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Guerre en Ukraine: sans l'aide américaine, Zelensky assure qu'il devra "reculer" devant la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive pour assister au sommet de la Communauté politique européenne au palais des congrès de Grenade, dans le sud de l'Espagne, le 5 octobre 2023.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive pour assister au sommet de la Communauté politique européenne au palais des congrès de Grenade, dans le sud de l'Espagne, le 5 octobre 2023. - THOMAS COEX / AFP

Pour repousser les forces russes, l'Ukraine a besoin de "plus d'armes", selon le président ukrainien.

"Nous avons perdu six mois". Alors qu'un vaste programme d'aide militaire à l'Ukraine d'un montant de 60 milliards de dollars est bloqué au Congrès américain depuis plusieurs mois, le président ukrainien a assuré ce vendredi 29 mars que sans ce soutien son pays devra "reculer" devant la Russie.

"S'il n'y a pas de soutien américain, cela signifie que nous n'avons pas de défense aérienne, pas de missiles Patriot, pas de brouilleurs pour la guerre électronique, pas d'obus d'artillerie de 155mm. Cela signifie que nous allons reculer, étape par étape, par petits pas", a alerté Volodymyr Zelensky dans un entretien accordé au Washington Post.

Le président ukrainien a notamment demandé des missiles de longue portée afin de pouvoir frapper des cibles en Crimée, un territoire occupé par la Russie et depuis lequel elle envoie en Ukraine des avions chargés de missiles.

Le blocage de cette aide a fait "perdre six mois" à l'Ukraine, selon le président. "Nous ne pouvons plus perdre de temps. L’Ukraine ne peut pas être un problème politique entre les partis", a-t-il estimé, assurant que "si l’Ukraine tombe, Poutine divisera le monde".

"Si vous ne le faites pas, la Russie le fera"

En attendant le vote de cette aide militaire américaine, les soldats ukrainiens sont contraints "de rester là où ils sont actuellement, à l'Est" et essayent de trouver "un moyen de ne pas reculer". Malgré les bombardements russes, l'Ukraine est parvenue à "stabiliser la situation" et, si elle le reste, elle pourrait tenter de mener une nouvelle contre-offensive plus tard dans l'année. Mais pour repousser les forces russes, elle a besoin de "plus d'armes".

"Si vous ne prenez pas de mesures pour préparer une autre contre-offensive, la Russie les prendra. C’est ce que nous avons appris dans cette guerre: si vous ne le faites pas, la Russie le fera", a assuré Volodymyr Zelensky.

Comme riposte aux bombardements russes et avec l'espoir d'établir une dissuasion, l'Ukraine a frappé plusieurs sites énergétiques russes ces dernières semaines. La réaction américaine à ces actions "n'a pas été positive", a reconnu le président ukrainien.

Mais il s'en est aussi défendu: "nous avons utilisé nos drones. Personne ne peut nous dire qu'on ne pouvait pas. (...) S’il n’existe pas de défense aérienne pour protéger notre système énergétique et que les Russes l’attaquent, ma question est la suivante: pourquoi ne pouvons-nous pas y répondre? Leur société doit apprendre à vivre sans essence, sans diesel, sans électricité… C'est équitable".

"Poutine est rusé, mais il n’est pas intelligent"

Volodymyr Zelensky estime que Joe Biden est "prudent" dans la fourniture d'armes car "il se méfie d'une attaque nucléaire russe". Mais pour le président ukrainien, Vladimir Poutine ne prendrait pas le risque d'un conflit nucléaire, même s'il reconnaît qu'il est "fou" et que "personne au monde ne peut vous dire à 100% ce qu’il fera".

"Poutine est rusé, mais il n’est pas intelligent. Quand on se bat avec une personne intelligente, c’est un combat avec des règles. Mais quand on se bat avec une personne rusée, c’est toujours dangereux", a-t-il ajouté.

Volodymyr Zelensky estime d'ailleurs que Vladimir Poutine aurait dû être "arrêté" dès qu'il s'est emparé de la Crimée en 2014. "L’Europe voulait avoir la sécurité à la frontière et un commerce important avec la Russie. Cela a ouvert la voie à une guerre avec l’Ukraine. (...) Il a capturé la Crimée et il n’y a eu aucune réaction. Personne ne l'a repoussé. Personne ne l’a arrêté", a-t-il déploré, assurant qu'il aurait autorisé l'envoi de troupes américaines en février 2022 pour dissuader l'invasion russe dans son pays.

Emilie Roussey