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Vers un rélèvement des objectifs européens de réduction du co2 ?

La France est favorable à une accélération de la réflexion européenne sur un relèvement de l'objectif de réduction des émissions de CO2. Cette position, relayée par plusieurs ministres européens de l'Environnement, intervient après que la grande majorité

La France est favorable à une accélération de la réflexion européenne sur un relèvement de l'objectif de réduction des émissions de CO2. Cette position, relayée par plusieurs ministres européens de l'Environnement, intervient après que la grande majorité - -

par Julien Toyer

LUXEMBOURG (Reuters) - La France est favorable à une accélération de la réflexion européenne sur un relèvement de l'objectif de réduction des émissions de CO2, indique le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

Cette déclaration, relayée par plusieurs ministres européens de l'Environnement, intervient après que la grande majorité des Vingt-Sept eut catégoriquement exclu pendant plusieurs mois de s'engager dans cette voie.

"La France souhaite que soit accélérée l'étude plus détaillée des options envisageables pour une trajectoire allant le plus rapidement à 30%", a dit Jean-Louis Borloo à ses homologues, selon le texte de son intervention.

Le ministre français a notamment fait valoir que le risque de "fuites de carbone" (une délocalisation de l'industrie européenne vers des pays aux règles moins strictes) était moins élevé qu'estimé dans un premier temps.

Il a également indiqué que l'adaptation de l'économie française à la nouvelle donne environnementale avait été beaucoup plus rapide que prévu. "Nos prévisions nous assurent que la France dépassera le seuil de 30% d'ici 2020", dit-il.

Cette position rejoint les résultats du rapport remis fin mai par la commissaire au Changement climatique Connie Hedegaard, même s'il en fait une interprétation politique totalement différente.

Dans ce rapport, la Commission jugeait que, deux ans après le début de la crise, le risque de perte de compétitivité de l'industrie européenne s'était nettement réduit et que le coût total d'un passage à 30%, qui a fortement chuté, serait compensé par les gains d'emplois induits.

A l'époque, cependant, sous la pression des commissaires allemand, polonais ou italien, l'exécutif communautaire avait indiqué que les conditions n'étaient pas remplies pour un relèvement unilatéral à 30% de l'objectif de l'UE de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020.

LARGE SOUTIEN

La présidence espagnole de l'Union européenne mais aussi la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'ensemble des pays nordiques ont défendu vendredi des positions proches de celle de Paris.

Certains, comme la Suède, se sont dits disposés à relever l'objectif de 20 à 30% unilatéralement sur une base nationale.

Les Vingt-sept se sont engagés dans la capitale danoise à réduire de 20% d'ici 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre et se sont dit disposés à passer à 30% en cas d'engagements comparables des grandes économies mondiales.

Mais l'expérience mitigée de Copenhague, le manque d'empressement des autres grandes puissances mondiales à s'engager à réduire leurs émissions de manière comparable et la crise économique avaient jusque là dissuadé les Européens de continuer sur cette voie.

La veille de la remise du rapport de la Commission, faisant écho à une position partagée par une majorité d'Etats membres, la France et l'Allemagne avaient même pris le soin de rappeler haut et fort qu'elles ne souhaitaient pas aller au-delà des engagements de Copenhague.

"L'offre conditionnelle demeure mais nous ne connaissons pas les offres des autres pays (...) Il est nécessaire de préserver la compétitivité et l'emploi au sein de l'UE et nos entreprises ont besoin d'un cadre clair pour réaliser leurs investissements de long terme", avait dit le ministre français de l'Industrie Christian Estrosi, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle.

A Luxembourg, la ministre italienne de l'Environnement Stefania Prestigiacomo s'est d'ailleurs dite surprise des positions adoptées par ses homologues des Vingt-Sept qui, a-t-elle dit, ne sont pas représentatives de celles des gouvernements nationaux et "appartiennent au monde des rêves".

Connie Hedegaard lui a répondu que serait mal comprendre les choses que de penser que les ministres de l'Environnement s'exprimaient "en l'air". "Bien sûr qu'ils représentent leurs gouvernements et ce qu'ils disent reflète la position de leurs gouvernements", a-t-elle dit.

Julien Toyer, édité par Wilfrid Exbrayat