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Ukraine

Guerre en Ukraine: de nouvelles preuves accablent une unité russe pour le massacre de Boutcha

Vue d'une rue de Boutcha, le 2 avril 2022.

Vue d'une rue de Boutcha, le 2 avril 2022. - RONALDO SCHEMIDT

Le New York Times a identifié les parachutistes russes du 234e régiment d’assaut aérien comme les principaux responsables de la tuerie de la rue Yablunska, dans cette ville martyre du conflit en Ukraine.

En avril dernier, le monde découvrait Boutcha, et avec elle, le massacre dont ses habitants ont été victimes. À la libération de cette ville occupée par les Russes entre le 27 février et le 31 mars, des images de corps de civils éparpillés dans les rues ont fait le tour de la planète.

Boutcha devient un symbole de l'invasion russe en Ukraine, indignant l'opinion mondial. Pourtant, de son côté, Moscou a une réaction opposée: elle nie. Elle accuse même Kiev d'une "mise en scène".

Durant l'occupation, plusieurs unités russes étaient présentes à Boutcha. Si les parachutistes russes du 234e régiment d’assaut aérien avaient déjà été identifiés comme des principaux bourreaux de Boutcha, une enquête longue de huit mois du New York Times apporte des preuves supplémentaires accablantes.

"Route de la mort"

Alors que les regards se détournaient de Boutcha pour se tourner vers d'autres villes martyres et d'autres fronts, les journalistes du New York Times sont restés, interrogeant les habitants, recueillant des images de vidéosurveillance et récupérant divers documents.

Si plus de 400 personnes ont été tués dans la ville, les journalistes se sont concentrés sur les victimes de la rue Yablunska, dont 36 ont été identifiées. Cette rue de banlieue tranquille s'est transformée en ce que les habitants appellent désormais la "route de la mort".

L'enquête cite par exemple le cas Tamila Mishchenko, 52 ans, et sa fille de 14 ans, Anna, tuées le 5 mars. Elles faisaient partie d'un groupe de femmes qui fuyaient la ville lorsque les soldats russes ont tiré sur leur véhicule.

"Les soldats ont interrogé et exécuté des hommes non armés en âge de combattre, et tué des personnes qui croisaient par hasard leur chemin - qu'il s'agisse d'enfants fuyant avec leur famille, d'habitants espérant trouver une épicerie ou de personnes essayant simplement de rentrer chez elles à vélo", résume le New York Times.

Une opération de "nettoyage" systématique

"Ces meurtres s'inscrivaient dans le cadre d'une action délibérée et systématique visant à sécuriser impitoyablement une route vers Kiev", conclut l'enquête. Située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale, Boutcha a été victime d'une opération de "nettoyage" systématique.

Presque toutes les victimes identifiées dans la rue Yablunska étaient des civils ou des prisonniers de guerre ukrainiens. Des hommes soupçonnés de liens avec l'armée ukrainienne ont également été raflés et exécutés. La cause principale des décès était des blessures par balle.

Selon le New York Times, le caractère systématique de ces meurtres pourrait constituer, au-delà du crime de guerre, un crime contre l'humanité.

Conversations téléphoniques, équipements...

L'implication des parachutistes russes du 234e régiment a été prouvée à travers l'analyse - en vidéo et en physique - d'équipements militaires, d'insignes d'uniforme, de conversations radio ou de bordereaux d'emballage sur des caisses de munitions. Ce type d'unités est considéré comme faisant partie des mieux entraînées et équipées de l'armée russe.

Autre preuve: ces soldats russes utilisaient régulièrement les téléphones des victimes pour appeler chez eux en Russie, souvent quelques heures seulement après leur mort. Des échanges récupérés par le New York Times, qui a également pu parler à certains des soldats eux-mêmes. Deux ont confirmé qu'ils faisaient partie du "234e" et avaient servi à Boutcha.

Les journalistes ont également identifié le lieutenant-colonel Artyom Gorodilov comme ayant supervisé les opérations de cette unité à Boutcha. Peu après le retrait des troupes russes de la région, il a été promu colonel en avril. La cérémonie a eu lieu quelques jours après la diffusion des images du massacre de Boutcha.

Salomé Robles