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Guerre en Ukraine: 200 enfants malades bloqués dans les sous-sols d'un hôpital de Kiev

Depuis maintenant une semaine, environ 200 enfants malades qui n'ont pas pû être évacués sont cloîtrés dans les sous-sol d'un hôpital de Kiev, avec leurs parents et quelques soignants restés pour eux. L'établissement, menacé par les bombardements, est gardé par des hommes armés.

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine il y a une semaine, plus de 800 enfants ont dû être évacués de l'hôpital pour enfants Okhmadet de Kiev afin d'éviter qu’ils ne soient pas victimes de bombardements. Si la plupart ont quitté les lieux, certains n'étaient pas en état d'effectuer un tel voyage. Ainsi, 200 très jeunes patients intransférables sont terrés dans les sous-sol de l'hôpital, où le service de neurochirurgie infantile a déménagé.

En seulement quelques jours, les sous-sol de l'établissement se sont transformés en abris anti-aérien, désormais gardés par des hommes armés. Ces enfants gravement malades n'ont pas vu la lumière du jour depuis plus d'une semaine, et les soignants restés sur place n'ont parfois pas vu leur propre famille depuis des jours.

"On ne peut pas opérer dans ces conditions"

C'est par exemple le cas d'Alina, une neurochirurgienne qui a décidé de rester dans ce service de neurochirurgie infantile de l'hôpital d'Okhmadet. Depuis une semaine, elle arpente les couloirs des sous-sol 24h/24 et veille sur les quelque 200 enfants restés, bien qu'elle soit au bord de l'épuisement et qu'elle n'a pas vu ses propres enfants depuis jeudi dernier.

Alina, neurochirurgienne de cet hôpital de Kiev, cloîtrée depuis une semaine en sous-sol avec ses patients.
Alina, neurochirurgienne de cet hôpital de Kiev, cloîtrée depuis une semaine en sous-sol avec ses patients. © BFMTV

"Tout est dangereux ici", raconte-t-elle au micro de BFMTV, "le manque d'électricité mais surtout les bombardements qui sont une vraie menace pour nous". "On est beaucoup aidés mais psychologiquement c'est très dur, les enfants ont peur et c'est très difficile pour nous aussi."

"Là, c'est un patient difficile", explique la chirurgienne en pointant du doigt un enfant alité d'à peine 2 ans. "Un autre là-bas avec sa maman, et encore un autre là-bas avec une sonde." Selon elle, "on ne peut pas les opérer dans ces conditions, sans matériel stérile".

"J'ai peur à cause des bombardements"

Un peu plus loin, des enfants un peu plus âgés patientent tant bien que mal dans les couloirs sans fenêtres de l'hôpital. Nastia, par exemple, passe le temps avec ses peluches et son carnet à dessins. Âgée de 12 ans, elle était venue faire des examens médicaux avec sa maman quand la guerre a éclaté. Désormais bloquées ici, elles vivent dans un couloir depuis 5 jours.

"J'ai peur à cause des bombardements", témoigne la jeune fille au micro de BFMTV. "Je suis là seulement avec ma mère. Mon frère et ma grand-mère sont loin." À l'entrée de l'hôpital, de nombreux particuliers ont déposé des cartons plein de jouets, de couches mais aussi de produits médicaux comme des compresses, des masques, du désinfectant.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV