BFMTV
International

Israël : le Likoud en tête, percée du centre gauche

Partisans du Likoud réunis au siège du parti, à Tel Aviv.

Partisans du Likoud réunis au siège du parti, à Tel Aviv. - -

Le Likoud-Beitenou du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est en tête des législatives, mais aura besoin d'alliés pour former sa majorité. Les Travaillistes ont annoncé qu'ils ne rejoindront pas la coalition.

Benjamin Netanyahu reste en poste. Le Likoud-Beitenou (droite) du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est en tête des législatives de mardi en Israël, mais les formations de centre gauche réalisent une percée inattendue qui pourrait compliquer la formation de la prochaine coalition gouvernementale, selon les sondages réalisés à la sortie des urnes. Trois enquêtes effectuées pour la télévision créditent le mouvement de Netanyahu de 31 des 120 sièges à la Knesset, soit onze de moins que dans l'Assemblée sortante. « Selon les sondages de sortie des urnes, il est clair que les Israéliens ont décidé qu'ils souhaitaient me voir continuer à servir en tant que Premier ministre et former un gouvernement aussi ouvert que possible », a aussitôt écrit Netanyahu sur sa page Facebook.
La droite remporterait 61 ou 62 des 120 sièges de la Knesset, le centre gauche 58 ou 59. Le nouveau parti centriste Yesh Atid ("Un Avenir existe"), de l'ancienne vedette de la télévision Yaïr Lapid, arriverait en deuxième position avec 18 ou 19 sièges, devant le Parti travailliste (gauche), avec 17 députés, et Bayit Yehudi ("Le Foyer juif") de Naftali Bennett à l'extrême droite, crédité de 12 élus. Hatnuah, de l'ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, aurait sept sièges.
Les électeurs israéliens se sont déplacés en nombre pour ces élections. Les bureaux de vote, qui avaient ouvert à 07h00 (05h00 GMT), ont fermé à 22h00 (20h00 GMT). Deux heures avant la clôture du scrutin, la participation était de 63,7% des quelque 5,66 millions d'inscrits, quatre points de plus qu'à la même heure lors des précédentes législatives de 2009. La participation finale avait alors frôlé les 66%.
« Allez voter afin que nous puissions gouverner Israël, parce que nous ne savons vraiment pas comment tout cela va finir », avait lancé dans l'après-midi Benjamin Netanyahu au siège du Likoud, à Tel Aviv, signe que la forte mobilisation des électeurs l'inquiétait.

La colonisation maintenue

« Le gouvernement du Likoud est en danger. Je vous demande de tout abandonner et d'aller tout de suite voter. C'est très important pour assurer l'avenir d'Israël », a-t-il écrit plus tard sur sa page Facebook. Les premiers résultats officiels sont attendus mercredi matin. Débuteront alors les grandes manœuvres en vue de former le prochain gouvernement, ce qui pourrait prendre du temps.
Malgré l'opposition de ses partenaires occidentaux et des relations déjà très tendues avec le président américain Barack Obama, Netanyahu s'est engagé à poursuivre la colonisation des terres palestiniennes occupées lors de la guerre des Six-Jours de 1967.
« L'époque où des bulldozers expulsaient des juifs est derrière nous, pas devant », a-t-il annoncé dans une interview parue la semaine dernière dans le quotidien Maariv. « Nous voulons la réussite d'Israël, nous votons Likoud-Beitenou », a-t-il déclaré après avoir mis son bulletin de vote dans l'urne aux côtés de sa femme et de ses deux fils. Yesh Atid n'exclut pas de participer à une coalition avec Netanyahu, mais réclame que les jeunes juifs orthodoxes accomplissent leur service militaire et pourrait avoir du mal à cohabiter avec des formations religieuses à l'autre extrémité d'un arc de coalition.

Le Parti travailliste pas au gouvernement

Pour sa part, le Parti travailliste, désormais dirigé par la journaliste Shelly Yachimovich, a exclu de reproduire le schéma de 2009, qui l'avait vu entrer initialement au gouvernement Netanyahu en promettant de promouvoir les négociations de paix avec les Palestiniens.
L'avance dans les sondages du Likoud, qui a fait alliance avec les ultranationalistes d'Israël Beitenou, s'était réduite ces dernières semaines au profit du Bayit Yehudi, hostile à la création d'un Etat palestinien et favorable à l'expansion des colonies juives de Cisjordanie. En Israël, jamais un parti n'a obtenu la majorité absolue et Benjamin Netanyahu devra lui aussi recourir à des alliances diverses pour atteindre la majorité. Se décrivant lui-même comme partenaire naturel du Premier ministre, Naftali Bennett a assimilé durant la campagne la création d'un Etat palestinien indépendant à un suicide pour Israël. Il réclame l'annexion de 60% de la Cisjordanie, que les colons nomment "Judée-Samarie". Les pourparlers israélo-palestiniens ont été rompus un mois après leur relance de septembre 2010 sous l'égide des Etats-Unis. Ils sont restés depuis au point mort.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a fait savoir qu'il ne retournerait pas à la table des négociations avant un gel du développement des colonies juives. Or Benjamin Netanyahu a donné son feu vert à la construction de quelque 11 000 logements pour le seul mois de décembre. Le Premier ministre sortant place en outre l'Iran et son programme nucléaire au sommet de ses priorités, affirmant qu'il ne laissera pas Téhéran franchir le seuil d'enrichissement de l'uranium qui lui permettrait de se doter de l'arme atomique.

La rédaction avec Reuters