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Kadhafi se dit prêt à un cessez-le-feu, mais refuse de partir

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par Lin Noueihed TRIPOLI (Reuters) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à une insurrection sans précédent et à des bombardements de...

par Lin Noueihed

TRIPOLI (Reuters) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à une insurrection sans précédent et à des bombardements de l'Otan, s'est dit prêt samedi à conclure un cessez-le-feu et à entamer des négociations avec l'Alliance atlantique.

Dans un discours de 80 minutes retransmis en direct à la télévision publique tôt samedi, Kadhafi a toutefois réaffirmé qu'il n'avait aucune intention de démissionner ou de quitter le pays et a conditionné la trêve à l'arrêt des frappes aériennes occidentales.

La Libye, a-t-il assuré, se tenant assis derrière un bureau, "est toujours prête à conclure un cessez-le-feu (...) mais un cessez-le-feu ne peut pas venir que d'un seul camp".

"Nous avons été les premiers à saluer l'idée d'un cessez-le-feu et nous avons été le premiers à accepter un cessez-le-feu (...), mais l'attaque des croisés de l'Otan n'a pas pris fin.

"La porte de la paix est ouverte", a insisté le guide de la Révolution.

La Libye est le théâtre depuis le 15 février d'affrontements entre les forces gouvernementales et des forces rebelles qui réclament le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 41 ans, sur fond de soulèvements populaires sans précédent dans le monde arabe.

Les Etats-Unis ont remis fin mars à l'Otan le commandement des opérations militaires entamées pour faire appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu qui prévoit l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen et la protection des civils.

Le colonel libyen estime que les frappes aériennes et les patrouilles navales de l'Otan vont au-delà de ce mandat.

"LA LIBERTÉ OU LA MORT"

Contrairement au discours très violent du 22 février, dans lequel il qualifiait les rebelles de "rats" et promettait de nettoyer la Libye "maison par maison", Kadhafi s'est contenté d'exhorter samedi les rebelles à déposer les armes.

"Nous ne pouvons pas nous battre les uns contre les autres, nous sommes une famille", a-t-il déclaré.

Il a en outre souhaité l'ouverture de négociations avec les pays de l'Otan participant aux opérations militaires.

"Nous ne les avons pas attaqués et nous n'avons pas traversé la mer (...) Pourquoi nous attaquent-ils ?", s'est-t-il interrogé.

"Négocions avec vous, les pays qui nous ont attaqués. Négocions", a-t-il poursuivi.

Si c'est le pétrole que recherchent les pays de la coalition, la négociation de contrats ne constitue pas un problème, a dit Kadhafi, promettant une déroute aux Alliés en cas d'intervention terrestre.

"La liberté ou la mort. Pas de reddition. Pas de peur. Pas de départ", a-t-il dit.

"Je ne vais pas quitter mon pays. Personne ne peut me forcer à quitter mon pays et personne ne peut me dire de ne pas me battre pour mon pays", a-t-il ajouté, trois mois après la chute du président tunisien Zine Ben Ali, chassé du pouvoir par des manifestations sans précédent.

Selon la télévision d'Etat, des avions de l'Otan ont bombardé un site proche du siège de la télévision publique à Tripoli, au moment-même où Mouammar Kadhafi prononçait son discours.

"Un bâtiment jouxtant celui de (la chaîne de télévision) Jamahiriya a été bombardé pendant la diffusion du discours de Mouammar Kadhafi, ce qui fait penser que le guide de la révolution en personne était visé", a indiqué la télévision à l'issue de l'allocution de Kadhafi.

L'une des bombes a laissé un vaste cratère devant le siège du ministère de la Justice, qui n'a pas été endommagé, et deux autres bâtiments administratifs ont été visés. On ignore si le raid a fait des victimes.

Vendredi soir, le gouvernement libyen a proposé une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes d'ici mardi prochain, ajoutant qu'il contrôlait le port de la troisième ville du pays.

La prise du port de Misrata par les forces de Kadhafi n'a pas été confirmée par l'Otan.

Marine Pennetier et Jean-Philippe Lefief pour le service français