme Premier ministre.

Le Kurde Djalal Talabani a été réélu dans la soirée au poste de chef de l'Etat et a aussitôt reconduit Maliki dans ses fonctions. Un peu plus tôt, le poste de président du parlement était revenu à Oussama al Noudjaïfi, un sunnite du bloc Irakia de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, arrivé de justesse en tête des élections législatives le 7 mars dernier.

D'autres membres du bloc Irakia entreront au gouvernement et l'un d'eux prendra le poste de ministre des Affaires étrangères. Allaoui lui-même sera placé à la tête d'un nouveau conseil de stratégie politique.

Mais la réélection de Talabani puis la nomination dans la foulée de Maliki, qui dispose désormais d'un délai de trente jours pour former son gouvernement, ont été marquées par le départ d'une soixantaine d'élus, soit les deux tiers, du bloc Irakia. Leur décision illustre les difficultés de la cohabitation à venir.

"Grâce à Dieu, nous avons franchi hier soir une grande étape, ce qui est une victoire pour tous les Irakiens", a déclaré le président du gouvernement autonome kurde, Massoud Barzani, lors d'une conférence de presse jeudi dans la journée à Bagdad.

L'inclusion d'Irakia au sein de ce que Barzani a appelé un gouvernement de "partenariat national" devrait aider à prévenir le risque d'une reprise des violences confessionnelles, après huit mois de bras de fer entre Maliki et Allaoui.

"SAUVER LA FACE"

Nouri al Maliki avait pu conforter son statut de favori à sa propre succession en s'assurant mercredi soir le soutien d'une trentaine de membres du bloc Irakia, arrivé en tête aux élections législatives avec deux sièges de plus que l'alliance du Premier ministre.

"Ce qui est le plus important, c'est que nous soyons enfin sortis de l'impasse", a dit Amer al Fayyadh, doyen de la faculté de sciences politiques à l'université de Bagdad. "La formation d'un gouvernement est maintenant en vue", a-t-il ajouté.

Mais le maintien au pouvoir de Maliki ne peut que déplaire aux "durs" de la communauté sunnite, hostiles à l'influence de l'Iran sur les dirigeants chiites irakiens. Nombre d'entre eux jugeront certainement insuffisantes les garanties obtenues pour la formation du prochain gouvernement.

Minoritaires face aux chiites, les sunnites détenaient les postes-clés du pouvoir du temps de Saddam Hussein.

"Dans tous les cas, nous nous retrouvons dans le même climat qu'en 2005, lorsque les sunnites estimaient être sous-représentés au gouvernement, ce qui avait grandement contribué à l'instabilité du pays", déclare Yahya al Koubaïssi, chercheur à l'Institut irakien des études stratégiques.

Pour lui, le poste réservé à Allaoui à la tête d'un conseil de stratégie vise simplement à tenter de "sauver la face".

avec Souadad al Salhy et Oualid Ibrahim à Bagdad; Jean-Philippe Lefief, Jean-Stéphane Brosse, Guy Kerivel, Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français