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Irak: le premier ministre ordonne l'exécution "immédiate" des terroristes condamnés à mort

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi (droite) aux côtés du leader chiite Moqtada al-Sadr, le 23 juin 2018 à Najaf (Irak)

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi (droite) aux côtés du leader chiite Moqtada al-Sadr, le 23 juin 2018 à Najaf (Irak) - HAIDAR HAMDANI / AFP

Plusieurs centaines de jihadistes sont concernés par cet ordre. La date de ces pendaisons massives n'a pas encore été déterminée.

Le Premier ministre irakien, critiqué pour son manque de fermeté après la découverte des corps de huit Irakiens enlevés par Daesh, a ordonné jeudi l'exécution "immédiate" des centaines de jihadistes condamnés à mort, dont des femmes et des étrangers.

L'annonce de ces pendaisons massives, à une date qui n'a pas encore été fixée mais qui devrait intervenir rapidement, est la réponse de Haider al-Abadi au premier défi de taille que lui a lancé l'EI depuis l'annonce en décembre de la victoire sur l'organisation extrémiste.

Elle intervient en effet au lendemain de la découverte des corps de huit Irakiens enlevés par l'EI, qui avait diffusé une vidéo d'hommes au visage tuméfié en annonçant leur mort prochaine si des femmes jihadistes n'étaient pas libérées.

Des étrangers concernés

"Le Premier ministre ordonne la punition immédiate des terroristes condamnés à mort et dont les peines ont passé le degré décisif", a annoncé Haider al-Abadi dans un communiqué, voulant dire que leur appel a été rejeté et que la peine capitale a été ratifiée par la présidence.

Plus de 300 personnes, dont une centaine d'étrangères, ont été condamnées à mort en Irak, et autant d'autres à la prison à perpétuité, pour appartenance à Daesh, avait-on indiqué en avril de source judiciaire.

La plupart des condamnées sont Turques ou originaires des anciennes républiques de l'Union soviétique. En outre figure notamment un Russe et le Belge Tarik Jadaoun, qui avait rejoint Daesh en 2014 sous le nom de guerre d'Abou Hamza al-Belgiki.

La vidéo diffusée samedi par l'organe de propagande de Daesh, Amaq, constitue le premier chantage public des jihadistes sur les autorités depuis que les forces irakiennes ont chassé Daesh de toutes ses places fortes.

"Crimes"

Critiqué sur les réseaux sociaux pour son manque de réaction après la découverte des cadavres à proximité de la route Bagdad-Kirkouk, Haider al-Abadi a changé de ton jeudi.

"Je promets que nous tuerons ou arrêterons ceux qui ont commis ces crimes, de la même manière dont nous avons promis de libérer le pays", a-t-il déclaré lors d'une réunion au siège du commandement des opérations conjoint (JOC) à Bagdad, en présence des ministres de l'Intérieur et de la Défense.
"Nous allons aussi découvrir ceux qui ont fourni des informations à la cellule terroriste", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a relevé que le chantage était d'autant plus odieux que selon le rapport de la morgue, Daesh a assassiné ces otages il y a cinq jours, "ce qui veut dire qu'ils étaient déjà morts quand les terroristes ont posté leur vidéo afin d'essayer de nous tromper", a-t-il souligné.

Critiques 

En 2017, au moins 111 personnes avaient été pendues dans le pays. En 2018, l'Irak a procédé à l'exécution de 13 personnes, dont 11 condamnées pour "terrorisme".

L'Irak fait régulièrement l'objet de critiques de la part d'organisations des droits de l'Homme qui dénoncent les nombreuses condamnations à mort prononcées quasi quotidiennement par des tribunaux antiterroristes.

Environ 20.000 personnes ont été arrêtées au cours de la contre-offensive lancée par les troupes irakiennes pour repousser les jihadistes, qui avaient pris le contrôle d'une grande partie du pays en 2014.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé l'institution judiciaire irakienne à changer d'approche dans sa manière de juger les femmes et enfants étrangers soupçonnés d'avoir été affiliés à l'EI.

"L'Irak doit changer d'approche, car actuellement ceux qui ont assassiné pour le compte de Daesh reçoivent la même peine que celles qui se sont simplement mariées avec des membres de Daesh et ont eu des enfants. Cela ne fait avancer ni la justice ni les droits des victimes", assure Nadim Houry, directeur du département "Terrorisme et Contreterrorisme" de HRW.
C. P. avec AFP