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Guerre en Ukraine: des civils se cachent avec leurs enfants par peur d'être évacués de force

Le mot "enfants" écrit sur la porte métallique d'une cour où se trouvent des enfants, le 7 avril 2022 dans un village près d'Ivankiv, dans la région de Kiev, en Ukraine (Photo d'illustration)

Le mot "enfants" écrit sur la porte métallique d'une cour où se trouvent des enfants, le 7 avril 2022 dans un village près d'Ivankiv, dans la région de Kiev, en Ukraine (Photo d'illustration) - Sergei SUPINSKY © 2019 AFP

Des volontaires ukrainiens interrogés par le journal britannique "The Guardian" racontent découvrir des familles cachées dans des sous-sols dans la région de Bakhmout. La plupart craignent de ne pas savoir où aller une fois évacués.

Des volontaires ukrainiens déployés près des lignes de front de la guerre avec la Russie affirment que certains parents cachent leurs propres enfants dans des sous-sols pour éviter qu'ils ne soient emmenés, rapporte The Guardian.

Début mars, le gouvernement ukrainien a autorisé les autorités locales de la ville de Bakhmout, ou les combats se poursuivent avec les soldats russes, à évacuer de force les enfants. Une mesure limitée géographiquement alors que la ligne de front entre les forces de Kiev et Moscou s'étend sur près de 1000 kilomètres.

Ignatius Ivlev-Yorke, un volontaire ukrainien participant à l'évacuation de civils dans la région de Donbass depuis bientôt un an et interrogé par le Guardian, attribue ce phénomène à de multiples facteurs dont notamment la peur, la pauvreté et l'état psychologique de nombreuses familles, sous les bombes depuis maintenant plus d'un an.

Sur Twitter, le volontaire raconte être intervenu cette semaine pour faire évacuer une fille âgée de 5 ans, cachée par sa mère depuis trois mois: "la maman refusait d'être évacuée autrement que dans un véhicule blindé".

"Ils ont l'impression d'avoir été négligés" par l'État ukrainien

Lors d'un déplacement à Soledar, une ville située au nord-est de Bakhmout dont les forces ukrainiennes se sont retirées en janvier dernier, Ignatius Ivlev-Yorke raconte être parvenu à faire évacuer une femme et son enfant d'un sous-sol. Au cours de cette opération, la mère a été insultée par les autres occupants qui ont mis le feu à ses biens.

Parmi les multiples témoignages de volontaires recueillis par le Guardian, beaucoup expliquent que les personnes réticentes à partir sont souvent très pauvres et ont peu confiance, notamment en l'État ukrainien. Selon les autorités, environ 4000 civils se trouvent toujours à Bakhmout, sans que l'on sache combien d'enfants se trouvent parmi eux.

De multiples raisons sont invoqués par les civils pour ne pas quitter les lieux: un parent âgé qui ne peut pas marcher, un chien dont ils ne voulaient pas être séparés, craindre de ne pas être en mesure de trouver un logement ailleurs...

"Ils ont l'impression d'avoir été négligés (par l'État, NDLR)", a déclaré Ignatius Ivlev-Yorke au média britannique. Le volontaire assure néanmoins que le gouvernement ukrainien offre aux évacués environ 45 euros par mois et des auberges de jeunesse où héberger.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV