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James Bond ? rien de plus qu'un gangster selon john le carré

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LONDRES (Reuters) - James Bond n'est rien de plus qu'un gangster international qui se serait vendu au pays où il aurait trouvé les plus jolies...

LONDRES (Reuters) - James Bond n'est rien de plus qu'un gangster international qui se serait vendu au pays où il aurait trouvé les plus jolies filles et les meilleurs martinis, selon l'écrivain John le Carré.

Pour le créateur de l'espion George Smiley, le personnage de son compatriote Ian Fleming n'a rien d'un espion, et il le pensait déjà en 1966, dans une interview que la chaîne BBC4 s'apprête à rediffuser dans l'émission "In their own words" ("Selon leurs propres mots"), qui réunit des images d'archives de grands noms de la littérature britannique.

"Je n'aime pas Bond. Je ne suis pas sûr qu'il soit un espion. Je pense que c'est une grande erreur quand on parle de romans d'espionnage d'inclure Bond dans cette catégorie", disait-il à l'époque.

"Il me semble qu'il s'agit davantage d'une sorte de gangster international, avec, comme il est dit, un permis de tuer. Cet homme est dégagé de tout contexte politique. Bond se moque par exemple de savoir qui est président des Etats-Unis ou de l'Union des républiques soviétiques."

Quarante-quatre années ont quelque peu adouci John le Carré.

"Aujourd'hui, je serai nettement plus clément. J'imagine que nous avons un peu perdu de vue les romans au profit des films, n'est-ce pas ?", a-t-il dit au magazine Radio Times après avoir revu son interview de 1966.

Les romans de Fleming et les films qui en ont été tirés sont riches en combats acharnés et en gadgets spectaculaires, contrairement aux oeuvres de John le Carré, parmi lesquelles "L'Espion qui venait du froid" ou, plus récemment, "La Constance du jardinier", tous deux également adaptés au cinéma.

"Aux origines de Bond, il y avait quelque chose de néo-fasciste et totalement matérialiste. On a le sentiment qu'il aurait pu accomplir les mêmes pitreries pour n'importe quel pays, du moment que les filles y auraient été aussi jolies et les martinis aussi savoureux."

Le Carré, qui a travaillé pour le MI5 et le MI6 dans les années 1950 et 1960, a également mis en doute la crédibilité des romans de Fleming.

"Dans 'L'Espion qui venait du froid', je savais que je décrivais la réalité, tandis que les récits de Fleming sont une imagination délibérée à partir d'expériences qu'il a vécues confortablement à New York."

Isobel Coles. Gregory Schwartz pour le service français