BFMTV
International

Irak: un 7e Français condamné à mort pour appartenance au groupe Daesh

Drapeau de Daesh (illustration) - A

Drapeau de Daesh (illustration) - A - HMAD AL-RUBAYE / AFP

En quatre jours, sept jihadistes français ayant rejoint l'organisation terroriste Daesh ont été condamnés à la peine capitale. Ils disposent de 30 jours pour faire appel de cette sentence. La France assure "multiplier les démarches pour éviter la peine de mort" à ces ressortissants.

Un tribunal de Bagdad a condamné à mort ce mercredi Yassine Sakkam pour appartenance au groupe jihadiste Daesh, portant à sept le nombre de Français ayant écopé en quatre jours de la peine capitale dans ce pays. Selon la loi irakienne, quiconque ayant rejoint une organisation "terroriste" -qu'il ait ou non combattu - est passible de la peine de mort.

"Je reconnais avoir fait allégeance (à Daesh). Je touchais un salaire de 70 dollars" par mois, a livré lors de l'audience le jeune homme de 29 ans, l'un des Français de Daesh les plus médiatisés.

"J'étais énervé"

"En France, je ne m'intéressais à rien, ni à la Palestine, ni à l'Irak, ni à la guerre. Je pensais seulement à gagner de l'argent. Entre deux verres (d'alcool) et de la cocaïne, j'ai appelé mon frère (en Syrie) et je lui ai dit: 'je viens te voir'", a-t-il raconté. Le juge cherche alors à savoir où se trouve son frère, ce à quoi il répond: "Il s'est fait exploser à la frontière irakienne."

"Je regrette, je demande pardon à l'Etat irakien et aux victimes", a-t-il poursuivi.

Plus tôt dans la journée, le même tribunal avait condamné à mort un Tunisien, Mohammed Berriri, âgé de 24 ans, pour la même accusation. Ce dernier a indiqué avoir fait partie de différentes "brigades" de Daesh où il était employé comme garde. "Je regrette d'avoir rejoint Daesh", a-t-il concédé.

"Je suis parti en Syrie parce que j'étais énervé et que je pensais que Daesh défendait les plus faibles. Aujourd'hui, j'ai vu la vérité sur Daesh et je n'ai plus rien à voir avec cette organisation", a-t-il ajouté.

Mohammed Berriri et Yassine Sakkam ont été arrêtés en Syrie puis transférés en janvier en Irak avec un groupe de dix Français soupçonnés d'être jihadistes. Six d'entre eux ont été condamnés à mort depuis dimanche pour avoir rejoint Daesh. Brahim Nejara, 33 ans, accusé par le renseignement français d'avoir facilité l'envoi de jihadistes vers la Syrie, et Karam El Harchaoui, qui aura 33 ans jeudi, ont été condamnés à mort mardi par un tribunal de Bagdad.

Dimanche et lundi, Kévin Gonot, Léonard Lopez, Salim Machou et Mustapha Merzoughi ont eux aussi été condamnés à la peine capitale par pendaison. Les condamnés ont 30 jours pour faire appel, et l'avocat français de Léonard Lopez a déjà annoncé qu'il le ferait.

"Eviter la peine de mort"

Mardi, la France a affirmé qu'elle "multipli(ait) les démarches pour éviter la peine de mort" à ces ressortissants, alors que Paris milite de longue date pour l'abolition de la peine capitale dans le monde. Les défenseurs des droits humains dénoncent par ailleurs "de vrais risques de torture" et "aucune garantie pour des procès équitables" en Irak, 12e pays le plus corrompu au monde selon l'ONG Transparency International. Bagdad a déjà condamné plus de 500 étrangers de Daesh - hommes et femmes - mais aucun n'a jusqu'ici été exécuté.

Cette série de verdicts relance le débat sur l'épineuse question des jihadistes étrangers: le retour dans leur pays d'origine suscite un vif rejet dans l'opinion publique en Europe, où des Etats comme la France refusent dans le même temps la peine de mort et tout retour - et jugement - de ses ressortissants affiliés à Daesh.

Ambre Lepoivre avec AFP