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Inquiétudes internationales avant l'assaut sur Alep

Dans une rue d'Alep, mardi. Une responsable de l'Onu a demandé vendredi aux forces syriennes d'épargner les civils dans la deuxième ville du pays, où les insurgés s'attendent à une contre-offensive gouvernementale majeure, qui provoque les craintes et la

Dans une rue d'Alep, mardi. Une responsable de l'Onu a demandé vendredi aux forces syriennes d'épargner les civils dans la deuxième ville du pays, où les insurgés s'attendent à une contre-offensive gouvernementale majeure, qui provoque les craintes et la - -

par Khaled Yacoub Oweis et Mariam Karouny AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - Une responsable de l'Onu a demandé vendredi aux forces syriennes d'épargner...

par Khaled Yacoub Oweis et Mariam Karouny

AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - Une responsable de l'Onu a demandé vendredi aux forces syriennes d'épargner les civils à Alep, où les insurgés s'attendent à une contre-offensive gouvernementale majeure, qui provoque les craintes et la désapprobation de Londres et Washington.

Dans un communiqué publié à Genève, le Haut Commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, a exprimé son inquiétude face à "la probabilité d'une confrontation majeure imminente" entre les insurgés et les forces loyales au président Bachar al Assad.

De son côté, William Hague, ministre britannique des Affaires étrangères, s'est dit "profondément préoccupé" par l'annonce que le gouvernement syrien massait des troupes autour de la ville de 2,5 millions d'habitants, relativement épargnée jusqu'à la semaine dernière par le conflit entamé en mars 2011.

Le département d'Etat américain a dit craindre que les forces loyales au président syrien se livrent à un "massacre" dans la deuxième ville du pays, dont plusieurs quartiers sont désormais contrôlés par les rebelles.

L'administration américaine juge crédibles les informations faisant état de l'envoi de colonnes de blindés vers la capitale économique du pays, où l'artillerie pilonne les quartiers tenus par les rebelles, après des bombardements entamés par les hélicoptères d'attaque et des chasseurs de l'armée de l'air.

D'après plusieurs opposants contactés vendredi à l'aube, les troupes syriennes stationnées aux alentours de la ville ont ouvert le feu au mortier sur plusieurs quartiers de l'ouest d'Alep, notamment à Saladine, Soukkari et Fardous.

Le quartier de Sakhour, dans l'est, a été mitraillé par des hélicoptères MI-25 de fabrication russe.

RETRAIT PARTIEL DU CICR

"Les rebelles sont présents dans l'est et l'ouest de la ville, et ont pris pied dans des secteurs du centre", a rapporté Madjed al Nour, un opposant. "Les forces du régime contrôlent les entrées d'Alep et les principaux axes de circulation ainsi que les rues commerciales."

Le premier décès signalé vendredi a été celui d'un homme d'une soixantaine d'années tué près d'un parc du quartier de Saladine.

Le bilan avancé pour la journée de jeudi par les militants de l'opposition était de 34 morts dans Alep et ses environs.

Signe de la fragilisation de la situation humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé vendredi qu'il était en train d'évacuer des travailleurs humanitaires de Syrie vers Beyrouth, la capitale libanaise, en raison de la dégradation des conditions de sécurité.

"Un noyau dur d'employés internationaux et (syriens) continueront à travailler à Damas", a précisé Hicham Hassan, porte-parole de l'organisation, ajoutant que le Croissant-Rouge arabe syrien, lié au CICR, avait suspendu certaines de ses opérations humanitaires à Alep, notamment les premiers secours et le déploiement d'ambulances.

Le pouvoir syrien a par ailleurs été confronté vendredi à la première défection d'un parlementaire avec le départ en Turquie d'une députée représentant la province d'Alep.

BASE SECRÈTE TURQUE

"J'ai traversé la frontière turque et fui ce régime tyrannique en raison de la répression et de la torture sauvage auxquelles il soumet une nation qui réclame des droits minimaux", a expliqué Ikhlas al Badaoui, membre de la communauté sunnite, majoritaire au sein de la rébellion.

Les autorités turques, à la demande de l'Arabie saoudite et avec l'aide du Qatar, ont installé une base secrète à Adana, ville proche de la Syrie, pour fournir aux rebelles syriens une assistance militaire et un appui logistique dans les communications, ont, en outre, révélé vendredi à Reuters des sources des pays du Golfe.

Sur le plan diplomatique, Kofi Annan et le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, se sont rencontrés vendredi à Londres pour discuter de l'avenir des efforts de médiation et de la mission des observateurs de l'Onu, qui a été prolongée de 30 jours il y a une semaine, sans ajustement de mandat.

Selon une source proche de l'équipe de médiation, qui a jugé que Kofi Annan servait de "bouc émissaire" à l'opposition et au gouvernement syriens, le Groupe d'action pour la Syrie pourrait se réunir à nouveau prochainement, mais non à un niveau ministériel.

Les puissances du groupe d'action sur la Syrie se sont mises d'accord le 30 juin sur la nécessité de la mise en place d'un gouvernement de transition à Damas, mais n'ont pas précisé le rôle que tiendrait le président Bachar al Assad dans le processus.

La Russie et la Chine refusent que le départ du président syrien, exigé par l'opposition syrienne, ainsi que par les Etats-Unis, l'Union européenne et la Ligue arabe, soit une condition préalable à une transition politique.

Avec Stephanie Nebehay et Tom Miles à Genève; Julien Dury et Henri-Pierre André pour le service français