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Guerre en Ukraine: l'intervention historique de Volodymyr Zelensky depuis le métro de Kiev

Le président ukrainien a donné une conférence de presse ce samedi à l'intérieur du métro dans le centre-ville de Kiev. Dans une forme et un cadre inédit, parfois interrompu par le passage des trains, il a notamment renouvelé son souhait d'une paix entre Kiev et Moscou.

Un cadre surréaliste. Au 59e jour de la guerre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a donné une conférence de presse ce samedi depuis l'intérieur d'une station de métro dans le centre-ville de Kiev. Assis sur une chaise, des escalators dans son dos, le chef d'État a répondu à la plusieurs dizaine de journalistes du monde entier venus s'amasser pour l'interroger sur l'invasion russe en Ukraine qui entamera son troisième mois ce dimanche.

Avec cette intervention, le président ukrainien s'est offert une démonstration de communication. Le lieu n'a pas été choisi par hasard. En effet, pour échapper aux bombardements de l’armée russe, des milliers d’habitants de Kiev se réfugient dans le métro. Parmi les plus profonds du monde, il a été construit pendant la Guerre froide pour se protéger d’éventuelles attaques nucléaires.

Volodymyr Zelensky donne une conférence de presse depuis le métro de Kiev, samedi 23 avril 2022
Volodymyr Zelensky donne une conférence de presse depuis le métro de Kiev, samedi 23 avril 2022 © BFMTV

A la veille de la Pâques orthodox, parfois interrompus par le passage des rames, Zelensky a d'abord tenu à souhaiter la paix mais aussi la victoire au peuple ukrainien. Le mot "victoire" reviendra à plusieurs reprise. Ainsi, il a notamment promis qu'il aurait tout le temps de répondre aux journalistes après la victoire de son pays sur les hommes de Vladimir Poutine même s'il tenait à le faire ce samedi.

Rencontrer Poutine et "mettre fin à la guerre"

Dans son intervention, Volodymyr Zelensky a dit ne pas comprendre les intentions de Vladimir Poutine. "Il est difficile d'évaluer ses décisions", a-t-il déclaré. Et d'ajouter lorsqu'on l'a interrogé sur la politique de son homologue russe:

"J’ai du mal à savoir pourquoi pendant toutes ces années, il a tenu à sa table de président. C’est sans doute lié à la raison pour laquelle son armée est venue sur notre terre, en cobra, en rampant et empiétant sur nos terres. La guerre dure depuis huit ans et la Fédération de Russie à divers niveaux a essayé d’avoir une influence sur l’Ukraine."

Par ailleurs, le chef d'Etat ukrainien s'est à nouveau montré en faveur d'une avancée des négociations entre la Russie et l'Ukraine.

"Je pense que celui qui a commencé cette guerre pourra y mettre fin", a affirmé Zelensky, répétant qu'il n'avait pas peur de rencontrer Vladimir Poutine si cela permettait de parvenir à un accord de paix entre les deux pays.

En revanche, et alors que les couloirs humanitaires à Marioupol sont au coeur d'un dialogue de sourds entre Kiev et Moscou, Zelensky a aussi prévenu:

"Si les résistants de Marioupol sont tués ou si le référendum de Kherson a lieu, l'Ukraine sortira du processus de négociation."

Une rencontre à venir avec le chef de la diploamtie américaine

Au cours de son intervention, l'ancien humoriste devenu président s'est également dit "prêt" à "un échange de nos militaires qui défendent Marioupol", sous "n'importe quel format", pour sortir "ces gens qui se trouvent dans une situation horrible, encerclés".

Alors qu'il a qualifié ce samedi de "l'un des jours les plus durs" depuis le début du siège russe sur Marioupol, début mars, le président Ukrainien doit rencontrer ce dimanche le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

"Demain, des officiels américains viendront chez nous: je rencontrerai le ministre de la Défense (Lloyd Austin) et Antony Blinken".

Ce sera la première visite officielle de représentants du gouvernement américain en Ukraine depuis le 24 février. a espéré que son homologue américain Joe Biden pourra également "venir soutenir le peuple ukrainien" à Kiev quand la situation sécuritaire le permettra.

Il a précisé que les discussions de dimanche allaient porter sur les livraisons d'armes américaines à l'Ukraine.

"La semaine dernière, les signaux, les messages, les étapes, les délais, les chiffres - je parle des armes des États-Unis - tout s'est amélioré", s'est-il félicité face à la presse, se disant "reconnaissant" envers l'administration américaine, même s'il aimerait "des armes encore plus lourdes et puissantes" pour faire face à l'armée russe.

Une demande qui intervient au moment même ou l''armée russe a affirmé ce samedi avoir visé avec des "missiles de haute précision" un important dépôt d'armes livrées aux forces ukrainiennes par les États-Unis et des pays européens, près d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine.

Mathieu Ait Lachkar avec AFP