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Israël rapatrie son ambassadeur au Caire après une attaque

Heurts devant l'ambassade d'Israël au Caire. Israël a rapatrié samedi son ambassadeur en Egypte après que des centaines de manifestants s'en sont pris au hall d'entrée de sa mission diplomatique au Caire sans toutefois parvenir à accéder aux autres partie

Heurts devant l'ambassade d'Israël au Caire. Israël a rapatrié samedi son ambassadeur en Egypte après que des centaines de manifestants s'en sont pris au hall d'entrée de sa mission diplomatique au Caire sans toutefois parvenir à accéder aux autres partie - -

par Sami Aboudi et Mohamed Abdellah LE CAIRE (Reuters) - Israël a rapatrié samedi son ambassadeur en Egypte après que des centaines de manifestants...

par Sami Aboudi et Mohamed Abdellah

LE CAIRE (Reuters) - Israël a rapatrié samedi son ambassadeur en Egypte après que des centaines de manifestants s'en sont pris au hall d'entrée de sa mission diplomatique au Caire sans toutefois parvenir à accéder aux autres parties du bâtiment.

Cet incident a un peu plus plongé le gouvernement militaire égyptien chargé de la transition dans une crise avec son voisin hébreu depuis la mort de cinq gardes-frontières tués par Tsahal dans le désert du Sinaï le mois dernier.

L'ambassadeur Yitzhak Levanon, sa famille et le personnel diplomatique ont été conduits à l'aéroport du Caire sous escorte renforcée avant d'embarquer pour un vol à destination de Tel Aviv.

Le saccage d'une partie des locaux de l'ambassade s'est produit après le rassemblement dans la journée de plusieurs milliers de personnes sur la place Tahrir, lieu emblématique de la contestation populaire qui avait conduit à la chute du président Hosni Moubarak en février.

Environ 2.000 protestataires se sont alors déplacés de l'autre côté du Nil, à Gizeh située en face de la vieille ville du Caire et ont commencé à utiliser des marteaux et des barres de fer pour abattre un mur de protection érigé par les autorités égyptiennes ce mois-ci autour des locaux consulaires.

Les émeutiers ont réussi à pénétrer dans l'entrée de l'ambassade abritée dans une tour d'immeuble mais n'ont pas pu investir le reste des locaux situés dans les étages.

Des documents, principalement des brochures et des formulaires conservés à la réception, ont été jetés par les fenêtres et le drapeau israélien a été brûlé, a indiqué un responsable israélien s'exprimant depuis Jérusalem.

"L'accès à l'ambassade elle-même n'a pas été forcé", a indiqué ce responsable.

DEMANDE D'ASSISTANCE AUX ETATS-UNIS

Israël a toutefois demandé l'assistance des Etats-Unis pour assurer la protection de sa représentation diplomatique dans la capitale égyptienne.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a indiqué dans un communiqué s'être entretenu avec son homologue américain Leon Panetta et avec l'émissaire de l'administration Obama, Dennis Ross. Ehud Barak leur a "demandé de protéger l'ambassade des manifestants".

Barack Obama qui s'est entretenu avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est déclaré préoccupé et a annoncé que les Etats-Unis allaient prendre des mesures pour régler la situation sans nouvelles violences.

Dans un communiqué diffusé par la Maison blanche, le président américain a appelé le gouvernement égyptien "à honorer ses obligations internationales de garantie de la sécurité de l'ambassade d'Israël".

Le ministère égyptien de l'Intérieur a décrété l'état d'alerte et a annulé tous les congés dans la police alors qu'une réunion ministérielle de crise se tenait dans la soirée autour du chef du gouvernement Essam Charraf.

Selon des témoins, l'un des documents jetés était une demande de l'ambassade d'Israël adressée au ministère égyptien des Affaires étrangères pour obtenir un permis de port d'arme pour un attaché consulaire.

Des témoins ont rapporté que les manifestants ont également essayé d'investir un bâtiment de la police dans le même quartier et ont incendié un immeuble voisin ainsi que deux véhicules des forces de l'ordre.

Quelque 500 personnes auraient été blessées au cours de la journée dans les heurts entre la police et les émeutiers qui ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogène et de semonce.

Les manifestants réunis place Tahrir vendredi demandaient l'établissement d'un calendrier précis pour l'instauration de la démocratie et la fin des procès militaires contre des civils.

Les tensions entre l'Egypte et Israël, liés par l'accord de paix de 1979, se sont accrues depuis la mort de cinq gardes-frontières égyptiens dans le Sinaï lors d'une opération de l'armée israélienne qui traquait des hommes armés qui avaient assassiné huit Israéliens.

Après cet incident, les autorités du Caire avaient menacé de retirer leur ambassadeur en Israël et l'Etat hébreu n'avait pas présenter d'excuses affirmant que l'enquête sur les circonstances de la mort des gardes-frontières était en cours.

"Ces actions montrent l'état de colère et de frustration que les jeunes révolutionnaires égyptiens éprouvent à l'égard d'Israël en particulier depuis les récentes attaques israéliennes sur la frontière égyptienne", a expliqué l'analyste politique Nabil Abdel Fattah.

Le candidat à l'élection présidentielle, Hamdeen Sabahy, a souhaité que l'armée adopte "une position de fermeté tenant compte de la colère publique" à l'égard d'Israël, tout en reconnaissant que la violence ternissait l'image de la révolution égyptienne.

Avec Dan Williams à Jérusalem; Pierre Sérisier pour le service français