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Une publicité pour que des étudiantes "sortent" avec un "sugardaddy" choque en Belgique

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Valéry Hache-AFP

Plusieurs plaintes ont été déposées. Un panneau publicitaire, appelant les étudiantes belges à sortir avec un 'sugardaddy', est accusé de faire la promotion de la prostitution.

Un site de rencontres promettant aux étudiantes d'"améliorer" leur niveau de vie en rencontrant des hommes "riches" a suscité une vague de critiques en Belgique. Ces panneaux publicitaires ont été repérés lundi matin aux abords du campus de l'Université libre de Bruxelles (ULB), au moment où la rentrée universitaire battait son plein.

"Améliorez votre style de vie, sortez avec un 'sugardaddy'"

Le site de rencontres, lancé il y a quelques semaines en Belgique, a démarré une campagne vendredi dans Bruxelles avec deux camions surmontés d'énormes panneaux apostrophant leur cible par un "Hey les étudiantes !" "Améliorez votre style de vie, sortez avec un 'sugardaddy'", poursuit l'annonce, illustrée d'une poitrine féminine à peine cachée par un soutien-gorge.

Des panneaux qui ont vivement fait réagir sur les réseaux sociaux. "À vomir" pour certains, "quelle horreur" s'insurgent d'autres, "choquant" ou encore "scandaleux" s'indignent encore des internautes.

Le site a pour objectif de mettre en relation des "sugardaddies" (littéralement "papas gâteaux", des hommes âgés et riches) avec des "sugarbabies", dont la principale caractéristique est d'être jeunes, jolies et de préférence étudiantes.

"L'exploitation de jeunes filles vulnérables"

La Fédération Wallonie-Bruxelles, dont dépend l'enseignement supérieur dans la capitale belge, a annoncé qu'elle déposerait plainte pour incitation à la débauche et la prostitution. L'ULB a également déposé plainte auprès du Jury d'éthique publicitaire de Belgique, un organe d'autodiscipline du secteur dont les avis négatifs sont généralement suivis par les annonceurs. Plusieurs autres plaintes sont à l'étude, a précisé à l'AFP Sandrine Sepul, directrice de ce jury, qui statuera le 3 octobre prochain.

La secrétaire d'État bruxelloise à l'Égalité des chances, Bianca Debaets, va elle aussi déposer plainte. "La société derrière cette campagne agressive et ignoble est sans le moindre doute engagée dans le domaine de la prostitution de jeunes étudiantes", a-t-elle estimé.

"Pour moi, il s'agit de l'exploitation de jeunes filles vulnérables, qui se trouvent parfois dans des situations économiques difficiles et qui sont attirées par la promesse de beaux cadeaux onéreux et de rétribution financière si elles sont disposées à se lier à des hommes d'affaires plus âgés."

"Elles ont besoin d'une bourse, pas d'un 'sugardaddy'"

Selon le PDG du site, le Norvégien Sigurd Vedal, dix autres camions doivent sillonner le pays dans les semaines à venir, "surtout à proximité des établissements universitaires". "C'est un malentendu classique", a rétorqué Sigurd Vedal, qui a également prévu une campagne publicitaire à la télévision, à la radio et sur internet. "Nos 'sugarbabies' doivent avoir au moins 18 ans et la prostitution n'est pas autorisée", a-t-il assuré à l'AFP. "Nous sommes comme un site de rencontres classique, sauf que l'aspect financier fait partie des critères". Sur 150.000 jeunes filles déjà inscrites dans les pays scandinaves et au Benelux, 21.000 environ sont belges, selon le site, qui a fait de la Belgique l'une de ses priorités commerciales.

Un syndicat étudiant, l'Union des étudiants de la Communauté française (Unecof), a pour sa part dénoncé une campagne "complètement immorale". "De plus en plus d'étudiants ont des difficultés sociales ou économiques. On sait que le phénomène de la prostitution étudiante gagne du terrain, et voilà une entreprise qui exploite la détresse de ces jeunes femmes pour faire des profits", a dénoncé sa présidente, Opaline Meunier, à l'AFP.

"Si ce n'est pas de l'incitation à la prostitution, c'est au moins comparable à l'utilisation des services d'une escort girl. Or, ces étudiantes-là, qui ont du mal à payer leurs études, ont besoin d'une bourse, pas d'un 'sugardaddy'."

C.H.A. avec AFP