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Italie: polémique autour du Salon du livre de Turin, qui a invité un éditeur néofasciste

Image d'illustration - Salon du livre de Turin en 2010

Image d'illustration - Salon du livre de Turin en 2010 - Giuseppe Cacace - AFP

"Nous étions préparés aux polémiques mais pas à ce niveau hallucinant de méchancetés", s'est indigné le directeur d'Altaforte, la maison d'édition pointée du doigt, Francesco Polacchi.

La présence d'un stand de la maison d'édition d'Altaforte, ouvertement néofasciste, au Salon du livre de Turin qui s'ouvre jeudi, a déclenché une vive polémique en Italie et un débat sur la nécessité ou non de boycotter l'événement.

"Nous étions préparés aux polémiques mais pas à ce niveau hallucinant"

Proche du mouvement néofasciste CasaPound, Altaforte sera notamment présente à Turin avec un livre d'entretiens du ministre italien de l'Intérieur, et chef de file de l'extrême droite Matteo Salvini. Il est titré Je suis Salvini, et signé de la journaliste Chiara Giannini.

"Nous étions préparés aux polémiques mais pas à ce niveau hallucinant de méchancetés. Certains ont carrément annoncé sur internet qu'ils viendraient à Turin pour nous lancer des cocktails Molotov", s'est indigné le directeur d'Altaforte, Francesco Polacchi.

"Tout ça pour un livre sur un homme politique soutenu par un Italien sur trois", a ajouté mardi dans le quotidien La Stampa l'éditeur, qui se déclare ouvertement fasciste. Il n'hésite pas à qualifier Benito Mussolini de "meilleur homme d'Etat italien". Dans un communiqué, l'éditeur déclare que certains de ses propos ont été déformés, et parle de "censure".

Boycott d'auteurs et d'éditeurs

Plusieurs éditeurs et auteurs se sont insurgés contre la présence d'Altaforte au salon, qu'ils considèrent être une tribune offerte à l'extrême-droite. Certains, comme le collectif d'écrivains italiens Wu Ming ou le dessinateur et auteur de BD à succès Zerocalcare, ont annoncé qu'ils boycotteraient l'événement, l'un des plus importants rendez-vous annuels de l'édition italienne.

Dans une lettre adressée lundi au comité d'organisation, une survivante de la Shoah et le directeur du musée d'Auschwitz, Piotr Cywinski, ont réclamé le retrait du stand d'AltaForte sous peine d'annuler leur venue.

"Vous ne pouvez pas demander à des survivants de partager les lieux avec des gens qui mettent en doute les faits historiques qui ont conduit à la Shoah", écrivent-ils dans ce courrier publié par la presse.

D'autres ont toutefois confirmé leur présence, comme l'éditeur Stefano Mauri, qui a dit "préférer combattre l'ignorance avec de bons livres". "A coup sûr, nous n'abandonnerons pas le terrain parce que les idées doivent être combattues par des idées plus fortes encore", a déclaré sur Facebook la maire de Turin, Chiara Appendino, membre du Mouvement 5 Etoiles (antisystème). "Turin est anti-fasciste", martèle-t-elle.

Salomé Vincendon avec AFP