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Julian Assange sort de prison et clame son innocence

Julian Assange est ressorti libre de prison jeudi soir, après que la Haute Cour de Londres a confirmé sa libération en appel sous caution. Le fondateur de WikiLeaks souhaite éviter une extradition vers la Suède, où il est poursuivi pour agression sexuelle

Julian Assange est ressorti libre de prison jeudi soir, après que la Haute Cour de Londres a confirmé sa libération en appel sous caution. Le fondateur de WikiLeaks souhaite éviter une extradition vers la Suède, où il est poursuivi pour agression sexuelle - -

par Isabel Coles et Avril Ormsby LONDRES (Reuters) - Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, que la justice suédoise veut entendre dans un dossier...

par Isabel Coles et Avril Ormsby

LONDRES (Reuters) - Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, que la justice suédoise veut entendre dans un dossier d'agressions sexuelles, est sorti de prison jeudi soir, sa libération sous caution ayant été confirmée en appel par la Haute Cour de Londres.

"J'espère poursuivre mon travail et continuer à protester de mon innocence", a-t-il dit, satisfait mais l'air fatigué, devant une foule de journalistes sur les marches du bâtiment de la Haute Cour, après neuf jours de détention à la prison londonienne de Wandsworth.

Il a remercié ses avocats, ses partisans "qui ont foi en lui" à travers le monde et tous ceux qui ont aidé à réunir l'argent de sa caution. Il a aussi remercié "le système judiciaire de Grande-Bretagne où, si la justice n'est pas toujours rendue, au moins elle n'est pas encore morte".

Il a ajouté ensuite que ses avocats avaient entendu une rumeur selon laquelle il avait été inculpé aux Etats-Unis dans l'affaire des "fuites" diplomatiques rendues publiques par WikiLeaks.

"Je ne crains pas trop d'être extradé vers la Suède. J'ai beaucoup plus d'inquiétudes pour ce qui est des Etats-Unis", a-t-il dit, ajoutant cependant que son inculpation par un tribunal fédéral n'était pas confirmée.

UNE CAUTION DE 200.000 LIVRES

Vêtu d'un costume noir et d'une chemise blanche sans cravate, Assange a brandi devant la foule son dossier, "la justice suédoise contre Julian Paul Assange", avant d'embarquer à bord d'une voiture.

Un tribunal de Londres avait accepté mardi sa remise en liberté en échange d'une caution de 200.000 livres sterling (236.000 euros) et d'un contrôle judiciaire strict mais la décision avait été bloquée par un appel des procureurs au nom des autorités suédoises.

Julian Assange veut éviter une extradition vers la Suède où la justice enquête sur des faits d'agression sexuelle contre deux jeunes femmes travaillant pour son site internet, spécialisé dans la publication de documents confidentiels.

"Il souhaite manifestement laver son honneur parce que sinon ces accusations resteront suspendues au-dessus de sa tête", a fait valoir le président de la Haute Cour, Duncan Ouseley.

Dans sa décision, la juridiction d'appel précise que Julian Assange devra demeurer à Ellingham Hall, un manoir de l'est de l'Angleterre appartenant à l'un de ses riches partisans, un ancien officier devenu ensuite correspondant de guerre, Vaughan Smith.

Il devra justifier de sa présence chaque jour auprès de la police et porter un bracelet électronique.

Le ministère public avait exprimé son opposition à une liberté sous caution affirmant qu'il existait "un important risque de fuite". L'incertitude demeure sur le point de savoir si la demande de refus de mise en liberté sous caution émanait du ministère public britannique ou du parquet de Suède.

DANS LE VISEUR DE LA JUSTICE AMÉRICAINE

Un porte-parole à Stockholm a affirmé que l'affaire était entièrement entre les mains de la justice anglaise mais le procureur général de Grande-Bretagne a dit à la BBC avoir agi comme intermédiaire pour le gouvernement suédois.

La question de l'extradition éventuelle de Julian Assange fera l'objet d'une audience début février. Ses avocats redoutent que les Etats-Unis ne l'inculpent d'espionnage pour la publication de documents secrets sur WikiLeaks.

La justice américaine tente d'établir si Julian Assange a conspiré avec un ancien analyste du renseignement militaire soupçonné d'avoir transmis des documents classés extraits des serveurs du Pentagone et du département d'Etat.

L'objectif du ministère américain de la Justice est de déterminer si Julian Assange a incité ou aidé le soldat Bradley Manning à faire 'fuiter' ces documents. S'ils y parviennent, les procureurs fédéraux pourraient l'inculper de conspiration, dit le New York Times qui cite une source proche de l'affaire.

Les procureurs examineraient notamment une discussion électronique entre Bradley Manning et un ancien pirate informatique, Adrian Lamo, qui a prévenu les autorités. Manning s'y targuerait d'avoir été en communication directe avec Assange alors qu'il téléchargeait les documents. Un porte-parole du département de la Justice s'est refusé à tout commentaire.

Face à l'embarras provoqué par la publication de télégrammes du département d'Etat, l'administration américaine étudie les moyens d'engager des poursuites judiciaires contre WikiLeaks, qui pourraient s'appuyer sur une loi de 1917 contre l'espionnage.

Dans sa prison londonienne, Julian Assange a occupé une cellule qui avait été un moment celle de l'écrivain Oscar Wilde, condamné pour atteinte aux bonnes moeurs dans les années 1890, a précisé son avocat, Mark Stephens.

Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse, Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français