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Il y a 10 ans, Saddam Hussein était pendu

Extrait d'une vidéo montrant Saddam Hussein quelques instants avant sa pendaison, le 30 décembre 2006.

Extrait d'une vidéo montrant Saddam Hussein quelques instants avant sa pendaison, le 30 décembre 2006. - Al Iraqyia TV - AFP

Le 30 décembre 2006, l'ex-président irakien Saddam Hussein mourait pendu, trois ans après la chute de son régime. Dix ans après, son fantôme continue de hanter l'Amérique.

C'était il y a dix ans. Le 30 décembre 2006, l'ex-président irakien Saddam Hussein mourait pendu, trois ans après sa capture rocambolesque, criant sa haine des Américains et des Iraniens sous les quolibets de gardes chiites.

Une vidéo pirate diffusée sur internet montre ses derniers instants, dans une caserne des renseignements militaires à Bagdad. On le voit vêtu d'un manteau noir, refusant une cagoule. Saddam Hussein commence à réciter la profession de foi musulmane mais la trappe s'ouvre sous ses pieds. A 6h10, celui qui avait dirigé l'Irak d'une main de fer pendant plus de trente ans, de 1979 jusqu'à la prise de Bagdad par l'armée américaine le 9 avril 2003, est prononcé mort, le cou brisé.

C'est le premier jour de l'Aïd al-Adha, la grande fête musulmane du Sacrifice. Les chiites, qui ont souffert sous son régime, dansent de joie dans les rues. Cette brutale exécution, à laquelle l'armée américaine assure n'avoir pris aucune part, choque les sunnites et suscite la réprobation internationale, sauf en Israël et en Iran.

Le tyran, dont le procès devait symboliser le nouvel Irak, avait été condamné à mort le 5 novembre par un Tribunal spécial irakien. Il n'avait eu de cesse d'en contester la légitimité durant tout son procès, d'octobre 2005 à juillet 2006. Le lendemain de son exécution, Saddam Hussein est enterré dans son village natal d'Aouja, près de Tikrit (160 km au nord de Bagdad), auprès de ses deux fils tués en juillet 2003 à Mossoul par l'armée américaine.

Arrêté en 2003 après plus de huit mois de traque

C'est aussi près de Tikrit, dans la localité d'Al-Daour, que les forces américaines l'avait arrêté "dans un trou à rat" le 13 décembre 2003, par une nuit sans lune, après plus de huit mois de traque. Deux kalachnikovs et 750.000 dollars en liquide étaient découverts à proximité. Il se terrait sous terre, dans une cache -munie d'un ventilateur- aménagée au pied d'un palmier-dattier, près d'une maisonnette en torchis et en pierre.

Aux soldats qui le capturent, il déclare en anglais "je suis Saddam Hussein, je suis le président d'Irak et je veux négocier", affirme aux journalistes un commandant américain. Washington, qui offrait 25 millions de dollars de récompense pour sa capture, l'a finalement trouvé grâce à l'arrestation d'un proche. Six cents soldats ont participé à l'opération, nommée Aube rouge, d'après un film anticommuniste américain de 1984. "We got him" ("Nous l'avons eu"), annonce le lendemain à Bagdad, tout sourire, le chef de l'administration civile américaine Paul Bremer.

Sur une vidéo diffusée par les Américains, l'homme qui faisait trembler l'Irak ressemble à un clochard, hirsute et le visage mangé d'une épaisse barbe poivre et sel, le regard perdu. Il se laisse examiner sans résistance par un médecin. Une photo le montre ensuite rasé mais conservant sa fameuse moustache.

Dix ans après, le compte n'y est pas pour les Etats-Unis

Dix ans après, le fantôme du dirigeant irakien continue de hanter l'Amérique, symbole de son ambition fracassée d'apporter la stabilité et la démocratie au Moyen-Orient. 

Lorsque le dictateur irakien est pendu à Bagdad le 30 décembre 2006, le président américain George W. Bush et l'opinion américaine savent déjà que l'invasion de l'Irak, qui a déjà tué près de 3.000 soldats américains, n'a pas apporté les fruits espérés. L'exécution "ne mettra pas fin à la violence en Irak", reconnaît le président américain, qui prévient que "des choix difficiles et des sacrifices restent à faire" pour renforcer "la jeune démocratie irakienne".

Mais aujourd'hui, le compte n'y est toujours pas pour les Etats-Unis. La "jeune démocratie irakienne" rêvée par l'administration américaine n'a pas réussi à éliminer les violences inter-confessionnelles. La colère de la minorité sunnite face au gouvernement à majorité chiite a favorisé l'émergence du groupe ultra-radical Daesh (l'acronyme en arabe de l'Etat islamique), dont une partie des cadres sont des anciens de l'armée de Saddam Hussein.

Plus de 5.000 soldats américains sont toujours sur place, soutien indispensable pour une armée irakienne encore incapable d'assumer seule la guerre contre les jihadistes et dans la société américaine, qui avait soutenu massivement l'intervention, les plaies restent vives. Le souvenir du chaos irakien a notamment pesé lourd dans la décision du président Barack Obama de ne pas intervenir militairement contre le président syrien Bachar al-Assad.

V.R. avec AFP