Grave menace de marée noire sur les côtes américaines

par Pascal Fletcher MIAMI - La nappe de pétrole qui s'échappe d'un puits endommagé par l'explosion d'une plate-forme dans le golfe du Mexique est...

par Pascal Fletcher

MIAMI (Reuters) - La nappe de pétrole qui s'échappe d'un puits endommagé par l'explosion d'une plate-forme dans le golfe du Mexique est désormais immense et menace d'atteindre la côte américaine ce week-end.

Le puits, situé à 1.500 mètres sous la surface de l'océan au large de la Louisiane, a formé une nappe de presque 1.000 kilomètres de diamètre et de plus de 74.000 km2, rapportent les garde-côtes.

"Il s'agit potentiellement d'un problème très grave (...) Nous ne nous faisons aucune illusion sur le risque que cela implique", a déclaré à la presse l'amiral Thad W. Allen, chef des garde-côtes.

Selon lui, la nappe menace d'atteindre l'est du littoral de la Louisiane, les côtes du Mississippi et de l'Alabama mais il n'y a pas de risque immédiat pour le sud de la Floride.

"La meilleure prévision est qu'il n'y aura pas d'impact sur la côte ces trois prochains jours", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Miami. "Cela dépend du temps et de la trajectoire (de la nappe)."

La superficie de la nappe de pétrole équivaut approximativement à celles combinées, en France, des régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

ENQUÊTE SUR LE RÔLE DE BP

La plate-forme Deepwater Horizon a sombré le 22 avril, deux jours après avoir explosé et pris feu alors qu'elle achevait le forage d'un puits.

Les garde-côtes tentent, au moyen de huit sous-marins robotisés, d'activer une valve permettant de refermer le puits. En cas d'échec de cette manoeuvre, ils envisagent d'enflammer la nappe de pétrole. L'amiral Allen a prévenu que ces opérations pourraient prendre entre 45 et 90 jours.

L'amiral Mary Landry, qui supervise les opérations, a prévenu mardi que les Etats-Unis pourraient connaître "l'une des plus graves marées noires de (leur) histoire" si rien n'était fait.

Le puits relâcherait actuellement quelque 191.000 litres de pétrole par jour. A titre de comparaison, la marée noire causée par le naufrage de l'Exxon Valdez en 1989 en Alaska avait libéré 50 millions de litres de pétrole.

Le groupe britannique BP, pour lequel était foré ce puits et qui est financièrement responsable du nettoyage, dépense 6 millions de dollars par jour dans l'opération, qui implique plusieurs dizaines de navires et avions.

BP et Transocean font l'objet d'enquêtes de la part d'enquêteurs fédéraux et du Congrès.

Les départements de l'Intérieur et de la Sécurité nationale ont lancé une enquête conjointe, et une autre a été ouverte par une sous-commission de la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des représentants.

"Une caractéristique frappante de cet accident est l'apparente absence d'un plan adéquat pour limiter l'extension des dégâts sur l'environnement", ont d'ores et déjà souligné des parlementaires dans un courrier adressé aux dirigeants des deux groupes.

Gregory Schwartz et Clément Dossin pour le service français, édité par Gilles Trequesser