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Guerre en Ukraine: la Moldavie inquiète de se retrouver dans le viseur de Vladimir Poutine

Des réfugiés ukrainiens attendent devant un centre d'accueil, le 3 mars 2022 à Chisinau, en Moldavie

Des réfugiés ukrainiens attendent devant un centre d'accueil, le 3 mars 2022 à Chisinau, en Moldavie - Nikolay DOYCHINOV © 2019 AFP

Jour après jour, le conflit ukrainien se rapproche dangereusement de ce petit Etat d'un peu plus de 2,5 millions d'habitants.

Où va s'arrêter Vladimir Poutine? Dix-huit jours après le début de l'invasion russe en Ukraine, la situation humanitaire devient extrêmement difficile dans de nombreuses villes du pays, dont Marioupol, tandis que plusieurs des principales villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev, se retrouvent encerclées par les soldats russes.

Au fil des jours, le conflit semble se diriger vers l'Ouest du pays, où se trouvent les villes d'Odessa et de Lviv. Un glissement qui inquiète, en particulier en Moldavie, pays directement frontalier de l'Ukraine, qui redoute de devenir un dommage collatéral du conflit, voire de directement être attaqué par Moscou.

Inquiétude

Ancienne composante de l'URSS, la Moldavie n'est, comme l'Ukraine, ni membre de l'Union européenne ni de l'OTAN. Des points communs avec Kiev, auxquels viennent s'ajouter la volonté sécessionniste d'une région de l'Est du pays, la Transnistrie, qui s'estime de facto indépendante après une guerre civile qui a fait 2000 morts au début des années 1990.

A Chisinau, la capitale du pays, la population locale n'est absolument pas rassurée par les intentions russes. "La situation est hors de contrôle", assure Anastasia, 70 ans, au micro de BFMTV.

"J’ai peur pour Odessa, mes enfants habitent là-bas. Je marche ici dans la ville, c’est la ville de mon enfance, tout est calme, et j’ai peur que ce calme soit perturbé. Tout peut arriver, avant j’étais sûre que la Russie n’allait pas envahir l’Ukraine, mais c’est arrivé", ajoute-t-elle.

Elle n'est d'ailleurs pas la seule. Dans les colonnes de Ouest-France, Tatiana, une femme d'une cinquantaine d'années, fait également part de son pessimisme. "J'ai peur oui. ​On attend de voir, mais les bagages sont faits, au cas où…", avertit-elle.

La question de la Transnistrie

La situation de la Transnistrie est particulièrement intéressante. Cette bande de terre qui longe la frontière ukrainienne, qui arbore encore la faucille et le marteau communiste sur son drapeau, est contrôlée de l'extérieur par la Russie. A date, 1500 soldats de Moscou, un chiffre possiblement sous-estimé, y campent.

La position de cette région est capitale. Si l'on regarde une carte de l'Ukraine, elle est directement sur le chemin d'Odessa, ville clairement ciblée par l'armée de Moscou. "Si Odessa tombe, c’est sûr que les Russes feront la jonction avec leur armée de Transnistrie", pronostique, auprès de Ouest-France, Aleksander, un informaticien moldave de 33 ans.

Le pays est d'ailleurs très largement divisé quant à son futur. Selon le même média, si 54% des Moldaves souhaitent rejoindre l'Union européenne, ils sont malgré tout 32% à préférer rejoindre l’Union économique eurasiatique (UEE), mise en place par la Russie.

Guerre des médias

Dans cette Moldavie très largement roumanophone, c'est actuellement une guerre des médias qui fait rage puisque de nombreuses chaînes de télévision russophones sont également diffusées.

"C’est l’héritage soviétique. On a trois chaînes d’Etat russes qui émettent et elles pèsent lourd ici", explique à Franceinfo Nicolae Mocanu, directeur de TVR Moldova.

"La propagande russe est toujours aussi forte, ils injectent beaucoup d’argent là-dedans. C’est gravissime", ajoute, auprès du média national, Vasile Munteanu, présentateur de la chaîne de télévision TVR Moldova.

A date, selon le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), il y avait le 10 mars 105.000 Ukrainiens réfugiés en Moldavie.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV