Ukraine: une région veut se passer de chansons, films et livres en russe
Une région ukrainienne s'est attirée jeudi les critiques de ses soutiens occidentaux après avoir voté en faveur d'une interdiction des produits culturels en langue russe, sans expliquer comment elle comptait la faire appliquer.
"Occupation" par la Russie
Le parlement régional de Lviv, dans l'Ouest ukrainien, a adopté mardi un moratoire sur l'utilisation publique de tout produit culturel en langue russe jusqu'à la fin de "l'occupation" par la Russie de l'Ukraine, en référence à l'annexion de la Crimée et aux régions de l'Est sous contrôle de séparatistes prorusses.
La population de la région de Lviv, à la frontière de la Pologne, emploie en grande majorité l'ukrainien dans sa vie quotidienne, contrairement à d'autres régions où l'usage du russe est répandu.
Cette décision, qui ne constitue qu'une recommandation et ne comporte aucun calendrier, vise à "protéger le champ de l'information ukrainien des influences hybrides du pays agresseur et surmonter les conséquences d'une longue russification linguistique", selon le texte publié sur le site de l'assemblée locale.
Critiques internationales
La formulation de ce texte "reflète une étroitesse d'esprit, est discriminatoire et tout simplement stupide", a critiqué l'ambassadeur du Canada à Kiev Roman Waschuk sur Twitter.
"Allons, Lviv, vous valez mieux que cela", a répondu l'ambassadrice britannique Judith Gough.
Sans surprise, Moscou a vivement critiqué cette mesure, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova évoquant une "initiative anticonstitutionnelle" et appelant les organisations internationales à réagir.
Tensions entre Kiev et Moscou
Selon des élus locaux du parti nationaliste Svoboda interrogés sous couvert d'anonymat, la décision vise à empêcher les restaurants et transports de diffuser des chansons en russe, et à s'opposer à la diffusion de films en russe ou la lecture publique de livres.
Dans un contexte de vives tensions entre Kiev et Moscou ces dernières années, l'Ukraine a déjà au niveau national interdit les films considérés comme glorifiant l'armée russe et bloqué l'entrée de son territoire à des artistes s'étant rendus en Crimée directement depuis la Russie.