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Une Youtubeuse combat les arnaques des agences matrimoniales ukrainiennes

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- - YouTube - Olia Reznikova

Olia Reznikova, 26 ans, raconte sur YouTube en anglais son pays, sa culture et ses coutumes. En vidéo, elle parle aussi aux étrangers de la guerre, de la crise économique et … des agences de mariage frauduleuses.

Entre deux rendez-vous avec des Occidentaux en visite à Kiev, Olia Reznikova s’installe dans un salon de thé douillet du centre de la capitale ukrainienne. La jeune femme raconte les histoires de ces hommes venus chercher une femme "à marier". 

Pétris de clichés sur la gente féminine ukrainienne, ils ont passé beaucoup de temps sur les "catalogues de femmes" en ligne et versé plusieurs milliers d’euros à des agences matrimoniales véreuses avant de réaliser qu’ils ont été piégés. La jeune femme de 26 ans leur dispense conseils et assistance contre rémunération: 50 dollars pour le premier rendez-vous puis 200 dollars par mois.

Leurs histoires sont souvent tristes, mais Olia s’en amuse. Elle a parfois du mal à comprendre leur crédulité. "Comment ne peuvent-ils pas voir que ce sont des arnaques? C’est tellement évident!", lance-t-elle en sirotant une infusion à la cannelle.

Une chaîne pour les étrangers

Sur YouTube, Olia fait des vidéos. A 26 ans, elle a cumulé plus de 2,5 millions de vues sur sa chaîne et 17.000 abonnés. Les vidéos les plus populaires parlent des femmes de son pays, objets de fantasmes et de nombreux stéréotypes erronés. La vidéo "Les différences entre les femmes ukrainiennes et russes" a notamment eu beaucoup de succès avec près de 280.000 vues. Elle a donc décidé de créer une deuxième chaîne spécialisée: Reznikova relationship.

Elle a choisi de s’emparer du sujet plus d’un an après le lancement de sa chaîne, le 30 mai 2015. Jusque là, Olia faisait des cours de langue ukrainienne et recevait énormément de messages d’hommes souhaitant se renseigner sur les agences matrimoniales. Elle a alors commencé ses recherches et a postulé dans une agence pour leur fournir le maximum d’informations. Près de 40% de ses spectateurs vivent aux Etats-Unis, 10% au Royaume-Uni, puis au Canada, en Ukraine, en Australie et en Europe de l’Ouest.

"Si vous pensez que ces filles cherchent un mari pour avoir une meilleure vie à l’étranger, vous êtes très naïfs ! Pour elle, les agences de mariage sont juste un travail. (…) Quand j’ai postulé dans une agence, on m’a expliqué qu’il fallait discuter en ligne avec 15 ou 20 hommes en même temps. Pour ce travail, je devais recevoir un salaire et un pourcentage de l’argent que l’agence fait payer au client pour chaque minute de chat. Plus je parlais avec le client, plus je gagnais d’argent."

Une femme optimiste

Face caméra, elle parle un anglais presque parfait teinté d’un léger accent. Dans le large fauteuil du salon de thé kiévien, elle parle avec le même aplomb, la même assurance et le même sourire. Dans un pays miné par le conflit à l’Est et la situation économique délétère, Olia est obstinément optimiste. "C’est un beau pays, je veux rester ici pour construire ma vie, je veux montrer la réalité de cet endroit. Je suis optimiste parce que les Ukrainiens ont déjà surmonté tellement d’épreuves par le passé." 

Originaire de la ville de Khmelnitsky, située à 350 kilomètres à l’ouest de Kiev, elle s’est installée dans la capitale avec son mari et sa fille il y a quatre mois. Depuis toujours attirée par les caméras et la télévision, elle a profité de sa grossesse pour quitter son travail dans le marketing et se lancer sur YouTube. Depuis, sa vie a complètement changé. Elle ne gagne pas sa vie avec l’argent généré par son compte YouTube, mais par les services qu’elle a développé autour: elle intervient pour conseiller des étrangers déçus après une première expérience dans les agences matrimoniales. Elle se lance aussi dans le conseil aux investisseurs immobilier étrangers.

Auparavant enfermée dans un bureau toute la journée, elle passe aujourd’hui beaucoup de temps en rendez-vous avec ses abonnés YouTube venus en Ukraine et ses clients. Son mari a lui aussi quitté son travail à Khmelnitsky pour s’installer à Kiev et travailler avec sa compagne.

>> "Carnets d'Ukraine" est le projet des étudiants en journalisme du Celsa. Ils passent dix jours en Ukraine, trois ans après la chute de l'ancien président Viktor Ianoukovitch et alors que les tensions à l'est du pays s'intensifient. 

Liselotte Mas