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Il y a 50 ans, Gagarine changeait le cours de l'humanité

Portrait de Iouri Gagarine, dans les rues de Moscou. Il y a 50 ans, ce fils de paysans russes devenu pilote de chasse changea le cours de l'humanité en devenant le premier homme à voyager dans l'espace, pendant 108 minutes. /Photo prise le 11 avril 2011/R

Portrait de Iouri Gagarine, dans les rues de Moscou. Il y a 50 ans, ce fils de paysans russes devenu pilote de chasse changea le cours de l'humanité en devenant le premier homme à voyager dans l'espace, pendant 108 minutes. /Photo prise le 11 avril 2011/R - -

par Alissa de Carbonnel CITE DES ETOILES, Russie (Reuters) - Il y a 50 ans, un fils de paysans russes nommé Iouri Gagarine changea le cours de...

par Alissa de Carbonnel

CITE DES ETOILES, Russie (Reuters) - Il y a 50 ans, un fils de paysans russes nommé Iouri Gagarine changea le cours de l'humanité en devenant le premier homme à voyager dans l'espace, pendant 108 minutes.

"Gagarine a dit un jour: 'Toute ma vie ne semble être qu'un moment parfait'", se souvient Vladimir Goubarev, un journaliste qui a longtemps couvert l'actualité aérospatiale de la Russie, à l'époque soviétique.

Mais "le moment parfait" fut sans aucun doute pour Gagarine le 12 avril 1961. Ce jour-là, ce pilote de chasse âgé de 27 ans fut propulsé dans l'espace à l'intérieur d'une capsule d'à peine deux mètres de diamètre, pour un grand départ dans l'inconnu.

La prouesse scientifique était incontestable à l'époque, mais elle devint vite un symbole politique, celui d'un régime soviétique, qui, en pleine Guerre froide, damait le pion aux Etats-Unis dans la course de l'espace.

À la Cité des étoiles, le centre d'entraînement des cosmonautes russes situé dans la banlieue de Moscou, l'ombre de Gagarine plane plus que jamais, au-delà du fait qu'il porte son nom.

A l'entrée de cette cité quasiment interdite au public, une statue de Gagarine donne le ton. Plus loin, c'est une fresque à l'effigie du cosmonaute qui rappelle combien Iouri Gagarine a contribué à façonner le mythe du régime soviétique.

"UN ACCIDENT PEUT ARRIVER"

Cette peinture mène à un petit musée, où quelques objets sont conservés comme des reliques. Il y a d'abord la combinaison orange qu'il portait le 12 avril 1961 mais aussi les nombreux cadeaux qu'il reçut de dignitaires étrangers après son vol.

Plus loin, une photo attire l'oeil. Il s'agit de celle de la capsule Vostok-1 trônant au milieu d'un champ dans la région de Satarov, dans le centre de la Russie. On y voit une capsule sévèrement endommagée qui laisse imaginer la violence de sa redescente sur Terre.

A l'époque, des paysans de la région, abasourdis devant ce spectacle, avaient spontanément offert du lait et du pain à celui qui était devenu un héros national.

Disparu au cours d'un mystérieux accident d'avion sept ans après son vol dans l'espace, Iouri Gagarine n'aura toutefois eu guère le temps de profiter de cette notoriété.

Les circonstances de sa mort ont alimenté les gazettes en rumeurs. L'une d'entre elles, la plus reprise, faisait dire que le cosmonaute avait été éliminé par le KGB, sur ordre de Leonid Brejnev, pour avoir manqué de loyauté au Parti communiste.

ARCHIVES DÉCLASSIFIÉES

Afin de dissiper toutes ces zones d'ombres et ne pas gâcher le 50e anniversaire de ce jour historique, la Russie a décidé de déclassifier une partie des archives portant sur cette affaire.

On y apprend, selon un responsable des archives cité par des agences de presse russes, Alexandre Stepanov, que Gagarine a perdu le contrôle de son appareil en évitant une sonde météorologique, qu'il risquait de percuter.

Mais Gagarine n'était pas le genre d'homme à avoir peur de la mort. Pour preuve, il avait rédigé une lettre à l'intention de ses proches au cas où sa mission d'avril 1961 échouerait.

"J'ai une totale confiance dans le matériel. Il n'y aura pas d'échec (...) Un accident peut arriver", écrivait-il, avant de préciser: "Si c'est le cas (...) ne mourez pas de chagrin. La vie est comme ça et personne n'est à l'abri de se faire renverser par une voiture".

Olivier Guillemain pour le service français, édité par Gilles Trequesser