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Khashoggi: le numéro 2 de la diplomatie saoudienne critique vivement le rapport de l'ONU

Jamal Kashoggi.

Jamal Kashoggi. - MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP

Un rapport de l'ONU exige une enquête sur la responsabilité du prince héritier saoudien dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Une experte des droits de l'homme de l'ONU a réclamé ce mercredi une enquête internationale sur la responsabilité du prince héritier saoudien dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, réclamant également des sanctions à son encontre.

La rapporteure spéciale des Nations unies, Agnès Callamard, qui a enquêté pendant six mois, tient l'Arabie saoudite pour "responsable" de l'"exécution extrajudiciaire" du journaliste et critique du pouvoir saoudien Jamal Khashoggi, mort brutalement en octobre dernier à l'intérieur du consulat de son pays à Istanbul.

Selon le rapport, "il existe des éléments de preuve crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle de hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier" Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS".

Un "rapport sans fondement"

Ryad, par la voix du numéro deux de la diplomatie saoudienne, a répondu ce mercredi que ce rapport était sans "fondement".

"Le rapport contient des contradictions et des allégations sans fondement, ce qui met en doute sa crédibilité", a affirmé le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, sur Twitter. "Il n'y a rien de neuf. Le rapport répète ce qui a été dit et ce qui a été colporté par les médias", a-t-il ajouté.

La justice saoudienne, la seule "compétente" dans cette affaire

Adel al-Jubeir a réitéré ce mercredi que la justice saoudienne était la seule "compétente" pour juger les suspects dans cette affaire. Dans la procédure lancée devant la justice saoudienne, l'accusation a innocenté le prince héritier et inculpé 11 personnes, réclamant la peine de mort contre cinq d'entre elles.

Le ministre a par ailleurs affirmé que les diplomates des pays membres permanents du Conseil de sécurité -Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine et Russie- ainsi que des représentants de la Turquie et d'organisations saoudiennes de défense des droits humains étaient autorisés à assister aux audiences. Des sources diplomatiques ont indiqué que seule la langue arabe était utilisée lors de ces audiences et que les diplomates n'avaient pas été autorisés à avoir des interprètes.

Demande de suspension du procès

Agnès Callamard souhaite la suspension de ce procès, jugeant que la procédure judiciaire n'a pas respecté les normes internationales. Elle demande également au FBI d'ouvrir une enquête sur le meurtre du journaliste qui était résident américain.

Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Ryad avait avancé plusieurs versions contradictoires et soutient désormais que Khashoggi a été tué lors d'une opération non autorisée par le pouvoir. Mais selon des informations de presse, la CIA considère que l'assassinat a probablement été commandité par le prince héritier, homme fort du royaume saoudien.

Aude Solente avec AFP