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Heurts lors d'une manifestation contre l'austérité à Athènes

La police grecque a fait usage de gaz lacrymogènes mercredi contre les manifestants rassemblés devant le parlement à Athènes pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité en Grèce. Les protestataires ont lancé des projectiles sur les forces de p

La police grecque a fait usage de gaz lacrymogènes mercredi contre les manifestants rassemblés devant le parlement à Athènes pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité en Grèce. Les protestataires ont lancé des projectiles sur les forces de p - -

par Renee Maltezou et George Georgiopoulos ATHENES (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi devant le Parlement à...

par Renee Maltezou et George Georgiopoulos

ATHENES (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi devant le Parlement à Athènes en pleine journée de grève nationale à l'appel des syndicats pour dénoncer les nouvelles mesures d'austérité visant à sortir la Grèce de la crise financière.

Des échauffourées entre protestataires et forces de l'ordre ont éclaté sur la principale place de la capitale et des flammes ont été aperçues devant une entrée du bâtiment abritant le ministère des Finances.

Le Premier ministre socialiste Georges Papandréou va devoir faire adopter un nouveau plan prévoyant sur cinq ans des hausses d'impôts, une réduction des dépenses publiques et des cessions d'actifs d'Etat afin de continuer à bénéficier de l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

Le chef du gouvernement doit faire face au mécontentement de l'opinion publique, à l'opposition des conservateurs qui ont repris l'avantage sur les socialistes dans les sondages, mais également à la grogne d'une partie de sa majorité qui menace de ne pas adopter les nouvelles mesures.

Selon une source proche de Nouvelle Démocratie, le chef de l'opposition conservatrice, Antonis Samaras, a réclamé mercredi la démission de Georges Papandréou et la désignation d'un nouveau Premier ministre de consensus.

Dans la matinée, plusieurs milliers de manifestants et de syndicalistes ont convergé pacifiquement vers la place Syntagma qui abrite le Parlement dans l'espoir de convaincre les députés de ne pas voter les mesures. Elles pourraient être adoptées par les parlementaires avant la fin du mois.

HEURTS ET FLAMMES

"Où va l'argent ?" demandaient les manifestants tandis que d'autres se montraient plus véhéments en qualifiant leurs dirigeants de "voleurs" et de "traîtres".

"J'éprouve de la colère et du dégoût", a déclaré Maria Georgila, 45 ans, mère de deux enfants et fonctionnaire. "Ce sont des mesures très dures et elles ne nous sortiront pas de la crise. Je ne peux pas croire qu'il n'existe pas une autre solution".

"Ces mesures ne nous mènent nulle part. Elles vont juste conduire au chômage, à la faim et à la pauvreté", a estimé Panayotis Dounis, un retraité âgé de 60 ans. "Nous ne serions pas ici si les responsables politiques avaient fait eux-aussi des sacrifices", poursuit-il.

En fin de matinée, environ 1.500 policiers avaient bouclé une partie du centre de la capitale et avaient érigé une barrière de métal de deux mètres de haut devant l'assemblée. Des véhicules des forces de l'ordre ainsi que des canons à eau étaient également mobilisés.

La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants et permettre aux voitures conduisant les autorités de pénétrer dans l'enceinte du Parlement. Certains manifestants sont toutefois parvenus à jeter des oranges sur la voiture du Premier ministre, selon un policier.

Dans l'après-midi, la grand-place était le théâtre d'échauffourées. Des grenades assourdissantes ont explosé sur la place et de la fumée s'échappait de poubelles en feu. La police a une nouvelle fois dû recourir aux gaz lacrymogènes et s'est heurtée à des dizaines de jeunes armés de pierres et de bâtons, selon des témoins.

"Ces mesures ne vont pas nous faire sortir de la crise", confie Antony Vatselas, ingénieur de 28 ans, les yeux en pleurs à cause des gaz lacrymogènes. "Je veux que la dette soit effacée. Sans ça, la Grèce est condamnée", glisse-t-il.

Un groupe a jeté des engins incendiaires et a affronté la police devant des bâtiments abritant le ministère des Finances, situés sur la même place. Des témoins ont aperçu des flammes s'échappant de l'édifice.

Des syndicats, qui représentent la moitié des cinq millions de travailleurs grecs, ont demandé un arrêt de travail de 24 heures. Les trains ne circulaient pas, les ports, les écoles et les bâtiments publics étaient fermés, tandis que les hôpitaux assuraient un service minimum. Les aéroports étaient ouverts.

CRUAUTÉ

Le projet de Georges Papandréou porte sur 6,5 milliards d'euros sous forme de hausse des prélèvements obligatoires et de réduction des dépenses pour 2011.

Il s'agit d'un doublement par rapport aux dispositions prévues dans le plan de sauvetage qui a entraîné une envolée du chômage à 16,2% et a aggravé la récession pour la troisième année.

Le gouvernement a plaidé en faveur d'un consensus national sur ce plan d'austérité, condition exigée par l'UE et le FMI pour débloquer une tranche de 12 milliards d'euros d'aide supplémentaire le mois prochain.

"Nous menons un combat pour le bien commun au moment le plus important dans la démocratie moderne du pays", a déclaré Georges Petalotis, porte-parole du gouvernement.

Les hausses d'impôts visent les boissons non alcoolisées, l'automobile, les piscines et l'immobilier tandis que le nombre de fonctionnaires estimé à 750.000 serait réduit d'un cinquième.

Avec ces mesures et d'autres, la Grèce espère économiser 28 milliards d'euros d'ici à 2015 et compte tirer 50 milliards d'euros de la vente d'entreprises publiques.

Les Européens et le FMI souhaitent que toutes les formations politiques grecques apportent leur soutien au programme d'austérité avant la réunion le 20 juin des ministres des Finances de l'UE et le sommet européen des 23 et 24 juin.

Georges Papandréou doit rencontrer le président Karolos Papoulias en début d'après-midi. Le Pasok dispose de la majorité au Parlement mais des incertitudes règnent sur la solidarité parlementaire après la défection d'un député mardi.

"Il faut avoir la cruauté d'un tigre pour adopter de telles mesures. Ce n'est pas mon cas", a expliqué George Lianis dans une lettre au président du parlement, Filippos Petsalnikos.

Un autre député du Pasok a indiqué qu'il voterait contre. Mais selon les analystes, le parti, qui dispose d'une majorité de 155 sièges sur 300, devrait adopter les mesures.

Michael Winfrey; Pierre Sérisier et Benjamin Massot pour le service français