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Heurts en RDC après la réélection contestée de Joseph Kabila

Policier anti-émeute face à des manifestants de l'opposition à Kinshasa. Des heurts entre militants de l'opposition et forces de sécurité ont éclaté samedi en République démocratique du Congo (RDC), faisant au moins un mort, au lendemain de l'annonce offi

Policier anti-émeute face à des manifestants de l'opposition à Kinshasa. Des heurts entre militants de l'opposition et forces de sécurité ont éclaté samedi en République démocratique du Congo (RDC), faisant au moins un mort, au lendemain de l'annonce offi - -

par Jonny Hogg KINSHASA (Reuters) - Des heurts entre militants de l'opposition et forces de sécurité ont éclaté samedi en République démocratique du...

par Jonny Hogg

KINSHASA (Reuters) - Des heurts entre militants de l'opposition et forces de sécurité ont éclaté samedi en République démocratique du Congo (RDC), faisant au moins un mort, au lendemain de l'annonce officielle de la réélection, contestée par l'opposition, du président Joseph Kabila.

Des coups de feu ont éclaté dans plusieurs villes, notamment dans la capitale Kinshasa, fief des partisans de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, qui a rejeté vendredi les résultats officiels provisoires du scrutin et s'est proclamé chef de l'Etat.

"Depuis la nuit dernière, la situation s'est dégradée, nous n'avons pas pu dormir en raison des coups de feu", raconte Trésor Nkuna, un habitant de Kinshasa. "Nous ne savons pas quand tout ça va prendre fin, c'est très violent."

Le calme régnait toutefois dans une grande partie de la capitale où les habitants restaient confinés chez eux.

Des accrochages entre manifestants et forces de sécurité ont éclaté dans le reste du pays, faisant au moins un mort à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï oriental, selon les Nations unies.

Confirmant les informations faisant état de heurts, le directeur général de la police nationale, le général Charles Bisengimana, a assuré que les forces de sécurité "maîtrisaient la situation".

"Des gens tentent de piller des boutiques et de bloquer des routes et nous les dispersons", a-t-il dit à Reuters par téléphone.

Selon une source proche des Nations unies, plusieurs civils semblent être en possession d'armes et échangent des coups de feu dans plusieurs quartiers de Kinshasa.

Dans la province du Kasaï (Centre-Sud), fief de partisans de Tshisekedi, des affrontements se sont également produits entre des manifestants armés de pierres et les forces de sécurité, selon un responsable.

L'annonce des résultats a eu des répercussions jusqu'en Belgique, l'ancienne puissance coloniale, où une manifestation de partisans de Tshisekedi a dégénéré vendredi soir à Bruxelles. Près de 200 manifestants ont été arrêtés, selon la police.

"VÉRITABLE PROVOCATION"

Selon la Commission électorale indépendante (Ceni), le président sortant a remporté près de 49% des voix et Etienne Shusekedi plus de 32% des suffrages. Les résultats doivent maintenant être ratifiés par la Cour suprême.

L'opposant a qualifié les résultats de "véritable provocation" et a fait savoir qu'il se considérait comme le président élu de la RDC.

Selon la mission d'observation du Centre Carter, les résultats publiés sur le site de la Ceni mettent en doute la fiabilité du scrutin.

"On ne peut pas de manière naturelle obtenir de tels résultats. Il n'y a pas autant que personnes bien portantes motivées pour aller voter l'unisson", indique David Pottie, responsable de la mission Carter.

Dans la région de Monono, dans la province méridionale du Katanga, la participation atteint ainsi 100,14% et Kabila récolte 99,98% des voix.

Face au risque d'un basculement dans la violence, les Etats-Unis et les Nations unies ont appelé au calme vendredi.

La porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, a prévenu que le gouvernement de RDC était "responsable de la sécurité de la population du Congo" et que "toute personne qui se livre à des violences devrait être tenue pour responsable"."

Le scrutin, le premier organisé par les autorités congolaises depuis la guerre civile de 1998-2003 qui a fait plus de cinq millions de morts, devait permettre de ramener la stabilité dans le pays.

Selon l'ONG Human Rights Watch, au moins 18 personnes ont été tuées dans les violences électorales.

Marine Pennetier pour le service français