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Face à la fuite d'eau à Fukushima, Tokyo fait appel à la Russie

Le Japon a demandé à la Russie l'envoi d'une usine flottante, la plate-forme "Sourouzane", ici à quai près de Vladivostok, utilisée pour le démantèlement des sous-marins nucléaires et qui permettrait de solidifier l'eau contaminée provenant de la centrale

Le Japon a demandé à la Russie l'envoi d'une usine flottante, la plate-forme "Sourouzane", ici à quai près de Vladivostok, utilisée pour le démantèlement des sous-marins nucléaires et qui permettrait de solidifier l'eau contaminée provenant de la centrale - -

Le Japon a demandé à la Russie l'envoi d'une usine flottante utilisée pour le démantèlement des sous-marins nucléaires qui permettrait de solidifier l'eau contaminée provenant de la centrale de Fukushima-Daiichi, endommagé par le séisme du 11 mars, rapporte mardi l'agence de presse Interfax.

Tepco, l'exploitant de la centrale, a été contraint de rejeter une partie de cette eau dans l'océan Pacifique et s'emploie toujours à colmater une fuite radioactive par tous les moyens, même les plus dérisoires.

Selon un conseiller du Premier ministre Naoto Kan, plusieurs mois pourraient être nécessaires pour y parvenir et peut-être encore davantage pour reprendre le contrôle du site.

Après avoir sollicité l'aide de la France et des Etats-Unis, Tokyo s'est donc résolu à demander à Moscou de dépêcher la plate-forme "Sourouzane", l'une des usines de retraitement de déchets radioactifs liquides les plus importantes au monde.

Actuellement en service près de Vladivostok, elle permet de solidifier 35 m3 de liquide contaminé par jour.

L'exploitant de Fukushima a par ailleurs l'intention de déployer un vaste filet dans l'océan pour empêcher la vase contaminée de dériver vers le large, mais cette manoeuvre pourrait prendre plusieurs jours.

SELS DE BAIN

A Vienne, Koichiro Nakamura, directeur général adjoint de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa), a annoncé que les autorités japonaises devraient au total rejeter dans l'océan 11.500 tonnes d'eau contaminée.

"Nous sommes vraiment désolé pour cette région et pour ceux qui sont concernés", a assuré un représentant de Tepco en larmes.

L'eau qui va être déversée dans la mer est environ 100 fois plus radioactive que les seuils autorisés, a précisé Tepco.

Il n'y a pas d'autre alternative, a fait savoir le gouvernement, expliquant que Tepco n'avait plus de place pour stocker une eau encore plus radioactive ayant servi à refroidir les réacteurs.

Koichi Nakamura n'a en outre pas exclu que les autorités étendent à terme la "zone interdite" de 20 km autour de la centrale. "Pour l'instant, nous ne le ferons pas. Mais cela ne veut pas dire que cela ne changera pas."

Au cours du week-end, les ingénieurs ont injecté un mélange de sciure, de journaux, de polymères et de ciment dans la fissure découverte dans un puits de béton du réacteur n°2.

Mais ils ne parviennent toujours à localiser l'origine exacte de la fuite radioactive. Ils ont recouru lundi à des produits chimiques comme des sels de bain, qui produisent une couleur laiteuse, afin de détecter la brèche.

"Nous espérions que les polymères fonctionneraient comme des absorbants, mais ils n'ont encore produit aucun effet visible", a déploré Hidehiko Nishiyama, lui aussi directeur général adjoint de la Nisa.

Trois des six réacteurs de la centrale dont le combustible menaçait d'entrer en fusion sont désormais dans un état stable, a-t-il toutefois ajouté.

Selon Tepco, au moins quatre des six tranches de la centrale seraient mises hors service une fois le problème réglé, ce qui pourrait prendre des années, voire des décennies.

Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser