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Islamabad confronté à des questions sur la présence de Ben Laden

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par Kamran Haider ABBOTTABAD, Pakistan (Reuters) - Le Pakistan présente la mort d'Oussama ben Laden comme un "important revers pour les...

par Kamran Haider

ABBOTTABAD, Pakistan (Reuters) - Le Pakistan présente la mort d'Oussama ben Laden comme un "important revers pour les organisations terroristes" dans le monde mais n'en sera pas moins confronté inévitablement à des questions sur la présence du chef d'al Qaïda dans une résidence proche de sa capitale.

Oussama ben Laden a été tué lors d'un raid héliporté de commandos américains qui ont donné l'assaut à la résidence où il vivait, à Abbottabad, ville située à moins de deux heures de route d'Islamabad et qui abrite une académie militaire.

"La mort d'Oussama ben Laden illustre la détermination de la communauté internationale, y compris du Pakistan, à combattre et éliminer le terrorisme", dit un communiqué du gouvernement pakistanais. "Elle constitue un important revers pour les organisations terroristes partout dans le monde".

Le Pakistan n'a pas précisé s'il avait été impliqué dans l'opération et le gouvernement a mis plusieurs heures avant de réagir officiellement, ce qui donne à penser qu'il pourrait avoir été pris par surprise.

Le fait que Ben Laden ne se cachait pas dans les montagnes à la frontière afghane mais séjournait dans une ville abritant la principale académie militaire du pays ainsi que de nombreux officiers en activité ou retraités, tend à accréditer la thèse de ceux qui affirment depuis longtemps que le Pakistan joue un double jeu.

Il y a seulement dix jours, le chef de l'armée pakistanaise s'est adressé aux cadets dans cette même académie militaire d'Abbottabad, affirmant que les militaires pakistanais avaient brisé les reins des activistes liés à al Qaïda et aux taliban.

Washington a dans le passé accusé le Pakistan de maintenir des liens avec des activistes combattant les forces américaines en Afghanistan. Les relations se sont détériorées ces derniers mois à la suite d'attaques menées par des drones américains et d'activités de la CIA dans le pays.

LES CRAINTES INDIENNES

L'Isi, puissant service de renseignement pakistanais, est soupçonné depuis longtemps de liens avec le réseau Haqqani, entretenus dans les années 1980 lorsque Jalaluddin Haqqani était un chef militaire redouté dans la lutte contre les troupes soviétiques en Afghanistan.

L'Inde n'a pas tardé lundi à affirmer que l'annonce de la mort de ben Laden à Abbottabad justifie "les craintes que des terroristes appartenant à différentes organisations trouvent refuge au Pakistan".

"L'Inde a observé depuis longtemps que les autorités pakistanaises fournissent un soutien aux groupes terroristes tout en le niant", a réagi pour sa part Uday Bhaskar, ancien directeur de l'Institut pour les Etudes et Analyses de Défense.

"Leur soutien au terrorisme constitue une option stratégique vis-à-vis de l'Inde et il convient de dessiller les yeux des Américains", dit-il.

"Pendant un certain temps, il y aura pas mal de tensions entre Washington et Islamabad parce qu'il semble que Ben Laden vivait si près d'Islamabad", prédit pour sa part Imtiaz Gul, un spécialiste pakistanais de la sécurité.

"Si l'Isi le savait, alors quelqu'un au sein de l'Isi aura laissé filtrer cette information".

LIEU DE VILLÉGIATURE PRISÉ

Abbottabad est un lieu de villégiature prisé en été, situé dans une vallée verdoyante à proximité du Cachemire pakistanais. Des activistes islamistes, en particulier ceux qui combattent au Cachemire sous contrôle indien, disposaient de camps d'entraînement à proximité de la ville.

Amir Haider Khan Hoti, ministre président du Khyber-Pakhtunkhwa, province dont fait partie Abbottabad, a déclaré à des journalistes à Karachi que le Pakistan n'avait pas été tenu au courant de l'opération.

"Nous n'avons pas été informés, il y a eu une explosion vers 1h15 et lorsque, après l'explosion, la police est arrivée sur place, la zone était déjà interdite d'accès".

Des médias locaux ont rapporté qu'un hélicoptère s'était écrasé dimanche soir à Abbottabad et que l'on déplorait un mort et deux blessés.

Les informations initiales faisaient état d'un hélicoptère pakistanais, mais les capacités de vol de nuit des hélicoptères pakistanais sont limitées et selon d'autres informations ainsi que des témoins, il s'agissait d'un hélicoptère américain qui a fait un atterrissage forcé à la suite de problèmes mécaniques.

Des témoins disent avoir entendu des tirs nourris avant que l'un des deux hélicoptères, qui volaient très bas, s'écrase.

Avec Rebecca Conway, Zeeshan Haider, Augustine Anthony, Faisal Mehmood et Chris Allbritton, Nicole Dupont pour le service français, édité par Gilles Trequesser