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Juan manuel santos remporte la présidentielle en colombie

L'ancien ministre de la Défense Juan Manuel Santos, dauphin du président sortant Alvaro Uribe, a remporté l'élection présidentielle dimanche en Colombie pour laquelle il faisait figure de favori. /Photo prise le 20 juin 2010/REUTERS/Jose Miguel Gomez

L'ancien ministre de la Défense Juan Manuel Santos, dauphin du président sortant Alvaro Uribe, a remporté l'élection présidentielle dimanche en Colombie pour laquelle il faisait figure de favori. /Photo prise le 20 juin 2010/REUTERS/Jose Miguel Gomez - -

par Patrick Marley et Jack Kimball BOGOTA (Reuters) - L'ancien ministre de la Défense Juan Manuel Santos, dauphin du président sortant Alvaro Uribe,...

par Patrick Marley et Jack Kimball

BOGOTA (Reuters) - L'ancien ministre de la Défense Juan Manuel Santos, dauphin du président sortant Alvaro Uribe, a remporté l'élection présidentielle dimanche en Colombie pour laquelle il faisait figure de favori.

Juan Manuel Santos, 58 ans, a remporté 69% des suffrages, tandis que l'ancien maire de Bogota Antanas Mockus n'a obtenu que 27,6%, selon un décompte effectué après dépouillement de plus de 98% des bureaux de vote.

Antanas Mockus a concédé sa défaite et souhaité bonne chance à son rival.

Juan Manuel Santos, candidat du Partido de la U d'Alvaro Uribe, a promis de poursuivre la politique menée par son prédécesseur en matière de sécurité et favorable aux entreprises, laquelle a attiré des niveaux records d'investissement dans le pays, principal allié des Etats-Unis en Amérique latine.

Alvaro Uribe quittera le pouvoir en août. Il reste populaire après deux mandats durant lesquels il s'est fermement attaqué à la guérilla marxiste des Farc et a désarmé les paramilitaires qui semaient la terreur dans le pays.

Les violences dans le pays ne sont pas terminées : sept policiers ont trouvé la mort en ce jour d'élection dans l'explosion d'une mine près de la frontière vénézuélienne, tandis que l'armée abattait six guérilleros dans des affrontements.

Juan Manuel Santos a reçu plus de 8,8 millions de voix, un record pour un président colombien. Il prendra ses fonctions en août avec un mandat solide et un fort soutien du parlement.

"Tout ce que j'ai à dire est merci, merci et un millier de mercis", a déclaré Santos sur Facebook.

Le nouveau président, qui a été aussi ministre des Finances, devra gérer un taux de chômage représentant de 12,4% de la population active. Il s'est engagé à réduire un déficit public relativement important qui devrait atteindre 4,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année.

La croissance économique, qui n'a été que de 0,4% l'an dernier, devrait s'accélérer pour atteindre 3% en 2010.

Les tensions avec le Venezuela voisin du président Hugo Chavez devraient persister, même si ce dernier a dit que le nouveau chef d'Etat colombien serait le bienvenu quel qu'il soit.

BOOM PÉTROLIER ET MINIER

Plusieurs sujets de frictions demeurent en effet entre les deux pays : les accusations selon lesquelles les rebelles colombiens utilisent le territoire vénézuélien, l'utilisation par Washington de bases militaires en Colombie, sans oublier une série de prises de bec entre Hugo Chavez et Juan Manuel Santos.

Juan Manuel Santos, économiste de formation - il a étudié aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne - avait facilement remporté le premier tour, avec un peu moins de 50% des suffrages.

Son rival Antanas Mockus, candidat du petit Parti vert, n'avait rallié que 22% des suffrages au premier tour alors que les sondages l'avaient placé bien plus haut. Il avait défié les partis traditionnels en faisant campagne contre la corruption.

"Le Parti vert sera une force indépendante", a-t-il déclaré après avoir reconnu sa défaite. "Des millions d'entre nous ont trouvé une nouvelle manière de faire de la politique."

Depuis l'arrivée au pouvoir d'Alvaro Uribe en 2002, les violences, enlèvements et autres attentats à la bombe ont fortement baissé grâce aux milliards de dollars distribués par les Etats-Unis pour combattre la guérilla et les barons de la drogue.

Désormais plus sûre, la Colombie connaît un boom pétrolier et minier. En février, la justice a bloqué une tentative des supporters d'Uribe qui voulaient modifier la constitution pour lui permettre de prétendre à un nouveau mandat.

Cette décision avait déclenché une forte et intense campagne pour savoir qui succéderait au chef de l'Etat dont la cote de popularité tourne encore autour de 70%.

Le second mandat d'Uribe a été entaché par des affaires de corruption et des violations des droits humains, avec notamment des arrestations d'élus pour collusion avec les escadrons de la mort et une enquête à propos d'espions ayant procédé à des écoutes illégales de journalistes et de juges.

Juan Manuel Santos, fils d'une des grandes familles de Bogota, s'est distancé des scandales, se dépeignant comme un technocrate d'expérience et un gestionnaire mû par la culture du résultat.

En tant que ministre de la Défense, il a supervisé certains des coups les plus durs portés à la guérilla. Il a dirigé une très grosse opération visant à libérer des otages aux mains des rebelles, parmi lesquels figuraient l'ancienne candidate à la présidentielle Ingrid Betancourt et trois Américains.

Mais l'armée dont il est le responsable a été accusée d'avoir tué des civils pour gonfler les bilans des combats. L'affaire avait coûté leur poste au chef des armées et à 27 officiers mais Santos y a survécu. Il a dit avoir fait en sorte de faire cesser ces pratiques.

Bureau de Bogota, Danielle Rouquié pour le service français