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Haïti tente d'éviter une propagation du choléra à Port-au-Prince

Malades du choléra en attente de soins à l'hôpital de la ville de Saint-Marc, en Haiti. Les autorités haïtiennes et les organisations humanitaires ont intensifié leurs efforts samedi pour éviter une propagation de l'épidémie de choléra jusqu'à Port-au-Pri

Malades du choléra en attente de soins à l'hôpital de la ville de Saint-Marc, en Haiti. Les autorités haïtiennes et les organisations humanitaires ont intensifié leurs efforts samedi pour éviter une propagation de l'épidémie de choléra jusqu'à Port-au-Pri - -

par Joseph Guyler Delva PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Les autorités haïtiennes et les organisations humanitaires ont intensifié leurs efforts samedi...

par Joseph Guyler Delva

PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Les autorités haïtiennes et les organisations humanitaires ont intensifié leurs efforts samedi pour éviter une propagation de l'épidémie de choléra jusqu'à Port-au-Prince, où s'entassent dans des camps insalubres des centaines de milliers de survivants du séisme survenu en janvier.

La maladie, qui s'est déclarée dans le centre du pays, a fait plus de 200 morts, 194 en Artibonite et 14 à Plateau central, et les experts s'attendent à voir ce bilan s'alourdir. Près de 2.400 cas ont été recensés.

Toutes les victimes ont été signalées en Artibonite et à Plateau central, où une prison est touchée, et les autorités s'emploient à contenir l'épidémie, la première en un siècle en Haïti, dans ces deux régions situées au nord de la capitale.

Les Nations unies et les responsables haïtiens ont assuré qu'aucun cas confirmé n'avait été recensé à Port-au-Prince, où environ 1,3 million de rescapés du séisme du 12 janvier vivent dans des conditions d'hygiène déplorables dans des camps de toile.

Les autorités ont renforcé les mesures de prévention et de surveillance dans ces camps. Des médecins, des médicaments et de l'eau pure ont été acheminés dans les zones contaminées.

"C'est un énorme défi et la perspective de voir (la maladie) atteindre Port-au-Prince est effroyable", a dit Imogen Wall, porte-parole des services humanitaires de l'Onu, à Reuters. "A l'évidence, empêcher la maladie de se propager dans la ville est à l'heure actuelle la priorité absolue."

HÔPITAL DÉBORDÉ

Le responsable d'une organisation humanitaire américaine a cependant affirmé que des personnes touchées par le choléra se trouvaient déjà à Port-au-Prince, où elles sont venues chercher des soins en provenance des zones contaminées.

"Je peux personnellement confirmer cinq cas", a dit à Reuters Daniel Rouzier, président du conseil d'administration de l'organisation Food for the Poor. "A l'origine, (la maladie) ne se trouvait pas dans le secteur des camps. Maintenant, elle y est."

Daniel Rouzier a accusé les autorités haïtiennes et leurs partenaires de manque de réactivité dans leurs efforts pour endiguer l'épidémie.

"Cela fait maintenant 72 heures que ça dure. Il n'y a pas de cordon sanitaire", a-t-il déploré. "Si les malades disposaient des soins appropriés là où ils sont, ils n'auraient pas à venir dans cette ville chaotique."

Des travailleurs humanitaires présents à Saint-Marc, située au coeur de la zone de développement de l'épidémie en Artibonite, ont rapporté que le principal hôpital de la ville était débordé. De nombreux patients perfusés sont allongés à l'extérieur, ont-ils ajouté.

Des élections présidentielle et législatives doivent avoir lieu le 28 novembre en Haïti, où 300.000 personnes ont été tuées par le tremblement de terre du 12 janvier, et on ignore si l'épidémie pourrait menacer la tenue de ces votes.

RÈGLES D'HYGIÈNE

A Port-au-Prince, les camps de rescapés s'étendent sur les places, dans les rues, dans les parcs et même sur un parcours de golf. Ceux qui y vivent craignent d'attraper le choléra, qui se répand via l'eau et la nourriture contaminées et dont la propagation est favorisée par les environnements insalubres.

"Tout ce que l'on peut faire, c'est prier Dieu car si on attrape cette maladie dans ces camps, ce sera une vraie catastrophe", s'inquiète Helen Numa, 35 ans. "Vous pouvez constater par vous-même les conditions dans lesquelles les gens vivent ici, entassés comme des sardines."

Le choléra provoque une forte déshydratation et peut tuer en quelques heures. Il peut toutefois être combattu facilement avec des sels de réhydratation ou des mélanges d'eau, de sucre et de sel.

Alex Larsen, le ministre de la Santé, a invité la population à se laver régulièrement les mains avec du savon, à ne pas manger de légumes crus, à bouillir toute la nourriture et toute l'eau destinée à la consommation et à éviter les baignades dans les rivières.

Le fleuve Artibonite, qui irrigue le centre du pays, semble véhiculer la bactérie à l'origine de la maladie.

Dans les camps, beaucoup soulignent cependant qu'ils n'ont pas les moyens de respecter ces règles d'hygiène.

Imogen Wall, de l'Onu, affirme que les équipes internationales présentes en Haïti disposent de stocks d'antibiotiques suffisants pour traiter 100.000 cas de choléra et de liquides intraveineux pour 30.000 personnes. Il faudra cependant les réapprovisionner.

"Ce serait irresponsable de notre part de ne pas nous préparer au pire scénario: une épidémie dans tout le pays", a dit Imogen Wall.

Bertrand Boucey pour le service français